Annoncée en avril dernier à la suite de la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline, la cellule anti-zad composée de cinq juristes spécialisé·es a pris ses fonctions vendredi 1er septembre, au ministère de l'Intérieur. Explications.
C’est le nouvel ennemi intérieur : la ZAD ou (zone à défendre). Ce 1er septembre, un nouveau service doit voir le jour place Beauvau : une « cellule anti-ZAD ». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sa création en avril dans les colonnes du JDD, à la suite de la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), marquée par de violents affrontements entre forces de l’ordre et militant·es écologistes.
Encore un effet d’annonce
Son objectif : prévenir l’installation de nouvelles ZAD sur le territoire français, c’est-à-dire empêcher l’occupation illégale de territoires par des militant·es qui sont opposé·es à un projet controversé sur ce même espace. Cette cellule doit être composée de cinq juristes « de haut niveau » (pas médaillé·es olympiques, mais presque) chargé·es « d’accompagner les préfets pour empêcher la constitution de ZAD ou les démanteler ».
Soit, mais concrètement, ça veut dire quoi ? « Pas grand-chose », tranche l’avocat Matteo Bonaglia, qui a notamment défendu les militant·es antinucléaires de Bure, dans la Meuse : « Les procédures d’expulsion sont décidées par le juge, et le préfet les fait appliquer, en apportant le concours de la force si nécessaire. Je ne vois pas comment cinq juristes, aussi doués soient-ils, pourront changer ou accélérer le cours du droit. » Un effet d’annonce, donc, mais qui illustre, selon l’avocat, la volonté du ministère de l’Intérieur de diaboliser les militants écologistes.
Une analyse que partage la sociologue Sylvaine Bulle, spécialiste des mouvements écologistes et autrice de l’enquête Irréductibles (éd. UGA), sur les milieux de vie à Bure et à Notre-Dame-des-Landes. « [Le ministre] désigne en vérité les mouvements écologistes d’action directe, tels que les Soulèvements de la Terre, mais il préfère parler de ZAD pour les discréditer car ce mot agit comme un repoussoir pour une partie de la population. » La sociologue observe une bascule dans le discours de Gérald Darmanin depuis Sainte-Soline. « Désormais, tout groupement militant écologiste est "écoterroriste", selon ses propres mots », analyse-t-elle. Quand bien même cette expression ne correspond à aucune réalité dans le droit français… Pour le moment.