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© 东旭 王

Ségur de la san­té : les sages-​femmes se sentent les grandes oubliées et veulent en finir avec leur sta­tut hybride

Nous publions la lettre ouverte du Conseil natio­nal de l’Ordre des sages-​femmes adres­sée le 17 juillet au ministre de la Santé, Olivier Véran, pour deman­der la pleine recon­nais­sance du carac­tère médi­cal de leur pro­fes­sion. À l’issue du Ségur de la san­té, elles ont été clas­sées dans la caté­go­rie des para­mé­di­caux hos­pi­ta­liers et leur salaire ne sera donc reva­lo­ri­sé qu’à hau­teur de 183 euros au prin­temps 2021.

Colère. Les sages-​femmes se sentent « mépri­sées » par les pou­voirs publics, selon les mots de leur Ordre. Si elles ont obte­nu la même reva­lo­ri­sa­tion sala­riale que les para­mé­di­caux à l'issue du Ségur de la san­té (soit 183 euros sur leur feuille de paie à par­tir de mars 2021), elles n’ont pas pu faire entendre leur voix : leurs syn­di­cats n’avaient pas été conviés aux débats. 

Pourtant, elles n’ont pas eu d’autre choix durant le confi­ne­ment que de conti­nuer à être sur le pont, en assu­rant le sui­vi « de femmes enceintes par­fois en situa­tion de Covid + et, au début, sans être prio­ri­taires sur les masques, parce que la pro­fes­sion avait été oubliée d'un arrê­té minis­té­riel sur la ques­tion, le 16 mars », comme on l’explique à l’Ordre des sages-femmes.

Au final, les conclu­sions du Ségur relancent, dans la cor­po­ra­tion, le sen­ti­ment lan­ci­nant d’être les éter­nelles oubliées du milieu hos­pi­ta­lier, « à cause d’un sta­tut hybride », dénonce l’Ordre. Selon une loi de 2014, la cor­po­ra­tion béné­fi­cie d'un « sta­tut par­ti­cu­lier des sages-​femmes des hôpi­taux de la fonc­tion publique hos­pi­ta­lière ». Ce « sta­tut médi­cal » (effec­tif pour les pro­fes­sions de méde­cin, chirurgien-​dentiste et sage-​femme) bel et bien pré­vu sur le papier est dans les faits inopé­rant. Le Ségur les a en effet incluses dans le groupe des per­son­nels para­mé­di­caux, avec la reva­lo­ri­sa­tion sala­riale dédiée à ces para­mé­di­caux et pas celle des médecins. 

Les sages-​femmes ne demandent pas à être méde­cins mais bien que leur sta­tut médi­cal légal soit recon­nu dans les faits. C'est le sens de cette lettre ouverte adres­sée le 17 juillet au ministre de la Santé Olivier Véran, qui plaide pour une recon­nais­sance effec­tive de leur métier à la hau­teur de son carac­tère indis­pen­sable à la nation. Pour l’heure, le minis­tère de la Santé n’a pas don­né suite.

Tribune : sages-​femmes, à quand la reconnaissance ?

Alors que le Ségur de la san­té avait pour ambi­tion de valo­ri­ser les pro­fes­sion­nels de san­té, l’invisibilité frappe une nou­velle fois les sages-​femmes. Oubliées des pou­voirs publics lors de la crise sani­taire, elles le sont encore au cours du Ségur.

Profession médi­cale sous un sta­tut hybride dans la fonc­tion publique hos­pi­ta­lière, les sages-​femmes auront été les grandes igno­rées du Ségur de la san­té. Non citées dans la reva­lo­ri­sa­tion des pro­fes­sion­nels para­mé­di­caux et des méde­cins, elles sont encore vic­times d’un sta­tut qui ne leur recon­naît pas la pleine légi­ti­mi­té du sta­tut médical.

Également exclue du Pilier I sur les négo­cia­tions sala­riales, les syn­di­cats pro­fes­sion­nels n’ayant pu y par­ti­ci­per, les sages-​femmes se voient attri­buer une aug­men­ta­tion cal­quée sur celle des pro­fes­sions para­mé­di­cales et non médi­cales et ne se voient pro­po­ser aucune pers­pec­tive, niant leur enga­ge­ment dans la crise mais éga­le­ment le rôle fon­da­men­tal qu’elles occupent au quotidien. 

Pourtant, l’obstétrique ne se dépro­gramme pas ! C’est toute la pro­fes­sion de sage-​femme qui a été mobi­li­sée pen­dant la crise du Covid 19. Les sages-​femmes libé­rales, après avoir été oubliées dans le pre­mier arrê­té sur la dis­tri­bu­tion de masques, ont conti­nué à tra­vailler afin de garan­tir la sécu­ri­té des femmes et des nouveau-nés.

L’hôpital et les poli­tiques de san­té doivent se réin­ven­ter et les sages-​femmes sont lasses d’en être exclues. Elles sont insa­tis­faites de leur sta­tut et de leur posi­tion­ne­ment. Elles sont désa­bu­sées de voir le carac­tère médi­cal de leur pro­fes­sion ignoré. 

Aussi, l’Ordre appelle les pou­voirs publics à ouvrir des négo­cia­tions avec les syn­di­cats pro­fes­sion­nels afin d’aborder les évo­lu­tions atten­dues par les sages-​femmes. L’invisibilité de la pro­fes­sion doit prendre fin avec la pleine et entière recon­nais­sance du carac­tère médi­cal de celle-​ci et la reva­lo­ri­sa­tion finan­cière qui en découle, quel que soit le mode d’exercice.

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