En poste depuis 2021, Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po Paris, a été placé en garde à vue dimanche soir avec sa compagne. Les conjoint·es s'accuseraient mutuellement de violences conjugales.
L'école de l'élite se retrouve à nouveau au coeur d'un scandale. Après les affaires de viol et agressions sexuelles, ce sont maintenant des faits de violences conjugales qui secouent Science Po Paris. Le directeur de l'institution, Mathias Vicherat, 45 ans, aurait en effet été placé en garde à vue dimanche soir au commissariat du 7e arrondissement, selon des informations rapportées à l'AFP par une source proche du dossier et le parquet de Paris. Il avait lui-même succédé à la tête de l'université à Frédéric Mion, contraint de démissionner pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. Dans le sillage de cette affaire, un mouvement de dénonciations de violences sexuelles dans les instituts d'études politiques (IEP) avait émergé, notamment sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Sciencesporcs.
Ancien camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA et alumni de Science Po, Mathias Vicherat est en garde à vue avec sa compagne depuis dimanche. Les conjoint·es s'accuseraient mutuellement de violences conjugales. "On attend bien sûr d'avoir des éléments supplémentaires mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce sujet", a commenté auprès de l'AFP Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l'Institut (union étudiante) et membre du conseil d'administration de la FNSP. "Et encore moins dans le contexte de Sciences Po qui a connu l'affaire Duhamel, et plus récemment des blocages d'étudiants pour dénoncer le laxisme de l'institution face aux violences sexistes et sexuelles", a‑t-elle ajouté. Peu après son arrivée à la tête de Science Po, l'actuel directeur avait par ailleurs décrété "priorité absolue" les violences sexistes et sexuelles.
Fils d'un employé de la Fnac et d'une éducatrice spécialisée, Mathias Vicherat est décrit par ses ancien·nes collègues et collaborateur·ices comme "intelligent", "brillant", "travailleur", mais aussi "arrogant" ou "petit marquis". Il a précédemment officié à la direction générale de la police nationale (DGPN), en tant que directeur du cabinet du maire de Paris Bertrand Delanoë puis d'Anne Hidalgo, de directeur général adjoint de la SNCF puis de secrétaire général de Danone. Il a été en couple avec la journaliste Marie Drucker, avec qui il a eu un fils en 2015. Il a publié en 2001 un livre sur le rap, Pour une analyse textuelle du rap français.
Aujourd'hui, Inês Fontenelle déclare : "par devoir d'exemplarité, nous pensons que Mathias Vicherat ne peut représenter l'institution et si ces faits sont avérés, nous demanderons sa démission". Au sujet de ce nouveau scandale, elle ajoute : "On a tous appris l'information par la presse, et on est tous sous le choc, la sidération est la même qu'au moment de l'affaire Duhamel".
Lundi en fin d'après-midi, la garde à vue a été levée, a précisé le parquet de Paris. "L'unité médico-judiciaire n'a relevé d'incapacité totale de travail sur aucun·e des deux, et aucun·e des deux n'a souhaité·e déposer plainte à ce stade. L'enquête se poursuit en préliminaire", a précisé le ministère public. "Sciences Po a appris par voie de presse les informations concernant son directeur Mathias Vicherat. S'agissant d'une affaire strictement privée, Sciences Po n'a à ce stade aucune précision ou commentaire à apporter", a commenté l'institution.