Le Parisien révèle que la pédiatre et experte judiciaire Caroline Rey-Salmon a décidé de quitter temporairement ses fonctions de vice-présidente de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
À peine lancée lundi par la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, voilà que la “Ciivise 2” se retrouve déjà amputée de la moitié de sa direction. La pédiatre légiste Caroline Rey-Salmon a annoncé à son équipe, selon une information du Parisien, sa mise en retrait de la vice-présidence de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). “Ce n’est pas une démission”, a‑t-elle insisté dans un message Whatsapp que s’est procuré le quotidien, mais une suspension de ses fonctions “pour préserver” l’instance “pour un temps”. “Je souhaite que notre commission puisse travailler sereinement”, a‑t-elle ajouté.
Cette spécialiste de la prise en charge médico-judiciaire des mineur·es victimes de violences sexuelles est visée depuis mercredi par la plainte d’une jeune femme pour agression sexuelle dans le cadre de ses fonctions. Louison Lume (c’est un pseudo) accuse Caroline Rey-Salmon de lui avoir fait revivre en 2021 une “reconstitution” d’un acte sexuel pour s’assurer que la jeune femme, examinée à 20 ans dans le cadre d’une plainte pour inceste quand elle était mineure, n’avait pas été pénétrée vaginalement. Caroline Rey-Salmon a contesté fermement ces accusations auprès de France Info.
Le Parisien précise que Caroline Rey-Salmon, 65 ans, “compte s’exprimer publiquement dans la soirée de ce mercredi à travers la publication d’un communiqué de presse”.
Une Ciivise 2 critiquée
Sa mise en retrait intervient deux jours après une présentation à la presse des missions de la “Ciivise 2”, organisée par l’instance et la ministre de la Santé. À cette occasion, des gages avaient été apportés sur la continuité de l’esprit de la “Ciivise 1”, alors que son président, le très estimé juge Édouard Durand, avait été remercié par le gouvernement à l’automne. “Au slogan adressé aux victimes par la Ciivise, ‘on vous croit’, nous allons ajouter ‘on vous protège, on vous accompagne’”, avait lancé le nouveau président, le militant Sébastien Boueilh, lui-même victime d’inceste dans son enfance.
Malgré cette promesse, de nombreux·euses militant·es de protection de l’enfance avaient été déçu·es du fait que la mission de recueil de la parole des victimes confiée à la Ciivise 1 ne soit pas renouvelée. À la place, la Ciivise 2 a annoncé “mettre en place un réseau de structures capables d’accompagner sur le plan psychologique et juridique les victimes d’aujourd’hui et d’hier”. Un chantier conséquent, qui se heurte désormais à la gestion de la crise interne due au retrait de Caroline Rey-Salmon.