Le rapport de l’ONG ILGA-Europe dévoilé ce lundi montre « une forte hausse » des violences anti-LGBTQ+ et « des suicides signalés » de personnes de cette communauté en Europe et en Asie centrale. L’ONG s’inquiète d’une hausse généralisée des actes à caractère haineux envers les personnes LGBTQ+.
« L’année 2022 a été la plus violente de ces dix dernières années pour les personnes LGBTQ+ [lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queer…] », s’inquiète l’ONG ILGA-Europe dans son rapport annuel publié lundi 20 février. Cette fédération qui œuvre pour l'égalité des droits de l'homme regroupe plus de 600 organisations dans 54 pays d’Europe et d’Asie centrale. Elle déplore une hausse des violences dans ces régions « à la suite de discours haineux croissants et généralisés de la part de politiciens, de chefs religieux, d’organisations de droite et d’experts des médias ».
Dans le rapport, l’ONG note également une « hausse [du nombre] des suicides signalés » de personnes LGBTQ+, citant notamment « celui d’un jeune couple en Arménie victime de harcèlement » ainsi que ceux de « trois femmes trans en Italie et d’une en Moldavie ».
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Une hausse généralisée de la violence
« Ces douze derniers mois, il y a eu une forte hausse non seulement de la violence contre des personnes LGBTQ+, mais aussi de l’intensité de cette violence », s’inquiète ILGA-Europe dans la 12e édition de son rapport annuel. L’ONG rappelle divers incidents qui se sont produits l'année dernière, comme l’attaque près d’un bar gay à Oslo (Norvège) en juin où un homme a ouvert le feu en marge des célébrations de la Marche des Fiertés, faisant 2 morts et 21 blessés. Tout comme celle qui a fait deux morts et un blessé en octobre devant un bar de la ville de Bratislava (Slovaquie) fréquenté par la communauté LGBTQ+.
Le rapport pointe du doigt une longue liste de pays européens où les crimes de haine anti-LGBTQ+ sont « en augmentation », notamment en France, en Hongrie, en Allemagne, au Monténégro, en Islande, en Roumanie, en Espagne, en Turquie, en Suisse et en Russie. Et si les violences sont multiples et peuvent varier en fonction des pays, elles ont toutes un modèle commun : la rhétorique haineuse. Le rapport note quand même que cette hausse des crimes s'est accompagnée d'une augmentation des poursuites judiciaires. Cependant, les poursuites judiciaires n'interviennent qu'« après-coup » et n'ont que peu d'influence sur la prévention de la violence elle-même, regrette la directrice d'ILGA-Europe selon Euronews.
Des discours insuffisants
« A ILGA-Europe, nous disons depuis des années que les discours de haine sous toutes leurs formes se traduisent par de la violence physique », a commenté la directrice de la branche européenne de l'ONG, Evelyne Paradis à l'AFP, rapporté par 20minutes. « À travers l’Europe, de nombreuses personnalités politiques ont réagi avec horreur aux meurtres de personnes LGBTQ + cette année et, si les témoignages de solidarité sont toujours nécessaires, cela ne répond pas à la racine du problème », continue-t-elle, en appelant les « dirigeants progressistes à trouver des moyens efficaces de combattre les discours de haine ».
Si l’ONG note quand même que des progrès ont été réalisés dans certains États comme en Espagne ou en Finlande – pays qui ont récemment adopté des lois progressistes pour renforcer les droits des transgenres – elle temporise, rappelant que ce sont « les militants et leurs communautés qui sont à l’origine de changements sociaux positifs [dans ces pays] et qui parviennent à faire avancer la protection juridique, malgré l’opposition organisée ».
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