Le Premier ministre est pointé du doigt depuis plusieurs jours pour son utilisation d'un avion pour se rendre deux heures à Prades (Pyrénées-Orientales), afin de voter au premier tour de l'élection présidentielle.
« A voté ! » Dimanche matin, comme une grande partie de ses concitoyen·nes, Jean Castex s'est rendu aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. Le Premier ministre a voté à Prades, une commune des Pyrénées-Orientales, où il a été maire à plusieurs reprises entre 2008 et 2020. Mais ce déplacement a provoqué la colère de nombreux·ses internautes sur les réseaux sociaux qui ont lancé une pétition regroupant ce jeudi plus de 11.500 signatures. Car le chef du gouvernement a utilisé un avion de la flotte gouvernementale, un moyen de transport polluant, pour passer seulement deux heures sur place.
La moitié de l'empreinte carbone d'un·e Français·e
C'est le compte Twitter Cotam Fleet & Co, spécialisé dans le traitement des données aériennes, qui l'a rapporté en premier. En s'appuyant sur le site internet ADS‑B Exchange, qui permet de traquer les vols aériens, il a révélé l'existence d'un Falcon 900 arrivant à l'aéroport de Perpignan aux alentours de 8h30 et repartant pour la base aérienne de Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines, vers 10h30.
Un court déplacement qui représente, aller-retour, le rejet de 4,46 tonnes de CO², selon le site Compare Private Planes qui permet de mesurer la quantité d'émissions rejetées selon le modèle d'avion et le trajet effectué. Soit près de la moitié de ce que constitue en un an l'empreinte carbone des Français·ses en 2019 (9 t de CO²) et 2020 (8,2 t de CO²), selon des estimations du ministère de la Transition écologique.
Face à cette situation, un collectif de citoyen·nes, comprenant des militant·es écologistes, des journalistes ou des étudiant·es, a donc lancé mercredi la pétition intitulée « Jean Castex : ne prenez plus l'avion, faites une procuration ! » Ces dernier·ères estiment que face à la crise climatique, chacun·e doit « faire des efforts », y compris le Premier ministre, qui en raison de sa fonction a « un devoir d’exemplarité ». Les signataires demandent donc au chef du gouvernement de renoncer à prendre un avion pour voter au deuxième tour de la présidentielle, le 24 avril, puis aux législatives, les 12 et 19 juin prochains. Et lui proposent, tout simplement, de réaliser une procuration.
« La période est aux polémiques »
Invité mardi matin de RTL, Jean Castex a estimé que « la période est aux polémiques ». Il a expliqué avoir « utilisé les règles habituelles qui s'appliquent au Premier ministre » et que « le Premier ministre doit être à Paris très vite s'il y a le moindre problème ». Contacté par Causette, son service de communication n'a pas encore apporté de précisions concernant ces règles et cette obligation de se trouver à Matignon.
Depuis 2021, la voie aérienne ne peut être autorisée pour les membres du gouvernement que lorsque le temps de trajet par la voie ferroviaire est supérieur à trois heures, selon une circulaire du Premier ministre du 13 novembre 2020, relative à la nouvelle gestion des mobilités par l'État. Dans le cas du déplacement critiqué de Jean Castex, cette règle est respectée étant donné qu'il faut compter minimum 6h35 de trajet en train pour faire Paris-Prades, via un changement à Perpignan.
Ce n'est pas la première fois que les déplacements de Jean Castex font parler d'eux. En février dernier, Mediapart révélait au cours d'une enquête qu'il avait préféré utiliser au cours de l'année des Falcon 900 pour se déplacer dans des villes accessibles en deux heures, comme Bordeaux, Nantes ou bien Lyon. Interrogé par le média d'investigation, son cabinet affirmait alors que les déplacements du chef du gouvernement « font l’objet de plusieurs impératifs au moment de leur organisation ». À savoir un impératif de sécurité, de disponibilité (« pouvoir regagner à tout moment Matignon »), de gestion d’un agenda « très contraint », ainsi qu’un « impératif de sobriété en termes de coût et d’impact environnemental ». « Le choix du moyen de transport est fonction de ces différents critères, en prenant en compte également la capacité de la SNCF et d’Air France à proposer des horaires et des configurations de voyage compatibles avec cela », soulignait-il alors.