Paris : une « Journée bon­heur » dans la capi­tale lance la cam­pagne des vacances d’été du Secours Populaire

Aujourd’hui, un enfant sur trois ne peut pas par­tir en vacances. Pour per­mettre à tous et toutes de par­tir durant l’été, le Secours Populaire se mobi­lise chaque année avec sa cam­pagne vacances d’été 2023. Pour lan­cer celle de cette année, l’association a don­né rendez-​vous mer­cre­di 31 mai à 250 per­sonnes, en grande majo­ri­té des femmes, toutes béni­fi­ciaires de l'association, sur la mythique ave­nue des Champs Élysées pour une « Journée bonheur ».

Ils et elles sont ori­gi­naires des dépar­te­ments autour de Paris et se sont levé·es tôt dans la mati­née pour rejoindre la capi­tale. Au pro­gramme : visite de Paris en bus, déjeu­ner croi­sière sur la Seine et visite du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Une jour­née par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante cette année selon Thierry Robert, secré­taire natio­nal du Secours Populaire qui explique à Causette vou­loir « mar­quer les esprits, à la veille des grands départs en vacances, dans un contexte par­ti­cu­lier d'inflation, d'une grande pau­vre­té qui se démul­ti­plie et d'une pré­ca­ri­sa­tion d'une par­tie de la popu­la­tion ». 

« Moi, je veux aller en haut dans le bus », crient les enfants réuni·es devant le Publicis ciné­ma de l’avenue des Champs Élysées. Avec eux et elles, adultes et sénior·es attendent le grand départ devant quatre bus, à deux étages et au toit ouvert. « C’est impor­tant pour nous de par­ti­ci­per à cette ren­contre », raconte Thierry Robert qui veut que « les per­sonnes puissent se connaître et se nour­rir les unes des autres, mais aus­si décou­vrir le monde et s'ouvrir. C’est néces­saire pour être un bon citoyen à part entière. »

« Il n’y a que quand on est tous unie qu’on s’en sort »

Veronica Antonelli

Il est 10h, le feu vert est don­né par la qua­ran­taine de béné­voles qui encadrent la jour­née. Les enfants se pré­ci­pitent, pas de panique, il y aura de la place pour tout le monde. Mahmout, le conduc­teur du pre­mier bus, n’a pas démar­ré le moteur que l’animation à bord bat son plein. Il faut dire qu’une invi­tée de marque s’est jointe au cor­tège de vacancier·ères. La chan­teuse lyrique Veronica Antonelli, mar­raine du Secours Populaire depuis neuf ans, s'est don­né pour mis­sion d’égayer encore un peu plus la jour­née de ces 250 per­sonnes. Aux chan­sons d’Edith Piaf suc­cèdent des chan­sons en arabe. Tout le monde en a eu pour son plai­sir, ce qui ravit Veronica Antonelli. « Moi ce que je veux c’est créer des liens entre les per­sonnes et la culture », livre-​t-​elle à Causette. Les vacancier·ères remer­cient la chan­teuse avec un ton­nerre d'applaudissements. Mission réus­sie. Émue, Veronica Antonelli confie : « Il n’y a que quand on est tous unis qu’on s’en sort. »

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« On est très recon­nais­santes d’être là »

Plus une minute à perdre, le pro­gramme de la jour­née est char­gé, Mahmout donne le départ au cir­cuit qui dure deux heures. En file indienne, les bus quittent l’avenue des Champs Élysées pour se diri­ger vers la place de la Concorde. Très vite, l'excitation des vacancier·ères équipé·es d’audioguides, laisse place à la contem­pla­tion. Ici et là, cha­cun y va quand même de son com­men­taire. « Regarder les filles, vers là, il y a l’ambassade des États-​Unis ! » clame Mimi, 45 ans, à ses filles jumelles Espoire et Espérance, âgées de onze ans. Installée sur le siège de der­rière, à côté de sa mère, Sarah, six ans, ne s'arrête plus de com­men­ter ce qu’elle voit. « Moi, j’adore c’est trop bien la visite », crie-​t-​elle haut et fort dans le bus, déclen­chant un grand sou­rire sur le visage de Milana sa mère. 

Les télé­phones à la main, les vacancier·ères n’oublient pas d’immortaliser cette « Journée bon­heur » avec quelques sel­fies. L’occasion de conser­ver des sou­ve­nirs de ces vacances rares, comme pour Babeth, 73 ans et Françoise, 66 ans. L’une est béné­fi­ciaire au Secours Populaire de Blois, l’autre y tra­vaille en tant que béné­vole. C'est comme ça qu’elles se sont connues. « On est vrai­ment contentes, et on est très recon­nais­santes d’être là. Le temps est magni­fique et l’organisation est super », déclarent-​elles à Causette entre deux commentaires.

Il est 10h30 et le bus arrive place Vendôme. « Regarde ces beaux hôtels ! » laisse échap­per de sa bouche Françoise, éba­hie devant tant de luxe. Et à chaque géné­ra­tion sa pré­fé­rence. C’est devant la bou­tique de Cédric Grolet, célèbre pâtis­sier pari­sien, que les jumelles Espérance et Espoire sont, elles, eupho­riques. Ils et elles se sont tout de même mis·es d’accord sur leur monu­ment favo­ri. « Oh, c’est la tour Eiffel » ont-​iels cla­mé en chœur, émerveillé·es d’enfin voir celle qu’iels avaient tou­jours aper­çu sur une photo.

