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Thierry Frémaux au micro de France Inter le mardi 16 mai 2023. ©Capture d'écran France Inter.

Polémiques au Festival de Cannes : « On assume nos choix », affirme le délé­gué général

Alors que la 76eme édi­tion du Festival de Cannes démarre ce mar­di 16 mai, le délé­gué géné­ral de l'événement, Thierry Frémaux, était invi­té à réagir au micro de France Inter ce matin sur les polé­miques entou­rant le fes­ti­val, à savoir la pré­sence des films Jeanne du Barry, de Maïwenn et Le Retour, de Catherine Corsini. 

Pour le délé­gué géné­ral du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, la 76e édi­tion du Festival de Cannes « est un début de cycle ». Invité du Grand entre­tien de France Inter ce mar­di 16 mai, il a répon­du aux polé­miques, alors que démarre ce soir la 76e édi­tion avec la pro­jec­tion hors com­pé­ti­tion de Jeanne du Barry. Un film de Maïwenn dans lequel Johnny Depp – boy­cot­té par Hollywood depuis les accu­sa­tions de vio­lences conju­gales de son ex-​épouse, l’actrice Amber Heard – fera son retour sur les marches du palais des fes­ti­vals, dans le rôle de Louis XV.

« On assume nos choix », argue d'emblée Thierry Frémaux au micro de France Inter, quant à la pré­sence contes­tée du film de Maïwenn en ouver­ture mais aus­si à celui de Catherine Corsini, accu­sée de har­cè­le­ment moral sur le tour­nage de son film Le Retour, en com­pé­ti­tion pour la Palme d'or.

« S’il y a quelqu’un dans le monde qui ne s’est pas inté­res­sé du tout au pro­cès que Johnny Depp a eu avec son ex-​épouse et ses consé­quences, c’est moi », a affir­mé avec aplomb Thierry Frémaux, pré­ci­sant « ne pas avoir vrai­ment été au cou­rant de tout ça ». « C’est le film qui a été choi­si, pour­suit le délé­gué géné­ral. On reste dans le cadre de la loi, si le film avait été inter­dit ou si on nous avait inter­dit de le sélec­tion­ner, on n’aurait pas bra­vé l’interdiction ». De son côté, le dis­tri­bu­teur du film, Jean Labadie, éga­le­ment invi­té de France Inter, a décla­ré avoir « sui­vi le pro­cès avec un peu d'inquiétude ». « Il ne faut pas oublier qu’il a été jugé et qu’il a été jugé inno­cent donc je ne sais pas pour­quoi il y a encore une polé­mique », a réagi Jean Labadie au micro de la radio. 

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Une allé­ga­tion fausse, par ailleurs déjà véhi­cu­lée par Maïwenn mer­cre­di der­nier sur le pla­teau de l’émission Quotidien. Non, Johnny Depp n’a pas été jugé inno­cent le 1er juin 2022 par les sept juré·es du tri­bu­nal de Fairfax (Virginie). Les deux par­ties ont été jugées cou­pables et condam­nées pour dif­fa­ma­tion. Johnny Depp a seule­ment éco­pé d’une amende moins lourde (2 mil­lions de dol­lars) qu’Amber Heard, condam­née à payer 10 mil­lions de dol­lars de dom­mages et intérêts. 

Par ailleurs, les accu­sa­tions de vio­lences conju­gales por­tées par Amber Heard à l’encontre de Johnny Depp n’étaient pas l’objet du pro­cès. Pour rap­pel, Johnny Depp pour­sui­vait Amber Heard pour dif­fa­ma­tion pour s’être expri­mée en tant que vic­time de vio­lences conju­gales, dans un article publié dans le Washington Post en décembre 2018. 

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Au micro de France Inter, Thierry Frémaux assume éga­le­ment son choix de main­te­nir en com­pé­ti­tion le film Le Retour, de Catherine Corsini. Et ce mal­gré les accu­sa­tions de har­cè­le­ment moral durant le tour­nage de la part de la réa­li­sa­trice et d’irrégularités concer­nant une scène expli­ci­te­ment sexuelle, mais simu­lée, impli­quant une comé­dienne qui avait alors moins de 16 ans. Des faits qui ont été l'objet d'une enquête jour­na­lis­tique dans Libération et que conteste la réalisatrice. 

Sélectionné au départ pour le fes­ti­val, le film de Catherine Corsini avait été mis de côté à la suite de ces accu­sa­tions puis fina­le­ment réin­té­gré dans la com­pé­ti­tion après une enquête menée par les équipes de Thierry Frémaux. « C’est une his­toire quand même assez com­plexe. Je ne sais pas ce qui a pu se pas­ser sur le tour­nage, pas autant qu’on l’a dit, affirme Thierry Frémaux. On est quand même entre le pro­cès en sor­cel­le­rie et la rumeur d’Orléans. »

Le délé­gué géné­ral a éga­le­ment indi­qué avoir fait « une enquête d’une semaine ». « J’ai dit à la pro­duc­tion et à la réa­li­sa­trice : "Défendez-​vous parce qu'on va aller cher­cher vos accu­sa­teurs", et on a deman­dé aux accu­sa­teurs qu'on ne connaît pas, qui ne se sont pas mani­fes­tés, de le faire… Voilà, donc je crois que tout va ren­trer dans l'ordre, le film est très très bon », assure Thierry Frémaux.

Le délé­gué géné­ral du fes­ti­val juge les pro­pos d'Adèle Haenel « radicaux »

Déjà la veille, Thierry Frémaux était reve­nu lors d'une confé­rence de presse sur les pro­pos tenus par Adèle Haenel dans sa lettre adres­sée à Télérama et dans laquelle elle expli­quait pour­quoi elle arrê­tait le ciné­ma. Elle avait notam­ment fus­ti­gé « la com­plai­sance géné­ra­li­sée du métier vis-​à-​vis des agres­seurs sexuels » épin­glant les ins­ti­tu­tions, notam­ment le Festival de Cannes, qui « tous ensemble, pen­dant ce temps, se donnent la main pour sau­ver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat ».

Interrogé à ce sujet par les jour­na­listes, le délé­gué géné­ral du fes­ti­val a répon­du : « Je ne peux que com­men­ter ce qu'elle a dit à pro­pos de Cannes. En sor­tant des pro­pos que j'estime 'radi­caux', elle s'est peut-​être sen­tie obli­gée de faire ce type de com­men­taires, mais ses accu­sa­tions sont fausses et erro­nées ».

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À l'occasion de cette confé­rence de presse, Thierry Frémaux avait éga­le­ment défen­du son choix de faire l'ouverture du fes­ti­val avec Jeanne du Barry arguant là encore ne pas avoir sui­vi le pro­cès. « Je ne sais pas de quoi il s'agit. Je m'intéresse à Depp comme acteur », avait-​il alors assé­né. Difficile à croire quand on se sou­vient du bruit média­tique qu'avait pro­vo­qué le pro­cès Depp/​Heard l'an dernier. 

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