Mathias Vicherat réintègrera lundi ses fonctions de directeur de Sciences Po Paris après s'être mis en retrait provisoire il y a près de deux mois. Accusé de violences conjugales, il devra se déporter des sujets liés aux violences sexuelles et sexistes.
On apprenait hier le retour de Mathias Vicherat à la tête de Sciences Po Paris à partir de lundi. Aujourd'hui, on en apprend plus sur les conditions du retour du directeur qui est ciblé par une enquête pour violences conjugales. La commission qui rassemble les bureaux des différents conseils de Sciences Po (conseil d'administration, de l'Institut, de la vie étudiante et de la formation scientifique), a validé ce jeudi le retour de Mathias Vicherat pour le lundi 29 janvier, date de rentrée des étudiant·es. Ce retour se fera à condition que le directeur se déporte de tous sujets liés aux violences sexuelles et sexistes (VSS).
Peu après son arrivée à la tête de Science Po Paris fin 2021, Mathias Vicherat avait décrété comme "priorité absolue" la lutte contre les VSS. Un conseil de l'institut exceptionnel est prévu mardi midi, ainsi qu'un conseil d'administration exceptionnel mercredi après-midi, selon des sources concordantes.
Dans un message adressé aux étudiant·es et personnels, la commission estime que la mise en garde à vue de Mathias Vicherat "a été dommageable pour Sciences Po et pour toutes les personnes qui y travaillent et y étudient". Elle "demande" que le directeur "puisse s'exprimer dans les meilleurs délais devant les CA [conseil d'administration] et CI [conseil de l'institut] pour présenter les dispositions qu'il mettra en oeuvre afin de reconstruire cette confiance". "Lorsque l'enquête préliminaire sera close, le directeur se présentera devant les deux instances [CA et CI], afin de savoir s'il dispose toujours de leur confiance", poursuit le message.
"Jusqu'à cette date, la commission invite le directeur à prendre, dans le respect du code de l'éducation, les dispositions administratives nécessaires pour traiter les questions liées aux VSS ", indique le message. Selon une source proche, cela signifie que "Mathias Vicherat va devoir se déporter des sujets liés aux VSS".
Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont, qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placé·es en garde à vue le 3 décembre avant d'être remis·es en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris.
Le retour du directeur de Sciences Po pourrait être perturbé par une mobilisation d'étudiant·es, qui avaient dès le départ demandé sa démission et manifesté devant l'établissement. Le syndicat Union étudiante de Sciences Po a écrit jeudi dans un communiqué que "la mobilisation étudiante se poursuivra jusqu'à sa démission".
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