Antonio Gutteres et Emmanuel Macron se sont exprimés, ce lundi 7 novembre, à la tribune de la conférence mondiale de l’ONU sur le climat qui s’est ouverte hier à Charm el-Cheikh, en Égypte.
Deux discours, deux ambiances. D'un côté, la terrible sentence du secrétaire général de l'ONU Antonio Gutteres, à l'occasion de son introduction ce 7 novembre de la COP 27 qui se tient à Charm El-Cheikh en Égypte depuis dimanche et jusqu’au 18 novembre : « L’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif ». « Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur », a‑t-il ajouté afin d'exorter, une nouvelle fois, les Etats à agir. De l'autre, le discours positif et de bon aloi d'Emmanuel Macron, qui a réaffirmé l’importance de la lutte contre le changement climatique, ce lundi 7 novembre, lors d’un discours à la tribune de la COP 27, qui se tient à Charm El-Cheikh en Égypte depuis dimanche et jusqu’au 18 novembre. Il avait trois minutes de temps de parole, il en a tenu dix-sept. Un discours pendant lequel le président français a plaidé pour que le climat reste une priorité dans l’agenda des dirigeant·es internationaux·nales. « Nous voyons nombre de nos États frappés par les conséquences du dérèglement climatique, a‑t-il lancé à la tribune. Nous n’avons au fond qu’une obligation : celle de continuer d’agir. »
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Le président a évoqué les conséquences de la guerre en Ukraine. « Tout ce qui a été dit à la Cop26 de Glasgow reste valable. Même si notre monde n’est plus le même, le climat ne saurait être la variable d’ajustement de la guerre lancée par la Russie sur le sol ukrainien. Nous ne sacrifierons pas nos engagements climatiques sous la menace énergétique de la Russie », a‑t-il déclaré.
Sortir nos pays du charbon, une nécessité
Emmanuel Macron a également mis l'accent sur une sortie mondiale du charbon en insistant sur la nécessité de « sortir nos pays du charbon et d'aider les pays émergents à en sortir eux aussi ». Pour ce faire, « la France investira un milliard d’euros pour aider cette action » en Afrique du Sud, a annoncé le président, évoquant également des collaborations avec l’Indonésie, l’Inde et le Sénégal.
La bataille pour le climat est une « bataille pour la biodiversité », a‑t-il insisté, estimant à la tribune que « climat et biodiversité sont deux faces d’une même médaille ». Pour mieux protéger les écosystèmes, Macron propose ainsi la mise en place de « statuts particuliers » et de « contrats pays par pays » avec les États qui abritent ces espaces de biodiversité.
« Si ces écosystèmes sont détruits, de vastes réserves de carbone seront libérées », a‑t-il prévenu, estimant que ces pays possédant ces réserves de biodiversité, comme les tourbières ou les mangroves, devaient être aidés financièrement. Le Gabon, les Philippines et la Colombie ont adhéré ce matin à ce type de contrat, a‑t-il déclaré. « La France soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins », a également lancé Emmanuel Macron, qui promet de défendre cette position lors des grands rendez-vous internationaux. De quoi annoncer un bras de fer entre l'Etat français et TotalEnergies, qui espère exploiter deux gisements gaziers situés en mer au large de l'Afrique du sud ? Si c'est le cas, il s'agirait là d'un revirement notable : l'année dernière, le chef de l'Etat annonçait des explorations scientifiques de ces mêmes fonds marins, laissant craindre aux défenseur.euses du climat une potentielle exploitation future.
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Aller au bout de la solidarité financière
Le président a aussi réaffirmé son souhait que les pays les plus riches aident les plus pauvres à faire face au changement climatique. Il a ainsi évoqué le sujet des « pertes et préjudices », c’est-à-dire les dommages causés par le changement climatique, dont les conséquences sont plus lourdes pour les pays les plus pauvres. « Une confiance est en train de s’effriter entre le Sud et le Nord », a déploré le chef de l’État ajoutant que « nous devons aller au bout de la solidarité financière » et « débourser plus vite » l’argent prévu pour aider les pays les plus pauvres dans leur lutte contre le changement climatique. Les premières propositions en ce sens sont attendues au printemps prochain.
Avant de prendre la parole à la tribune de la Conférence sur le climat, Emmanuel Macron s’était d’ailleurs entretenu ce lundi matin avec des jeunes militant·es français et du continent africain avec qui il avait déjà évoqué ce sujet. « Il faut mettre la pression sur les pays riches non-européens, leur dire : "Vous devez payer votre part" », avait déclaré Emmanuel Macron lors de cet échange. « Il faut qu’on ait les États-Unis et la Chine qui soient vraiment au rendez-vous », car selon lui, les pays européens sont aujourd'hui « les seuls à payer ».
La Chine et les États-Unis, deux grands pollueurs mondiaux, ne s’exprimeront pas ce lundi 7 novembre. Le président chinois Xi Jinping ne viendra pas en Égypte, tandis que son homologue américain Joe Biden, retenu par les élections de mi-mandat, a annoncé une visite express à la COP 27, le 11 novembre prochain.