Une centaine d'étudiant·es de Sciences-Po ont voté ce jeudi 7 décembre, à main levée, la prolongation de l’occupation de l’établissement parisien décidée mercredi soir. Ils et elles réclament toujours le départ de leur directeur, Mathias Vicherat, accusé de violences conjugales.
Ce jeudi 7 décembre, les étudiant·es de Sciences Po Paris occupent toujours le bâtiment historique de cet établissement d'enseignement supérieur pour demander la démission de son directeur Mathias Vicherat, suite à une affaire de violences conjugales. "Une occupation a été votée hier à main levée lors d'une assemblée générale qui a réuni entre 250 et 300 étudiants, à l'appel des syndicats de gauche de Sciences Po, Solidaires et l'Union étudiante", a affirmé Inês Fontenelle, de l'Union étudiante.
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Vers 9h30 ce jeudi, le bâtiment situé dans le cossu VIIe arrondissement de Paris était toujours occupé par un peu moins d'une centaine d'entre elles et eux selon des étudiant·es, à l'intérieur. Mais selon la direction de Sciences Po, seule "une quarantaine" étaient présent·es dans l'enceinte, sur un total de 2.000 étudiant·es à Paris et 15.000 tous campus confondus. Pour les soutenir, une trentaine d'étudiant·es se sont rassemblés devant le bâtiment.
Le directeur de Sciences Po, Mathias Vicherat, et sa compagne Anissa Bonnefont qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue dimanche soir avant d'être remis en liberté lundi. Une enquête préliminaire a depuis été ordonnée par le parquet de Paris.
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Le directeur de Sciences Po Paris a écrit mardi aux étudiant·es, enseignant·es, salarié·es et membres des conseils de l'institution pour assurer qu'il "entend(ait)" leur "émotion" et leur promettre de les "rencontrer très prochainement".
Une cinquantaine d'étudiant·es avaient déjà bloqué mardi matin l'entrée du bâtiment historique de Sciences Po Paris. L'assemblée générale et l'occupation actuelle de l'établissement sont "un énième cri d'alerte traduisant l'indignation des étudiant.es faces au maintien du climat d'impunité", souligne le communiqué de l'AG de l'occupation. "La réponse de l'administration ne peut être que la suspension des fonctions de Mathias Vicherat, ainsi que sa démission", poursuit le texte.
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Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. Une étudiante de cinquième année, qui souhaite rester anonyme, a affirmé à l'AFP vouloir "au moins sa suspension, au mieux une démission". "Il a été élu à la suite du scandale Duhamel-Mion, presque exclusivement sur un programme de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, il n'a plus aucune légitimité pour porter ce programme-là", a‑t-elle argumenté.
"On demande une suspension symbolique (de Mathias Vicherat) mais surtout que
l'école change profondément sa manière de fonctionner", a renchéri Tristan, membre de l'Union étudiante, qui n'a pas décliné son nom. "Mathias Vicherat n'a plus rien à faire à la tête de Sciences Po, il nuit à l'exemplarité de la direction", a aussi estimé Niel, membre de Solidaires. "C'est lui qui fait les saisines en cas de procédure de violences sexistes et
sexuelles (VSS); les étudiants trouvent ça intolérable", a‑t-il jugé.
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