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Volodymyr Zelensky, le 23 mars 2022, en visio-conférence à l'Assemblée nationale © Capture d'écran de la vidéo de l'Assemblée

Zelensky : « Renault, Auchan et Leroy Merlin doivent ces­ser d'être les spon­sors de la machine de guerre de la Russie »

Ce 23 mars, le pré­sident ukrai­nien Volodymyr Zelensky s'est adres­sé au par­le­ment pour exhor­ter la France à pour­suivre ses sou­tiens mili­taires et huma­ni­taires, tout en exi­geant des entre­prises fran­çaises encore pré­sentes sur le sol russe qu'elles sus­pendent leurs acti­vi­tés dans le pays envahisseur.

Cela fera un mois demain que la Russie livre une guerre achar­née à l'Ukraine. Dans un dis­cours solen­nel retrans­mis en visio-​conférence, Volodymyr Zelensky s'est adres­sé aux représentant·es de la nation fran­çaise, député·es et sénateur·rices réuni·es, ce mer­cre­di 23 mars, dans deux hémi­cycles pleins à cra­quer. Après les États-​Unis, l'Union euro­péenne, l'Italie, Israël, la Grande-​Bretagne et avant la Suède demain, le pré­sident ukrai­nien, qu'on voit excel­ler dans sa com­mu­ni­ca­tion depuis le début du conflit, s'est, une nou­velle fois, prê­té à l'exercice diplo­ma­tique d'une adresse droit dans les yeux à un pays dont il exige l'attention sur les mil­liers de morts pro­vo­quées par le conflit.

Après avoir rap­pe­lé que c'était « la pre­mière fois de notre his­toire par­le­men­taire » que le pré­sident d'un pays en guerre est accueilli pour un dis­cours, le pré­sident du Sénat Gérard Larcher (LR) a loué le cou­rage des « Ukrainiens civils et mili­taires qui résistent jusqu'à l'héroïsme » à l'invasion russe. De son côté, le pré­sident de l'Assemblée natio­nale Richard Ferrand (LREM) a assu­ré à Volodymyr Zelensky que la France conti­nue­ra « de mettre tout en œuvre pour vous por­ter assis­tance », qu'il s'agisse de four­ni­tures mili­taires ou humanitaires.

« Je vou­drais poser une ques­tion : com­ment arrê­ter cette guerre, com­ment ins­tau­rer la paix en Ukraine ? » a à son tour deman­dé Volodymyr Zelensky. Pour celui qui avait choi­si la France comme pre­mier dépla­ce­ment à l'étranger après son élec­tion en 2019, cela passe notam­ment par l'obligation pour les entre­prises fran­çaises qui pour­suivent leurs acti­vi­tés en Russie à « quit­ter le mar­ché russe ». « Renault, Auchan, Leroy Merlin et les autres doivent ces­ser d’être le spon­sor de la machine de guerre de la Russie, arrê­ter de finan­cer les meurtres d’enfants et de femmes, les viols », a‑t-​il lan­cé, car « tout le monde doit se rap­pe­ler que les valeurs valent plus que les béné­fices ». Face à « l'armée russe qui ne dis­tingue pas les objets qu'elle cible et détruise tout, les écoles, les hôpi­taux, les quar­tiers rési­den­tiels, les stocks de médi­ca­ments », il n'est plus admis­sible aux yeux de Volodymyr Zelensky que certain·es « se cachent la tête dans le sable et cherchent à trou­ver de l'argent en Russie ».

L'image de Verdun

Après avoir deman­dé une minute de silence en hom­mage aux Ukrainien·nes tué·es dans le conflit, le pré­sident ukrai­nien a com­pa­ré les des­truc­tions en Ukraine « aux ruines de Verdun ». Car, a sou­li­gné Zelensky, cette force aveugle qui s'abat sur le pays rap­pelle les heures les plus sombres de la Première Guerre mon­diale. « Le 9 mars, les bombes russes ont été lan­cées sur l’hôpital pour enfants de Marioupol, a‑t-​il rap­pe­lé. Il y avait des femmes qui se pré­pa­raient à accou­cher et la plu­part d’entre elles ont sur­vé­cu, mais cer­taines ont été gra­ve­ment bles­sées et le bébé de l'une d'elle est mort avant la nais­sance. Cette femme a été soi­gnée mais a deman­dé aux méde­cins de la lais­ser mou­rir, de ne pas l’aider. Elle ne voyait pas de rai­sons pour vivre, elle en est morte. »

Dans la der­nière par­tie de son dis­cours, Zelensky a salué le « lea­der­ship » d'Emmanuel Macron dans ses efforts pour réta­blir la paix en Ukraine, tout en rap­pe­lant la contri­bu­tion de la France et de l'Allemagne au pro­to­cole Normandie. Cette série de négo­cia­tions avec la Russie pour résoudre le conflit au Donbass avait per­mis la libé­ra­tion de pri­son­niers de guerre, per­çue comme « une bouf­fée d'espoir » et un « signe que la Russie pou­vait choi­sir la paix ». « Mais le 24 février est adve­nu, a‑t-​il pour­sui­vi. C'est le jour qui a effa­cé tous les efforts de négo­cia­tions et même le concept de rela­tions euro­péennes avec la Russie. » Il est donc urgent pour Zelensky que la France contri­bue à « la res­tau­ra­tion de l'intégrité ter­ri­to­riale de l'Ukraine » alors que, depuis bien­tôt un mois, les Ukrainien·nes « se battent pour leurs vies et leurs libertés ».

En conclu­sion, le pré­sident ukrai­nien a plai­dé pour un monde dans lequel les gens meurent non plus sous les bombes mais dans « la digni­té », que l'on dise au revoir aux per­sonnes qui partent « de la même façon que la France a dit au revoir à Belmondo » en sep­tembre. Cette réfé­rence inat­ten­due mar­quant l'attachement d'un homme à une France magni­fiée et éter­nelle et a été sui­vie d'une ova­tion de l'assistance.

Lire aus­si l Alyona Shkrum, dépu­tée ukrai­nienne : « Poutine mène aus­si une guerre contre l’ordre inter­na­tio­nal juri­dique et humanitaire »

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