C'est cette fois l'expertise en matière de syndrome du bébé secoué de la pédiatre et experte judiciaire qui est remise en cause. Un père a porté plainte contre elle en octobre après avoir été acquitté pour de tels faits.
La charge est lourde. Depuis le mois d’octobre, Caroline Rey-Salmon est visée par une plainte pour “faux intellectuel et usage de faux, tentative d’escroquerie au jugement et mise en danger de la vie d’autrui”, a révélé hier la presse. La semaine dernière, cette pédiatre et experte judiciaire se mettait en “retrait total” de la vice-présidence de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) après qu’une plainte a été déposée à son encontre pour des faits d’agression sexuelle par personne abusant de son autorité dans le cadre de ses fonctions de médecin légiste.
La plainte de cet automne a été déposée par Daniel M., révèle Le Parisien, un père de 49 ans. Au bout de huit ans de procédure judiciaire, ce dernier a été acquitté après des poursuites pour des soupçons de maltraitance sur son enfant, aujourd’hui âgé de 10 ans. En 2014, explique Le Parisien, le bébé est envoyé à l’hôpital Necker, à Paris, après avoir chuté des bras de son grand-père. Les médecins lui diagnostiquent un hématome sous-dural, saignements dans le cerveau caractéristiques du syndrome du “bébé secoué”. S’ensuivent alors des poursuites à l’encontre de Daniel M. et de sa compagne, dans le cadre desquelles la justice fait appel à l’expertise de Caroline Rey-Salmon et d’un autre spécialiste, Jean-Sébastien Raul, directeur de l’Institut médico-légal de Strasbourg (Bas-Rhin). Avec deux autres spécialistes du syndrome du bébé secoué, ces deux praticien·nes reconnu·es avaient rédigé en 2011 des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le sujet, recontextualise Le Parisien.
"Sentiment de toute-puissance"
Mais pour Daniel M., Rey-Salmon et Raul sont responsables de “mensonges délibérés et de falsifications” dans le dossier de son fils, indique la plainte à laquelle a eu accès le quotidien. “Aujourd’hui, mon fils va bien. Mais par la faute de cette experte judiciaire, de son sentiment de toute-puissance et de ses affirmations trompeuses, j’ai vécu huit ans en enfer, en étant soupçonné d’être un monstre”, affirme le plaignant auprès des policiers. Ni Caroline Rey-Salmon ni Sébastien Raul n’ont souhaité répondre aux questions du Parisien.
La charge des confrères
Le Parisien fait entendre la voix de trois médecins spécialistes qui contestent les méthodes de la pédiatre. “Le bébé secoué, c’est devenu une sorte de dogme, et, en tant que légiste, Caroline Rey-Salmon a acquis une influence non négligeable auprès des juges. Or, elle refuse de discuter avec toute personne qui n’est pas de son avis”, commente anonymement un neurologue. Un autre spécialiste anonyme affirme être “plus prudent dans ses conclusions” que la pédiatre de 65 ans. Quant au professeur Bernard Echenne, ancien chef du service de neuropédiatrie du CHU de Montpellier (Hérault), il ose témoigner en son nom : “Des familles entières ont explosé. Elle intervient dans toutes les expertises avec l’aura qu’elle a acquise, d’année en année.”