L’actrice et réalisatrice a confié au Parisien avoir vécu des violences psychologiques ainsi que des violences physiques durant sa relation, débutée quand elle était mineure, avec le cinéaste.
“En apparence, c’était une relation nourrissant de beaux films et, pour moi, la découverte d’un monde. Mais à l’intérieur, c’était aussi une emprise destructrice, une perte de soi.” Dans une interview publiée mercredi, Isild Le Besco a raconté au Parisien ce qu’elle a vécu avec Benoît Jacquot, cinéaste déjà sous le coup d’une plainte pour “viols avec violences sur mineure de moins de 15 ans” déposée par Judith Godrèche.
De cette relation qui aura duré cinq ans et a débuté aux 16 ans d’Isild Le Besco alors que le réalisateur avait 52 ans, l’actrice dénonce aujourd’hui “des violences psychologiques, surtout”. “Benoît Jacquot pensait savoir mieux que moi qui j’étais et ce que je pensais. Par exemple, il me disait perpétuellement que j’étais grosse”, détaille-t-elle. L’actrice qui avait été révélée à 16 ans dans Sade, film de Benoît Jacquot sorti en 1999, dénonce également “des violences physiques, parfois, sous le coup de la colère”.
“Une emprise engendre d’autres emprises”
Isild Le Besco, 41 ans aujourd’hui, estime avoir été “un peu protégée” du fait de n’avoir pas vécu avec le réalisateur, contrairement à Judith Godrèche, à qui elle réitère son soutien. Mais elle explique que le schéma de cette relation l’a longtemps poursuivie : “Ce qui est très grave, c’est que, comme j’ai vécu cette relation à 16 ans, cela a été constitutif de ma personnalité. Une emprise engendre d’autres emprises. Après, j’ai vécu des choses encore plus graves avec d’autres hommes parce que j’étais prête à m’écraser pour quelqu’un.” “Une grande partie de ma vie a été gâchée”, ajoute celle qui estime avoir été une proie facile à l’époque en se décrivant comme une “jeune fille fragile, très malléable […], très isolée, même à l’école.”
La réalisatrice, qui a écrit trois livres et travaille actuellement sur un récit autobiographique revenant sur sa relation avec Jacquot, explique également avoir cherché à transcender son traumatisme dans plusieurs de ses films, tels que Charly (2007) ou encore Bas-fonds (2010).
Au sujet de Jacques Doillon, Isild Le Besco apporte des détails sur le traitement que lui avait réservé le réalisateur et que la presse avait déjà révélé. "J’avais 17 ans et il m’a demandé de préparer un rôle. Pendant des semaines, j’ai travaillé en improvisant et en codirigeant le script et à partir du jour où j’ai refusé ses avances, il m’a virée du film", affirme-t-elle.
Alors que les révélations de Judith Godrèche à l’encontre de Doillon et de Jacquot, ainsi que les accusations concernant Gérard Depardieu créent un moment #MeToo dans le cinéma français, Isild Le Besco fustige un “milieu du cinéma” qui était au courant de beaucoup de choses et “s’est comporté exactement comme se comporte une famille quand l’un de ses membres est maltraité : en se taisant.” Elle affirme être “entourée d’actrices, d’amies, de femmes qui elles aussi ont subi ou subissent de la maltraitance”. Si elle prend la parole aujourd’hui “grâce à des témoignages de femmes [qui l’ont] sortie de [sa] torpeur”, elle plaide dans cette interview pour que soit respecté “le rythme des victimes”. “C’est aussi une question de consentement. Celles qui ne veulent pas parler aujourd’hui le feront peut-être demain.”
L'actrice indique se réserver le droit de porter plainte contre Jacquot et Doillon.