Près de deux cents associations, professionnel·les et membres de la société civile ont signé une tribune dans Le Journal du dimanche, incitant le Sénat à inscrire l'avortement dans la Constitution, alors qu'il doit se prononcer dessus le 1er février prochain.
Deux mois après son adoption par l’Assemblée nationale et alors que le Sénat doit se prononcer le 1er février prochain sur l’inscription dans la Constitution de l’Interruption volontaire de grossesse (IVG), près de deux cents associations, professionnel·les et membres de la société civile ont appelé dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche les élu·es de la chambre haute à honorer un « rendez-vous avec l’Histoire ».
« Au moment où la France pionnière peut s'inscrire dans l'histoire, nous comptons sur les sénateurs pour, comme les députés, dépasser les clivages partisans, pour faire prévaloir l'importance de l'enjeu et leur attachement au droit des femmes à disposer de leurs corps en votant massivement en faveur du texte présenté », déclarent les signataires. Parmi elles·eux, Sarah Durocher, la présidente du Planning Familial, le dernier prix Nobel de littérature Annie Ernaux, l’historienne Michelle Perrot, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, le romancier et médecin Baptiste Beaulieu ou encore l’actrice Laure Calamy et la réalisatrice Maïmouna Doucouré.
« Une solution à une grossesse non désirée »
« L'avortement n'est ni un problème, ni un drame, mais bien une solution à une grossesse non désirée », souligne la tribune publiée le 14 janvier sur le site du JDD, trois jours avant le 48e anniversaire de la loi Veil qui dépénalisa l’avortement en France. « Au cours des débats, Simone Veil, ministre de la Santé, souligne sa volonté, avant tout, de trouver une solution pragmatique face à une situation sanitaire catastrophique et injuste », rappellent ainsi les signataires.
Cet appel aux sénateur·trices se justifie d'autant plus, selon les signataires, que partout dans le monde, l'IVG est un droit menacé. Derniers exemples en date : la décision en juin dernier de la Cour Suprême américaine de mettre fin à la protection fédérale du droit à l'avortement aux États-Unis. Dix-huit États américains interdisent désormais l'IVG ou sont en passe de le faire. Tandis qu'en Hongrie, un décret oblige les femmes qui désirent avorter à être confrontées aux « fonctions vitales » du fœtus depuis le mois de septembre. « Le droit à l’avortement doit être protégé et garanti, assuré de ne pas être balayé par la velléité d’un bulletin de vote, l’expression d’un ras-le-bol, d’une lassitude ou d’une colère », souligne le texte.
Pour être gravé définitivement dans le marbre de la Constitution, le droit à l'IVG doit être voté dans les mêmes termes par l'Assemblée nationale et le Sénat, avant d'être soumis aux Français par voie de référendum. Mais l'adoption par les sénateur·trices du texte le mois prochain reste grandement hypothétique. Dominée par la droite et le centre, l'institution avait rejeté en octobre 2022 une proposition identique portée par la sénatrice EELV Mélanie Vogel.
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