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Mairie des 2e et 3e arrondissements de Marseille. © Google Street View

Marseille : cinq ans de pri­son requis contre une adjointe de la ville dans une vaste affaire de cor­rup­tion sur l’attribution de loge­ments sociaux

Cinq ans de prison et un mandat de dépôt ont été requis contre une adjointe de la ville de Marseille jugée pour une vaste affaire de corruption portant sur l’attribution de logements sociaux, dont elle aurait été “la tête de réseau”.

“Cette corruption du quotidien porte une atteinte très profonde au lien social” a martelé le procureur Mathieu Vernaudon. En plus des cinq ans de prison et du mandat de dépôt requis, celui-ci a réclamé contre une adjointe de la ville de Marseille, lundi 26 février, une amende de 50 000 euros et, “parce qu’elle a manqué pendant quatre ans à l’intégralité des devoirs d’un agent public”, il a sollicité une interdiction définitive d’exercer toute fonction publique. En poste au service logement de la mairie des 2e et 3e arrondissements de Marseille, Rosina Livolsi, 52 ans, est jugée depuis le 19 février aux côtés de treize complices et intermédiaires.

Elle a reconnu avoir monnayé des bakchichs auprès des demandeur·euses de logements sociaux. Elle leur réclamait entre 1 000 et 2 000 euros pour mettre un dossier sur le dessus de la pile, le tribunal ayant évalué ses gains à un total d’environ 40 000 euros entre 2016 et 2019. “Il s’agit d’une corruption de basse intensité, mais il ne faut pas confondre basse intensité et faible gravité”, a relevé le procureur, qui a appelé le tribunal à “une réponse forte et claire contre ces pratiques illégales et inadmissibles, à Marseille comme ailleurs”.

"Tête de réseau"

Entrée comme fonctionnaire le 5 novembre 1997 à la mairie de Marseille, celle qui revendique encore le surnom de “Mère Teresa du 2e arrondissement” a expliqué avoir été prise “dans une spirale”, faisant l’objet depuis 2010 de procédures de surendettement. La qualifiant de “tête de réseau et de cœur du système”, le procureur a pointé sa “grande capacité à manipuler les gens”.

Au premier jour de son procès, elle déclarait avoir “toujours eu beaucoup d’empathie pour les gens”. Le propos a heurté le procureur, qui l’a décrite comme “l’organisatrice d’un système visant à exploiter la précarité des demandeurs de logements, dans une ville où la population paupérisée est très importante, dans une ville marquée par des situations d’habitat insalubre et marquée par le drame de la rue d’Aubagne”, lorsque l’effondrement de deux immeubles avait fait huit morts en novembre 2018.

Une fois écartée de ses fonctions, en 2018, en raison de soupçons de plus en plus grands, Rosina Livolsi avait continué à monnayer des promesses de logements.

La partie civile réclame "beaucoup de fermeté"

Des peines allant d’un an de prison avec sursis jusqu’à deux ans dont un an ferme et des amendes de 5 000 à 20 000 euros ont été requises contre ses intermédiaires et rabatteur·euses. Le magistrat de l’accusation a aussi demandé la condamnation à 30 mois de prison, dont un an ferme à purger sous bracelet électronique, et à une amende de 25 000 euros chacun·e, du fils et de la belle-fille de Rosina Livolsi auxquel·les celle-ci disait vouloir assurer un niveau de vie confortable.

Représentant la ville de Marseille, partie civile, Maître Benjamin Liautaud a également appelé le tribunal à “beaucoup de fermeté”, condamnant les propos réitérés par les prévenu·es selon lesquels “à Marseille, c’est comme ça que cela se passe. Le tribunal va écouter jusqu’à mercredi 28 février les plaidoiries des avocat·es de la défense avant de vraisemblablement mettre son jugement en délibéré.

Lire aussi I Crise du logement : la “bombe sociale” a explosé, alerte la Fondation Abbé Pierre

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