« Quand on les voit sou­rire, on sourit »

Midi approche, le tour des monu­ments de la capi­tale touche à sa fin, il est l’heure de se diri­ger vers le déjeu­ner croi­sière. Une acti­vi­té que Salima, Farouk, qui fête ces 49 ans ce mer­cre­di, et Rima leur fille attendent avec impa­tience. Installé·es en France depuis trois ans, c’est la pre­mière fois qu’ils viennent à Paris pour visi­ter la ville. « Cette jour­née, elle est par­faite » confie Farouk, ému de fêter son anni­ver­saire dans un tel cadre. Pour cette famille, c’est une oppor­tu­ni­té unique de s’évader le temps d’une jour­née. « Financièrement, c’est com­pli­qué de par­tir en vacances, on ne le fait pas », raconte Salima avant d'indiquer n’avoir « jamais pen­sé faire ça pour un anni­ver­saire ».

Installés sur une table de quatre au bord de l’eau, Jenny, Michel, Emmanuel et Shaina ont, eux, le sou­rire aux lèvres qui ne les lâche pas. Pour cette famille ori­gi­naire de Blois, le com­bat contre la pré­ca­ri­té au quo­ti­dien est com­pli­qué. Jenny ne tra­vaille pas, seul Michel qui est entre­pre­neur dans les espaces verts contri­bue au besoin finan­cier de la famille. Un apport qui mal­heu­reu­se­ment ne leur est pas suf­fi­sant pour par­tir en vacances. « L’été, les enfants vont à la pis­cine, c’est leur moyen de par­tir en vacances » raconte tris­te­ment Jenny.

« Un enfant à qui on prend la main, on change son par­cours de vie. »

Valérie Trierweiler

Les béné­voles du Secours Populaire, équipé·es d’un gilet bleu élec­trique, s’activent avant le départ du bateau pour la croi­sière. Iels ont dis­tri­bué des tickets végé­ta­riens pour les per­sonnes qui ne mangent pas de viande ou qui mangent halal avant de ins­tal­ler ici et là aux tables des vacancier·ères. Pour elles et eux, la joie pro­cu­rée aux familles est une belle vic­toire. « Quand on les voit sou­rire, on sou­rit », avoue Didier à Causette, béné­vole au Secours popu­laire depuis 1982. Là pour « aider ceux qui en ont besoin », il appré­cie par­ti­cu­liè­re­ment ces jour­nées de par­tage. « C’est aus­si l’occasion de ren­con­trer de nou­velles per­sonnes », explique-​t-​il. Sa récom­pense, c'est lorsqu’il entend les vacancier·ères lui dire : « Sans vous, on n’aurait jamais fait ça. »

Les vacances, un droit pour tous et toutes 

Tous et toutes débordent d’un enga­ge­ment et dévoue­ment sans relâche. Dominique, retrai­tée et béné­vole depuis dix ans, aide dès qu’elle le peut. « C’est un besoin de venir en aide aux per­sonnes en dif­fi­cul­tés. Donc tant que c'est pos­sible pour moi de le faire, je conti­nue », raconte-​t-​elle à Causette. C’est en musique et dans la joie qu’enfants, adultes et senior·es ont dégus­té un repas copieux tout en admi­rant encore les monu­ments pari­siens. Au menu, pâté en croûte, pou­let hari­cot et un des­sert à la myr­tille, sans oublier coupe de bulles en apé­ri­tif pour les adultes et soda pour les enfants.

Pour par­ta­ger ce moment de convi­via­li­té, le chan­teur Moussier Tombola et la jour­na­liste Valérie Trierweiler se sont joint·es à la croi­sière. De quoi faire plai­sir aux enfants et aux adultes qui se sont précipité·es pour une séance pho­to entre deux plats. Pour Valérie Trierweiler, c'est impor­tant de sou­te­nir ces per­sonnes. « Moi-​même je viens d’une famille popu­laire et quand j’étais enfant on ne par­tait pas beau­coup en vacances » confie-​t-​elle avant d’ajouter : « Un enfant à qui on prend la main, on change son par­cours de vie. »

Les vacancier·ères ont ensuite pris la direc­tion du musée du quai Branly – Jacques Chirac, pour finir cette jour­née sur une note cultu­relle. Ces huit heures de bon­heur touchent à leur fin et la sai­son 2023 des vacances d’été du Secours popu­laire est offi­ciel­le­ment lan­cée. Pendant tout l’été, des béné­fi­ciaires de la France entière par­ti­ront pour des séjours variés. Les vil­lages enfants, les vacances séniors, les vacances dans une famille ou bien les vacances en famille, sans oublier la jour­née des oublié·es des vacances : autant d'événements qui contri­bue­ront à faire rêver de nom­breuses per­sonnes pour qui les vacances ne sont pas acquises. Pourtant, « les vacances sont un droit pour tous » rap­pelle Catherine Luffroy, membre du bureau natio­nal du Secours popu­laire et char­gée des vacances.

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