La comédienne Catherine Hiegel, qui avait affirmé avoir été violentée physiquement en 1976 par son ancien compagnon Richard Berry, étaie son témoignage public dans une interview accordée ce mardi au Monde.
“J’ai fait cette photo pour ma fille, je n’en peux plus de l’attitude de son père et de Jeane Manson”, déclare la comédienne Catherine Hiegel dans un entretien au Monde publié mardi 28 mai. C’est sa première prise de parole publique à propos des accusations de violences conjugales qu’elle affirme avoir subies en 1976 de la part de son ancien compagnon, l’acteur Richard Berry. En 2021, elle avait mentionné au Monde des faits de violences physiques à son encontre dans le cadre de cette relation, mais elle n’était pas entrée dans les détails. Celui qui est mis en cause, mais contre lequel l’actrice n’a pas porté plainte, avait alors reconnu “des coups”. Dans le nouvel article publié dans les colonnes du quotidien, Richard Berry dément, par le biais de son avocat, les nouveaux éléments composant le témoignage de son ex-compagne.
Catherine Hiegel, 77 ans, est notamment revenue sur son portrait photo posté le jeudi 23 mai sur le compte Instagram “Après les violences”. Sur ce cliché, elle apparaît, un carnet entre les mains. Sur l’une de ses feuilles, il est écrit : “Il cogne ma tête contre le lavabo, recousue à l’arcade ; plusieurs gifles bien sûr… La dernière, enceinte de sept mois, m’explose le tympan. Coline se retourne dans mon ventre. Condamnée à une césarienne. J’ai pas porté plainte je l’ai quitté !!” Si l’on savait alors que sa fille, Coline Berry-Rojtman, née en 1976, est issue de sa relation avec Richard Berry, Catherine Hiegel n’avait jusqu’à présent pas précisé l’identité de l’homme qu’elle accusait.
"J’ai peur pour Coline"
Contacté par Le Monde, Franck Berton, l’un des avocats du comédien déclare : “Richard Berry s’inscrit en faux contre le texte publié sur Instagram et conteste fermement les accusations de Catherine Hiegel.” Après avoir déclarait que le témoignage de l’actrice relevait de “mensonges”, il précise : “Richard Berry a reconnu lui avoir donné une claque. Ce n’est pas justifiable, mais c’est parce qu’elle l’insultait, le traitait de ‘sale juif’. Catherine Hiegel était constamment ivre pendant sa grossesse.” Me Franck Berton affirme “réfléchir à l’opportunité d’une procédure en diffamation” et ajoute : “Comment se défendre quarante-huit ans après ? On est dans l’accusation éternelle.” La comédienne a pourtant expliqué au Monde pourquoi elle n’a pas porté plainte à l’époque : “Vous savez, dans ces situations-là, on a honte de ce qui nous arrive. Même quand j’ai vu mon obstétricien, après cette nuit de violence, je ne lui ai pas dit la vérité. Je lui ai fait croire que ça m’était arrivé dans la rue. Il m’a examinée et a constaté que les coups avaient été tels que ma fille s’était retournée dans mon ventre.”
“C’est Coline qui m’a mise en contact avec le photographe Marc Melki”, explique encore Catherine Hiegel au Monde avant d’ajouter : “Pendant toutes ces années, je n’ai jamais fait un étendard de ce que j’ai vécu, seuls mes amis étaient au courant, mais aujourd’hui, j’ai peur pour Coline, devenue anorexique. Son père et Jeanne Manson ont dit de telles horreurs sur elle, la traitant de mytho et de menteuse. C’est pour ça que j’ai accepté de faire la photo. Je suis récompensée parce que cela a fait du bien à ma fille, je l’ai sentie heureuse.”
"Il y en a marre"
En février 2021, Coline Berry-Rojtman avait annoncé au Monde avoir déposé plainte contre son père pour “des faits de viols ou d’agressions sexuelles incestueux et de corruption de mineure”, notamment dans le cadre de “jeux sexuels” auxquels Richard Berry et sa compagne de l’époque, la chanteuse américaine Jeane Manson, l’auraient soumise. Les faits se seraient déroulés en 1984 et 1985 au domicile de son père. “Quand elle m’a dit ce qui s’était passé, ces obscénités, on a envie de vomir, de punir et qu’il paie. Elle avait essayé, en vain, d’aller vers lui pour qu’il lui demande pardon”, explique Catherine Hiegel.
L’affaire a été classée sans suite le 31 août 2022 pour cause de prescription. Le couple a toujours nié fermement ces accusations d’inceste. Jeane Manson a même poursuivi sa belle-fille en justice pour diffamation. Cette dernière avait alors été condamnée en première instance et en appel avant que la Cour de cassation n’annule cette condamnation le 5 décembre 2023. Le dossier a été renvoyé devant la cour d’appel de Lyon, qui rendra sa décision le 17 juillet.
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L’ancienne sociétaire de la Comédie-Française a toujours soutenu sa fille dans l’affaire Richard Berry. Elle prend position auprès du Monde, affirmant “ne plus supporter l’imposture. Que Richard Berry arrête de faire l’acteur. Il y en a marre qu’il joue l’avocat”. Du 25 janvier au 14 avril, le comédien avait joué dans la pièce L’audience est ouverte, mise en scène par Éric Théobald. Il performait seul sur la scène du théâtre de La Michodière, à Paris.