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Manifestation contre la réforme des retraites. Paris, le 19 janvier 2022. ©C.B.

Réforme des retraites : Emmanuel Macron gou­verne à contre-courant

Édito. Il est une tradition maritime dans laquelle un capitaine ne doit – sous aucun prétexte – abandonner son navire lorsque ce dernier traverse une forte houle. On peut dire que ce jeudi , la France a traversé une forte houle. De toute part, les gens sont descendus par milliers dans les rues pour manifester leur colère contre la réforme des retraites. En tout, 1,2 million selon le ministère de l’Intérieur, 2 millions selon les syndicats. De parole de grévistes, on avait peu vu de manifestations comme celle-là depuis très longtemps.

Mais où était le capitaine ? De l’autre côté des Pyrénées. Emmanuel Macron avait en effet abandonné le navire tricolore pour rencontrer le Premier ministre espagnol à Barcelone, en laissant à sa Première ministre Élisabeth Borne le soin de mettre les mains dans le cambouis. Pas un mot sur le raz-de-marée humain qui a déferlé dans nos rues. Pas une phrase sur l’ampleur du mécontentement. De son mirador espagnol, le président ne s’est guère ému de la forte mobilisation contre sa réforme, non, il a simplement lancé qu’il « était bon et légitime que toutes les opinions puissent s’exprimer », quelques heures avant le début des rassemblements. À entendre le vacarme jeudi, la rue semblait pourtant crier d’une seule voix. 

Lire aussi I « On a assez donné » : dans la rue avec les manifestant·es parisien·nes contre le projet de réforme des retraites

Au contraire, Emmanuel Macron en a profité pour assurer de « l’esprit de dialogue » et de la « détermination » de l’exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ». Car, surtout, pour le président de la République, cette réforme a été « démocratiquement présentée et validée » lors de l’élection présidentielle il y a quelques mois. Qu’importe alors si 79 % des Français·es estiment que cette réforme va provoquer une « crise sociale importante » dans le pays, selon un sondage Opinionway publié justement ce jeudi. Le gouvernement ne semble ni vouloir entendre l’opinion des Français·es, ni la considérer. Après la crise climatique, il semblerait qu’il n’ait pas prédit celle-ci non plus. 

Pourtant, l’Histoire a maintes fois démontré à quel point le grondement de la rue compte. Le 12 décembre 1995, un million de Français·es descendaient dans la rue pour manifester leur colère contre la réforme des retraites d’Alain Juppé, alors Premier ministre du gouvernement Chirac. Trois jours plus tard, Alain Juppé annonçait l’abandon de ladite réforme. Un épisode dont devrait se souvenir Emmanuel Macron, alors que les syndicats prévoient une nouvelle journée de manifestation le 31 janvier prochain. Naviguer, comme gouverner, à contre-courant, n’a jamais été une réussite.

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