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Séverine, la mère de Lucas, après le rendu à l'issue de l'audience le 5 juin 2023. Capture d'écran BFM-TV.

Mort de Lucas : les quatre élèves recon­nus cou­pables de har­cè­le­ment, mais pas de son suicide

Le tribunal pour enfants d’Épinal (Vosges) a jugé les quatre collégien·nes coupables de harcèlement ce lundi 5 juin, mais n’a pas retenu le lien de causalité entre les faits et le suicide de Lucas.

Lucas a-t-il été poussé au suicide à force d’être harcelé au collège ? Le tribunal pour enfants d’Épinal (Vosges) a tranché cette question ce lundi 5 juin en reconnaissant coupables de harcèlement les quatre élèves (deux filles et deux garçons) âgé·es de 13 ans du collège Louis Armand de Golbey (Vosges) mais sans retenir leur responsabilité dans le suicide de Lucas. L'adolescent, 13 ans également, s’est donné la mort le 7 janvier dernier à la suite de harcèlement scolaire à caractère homophobe, selon ses proches. Les juges ont estimé, eux, qu’il n’y a pas de lien de causalité établi entre ces faits et le suicide de l’adolescent.

Le tribunal a ainsi suivi les réquisitions du parquet. Lors de l’audience, le 3 avril dernier, le parquet d’Épinal n’avait pas requis la reconnaissance du harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide. Au lendemain de la mort de Lucas, le procureur d’Épinal, Frédéric Nahon, avait pourtant annoncé l’ouverture d’une enquête pour « harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide de la victime », et d’une autre « contre X pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs ». « Au vu de l’analyse du dossier et de ce qui s’est dit à l’audience, il restait un doute par rapport à la causalité », avait indiqué Frédéric Nahon à la sortie de l’audience pour justifier les réquisitions du parquet, rapporte Le Parisien.

Mesures éducatives provisoires

Pour harcèlement, les quatre collégien·nes ont écopé de mesures éducatives provisoires en attendant la prochaine audience qui fixera définitivement leurs sanctions le 22 janvier 2024. Les adolescent·es encourent jusqu’à 18 mois de prison. Si le tribunal avait reconnu le lien de causalité entre le harcèlement et le suicide de Lucas, la peine encourue aurait été plus lourde : jusqu'à cinq ans de prison.

En dépit du jugement moins sévère rendu par le tribunal, Séverine, la mère de Lucas, a fait part de son « soulagement » à l'issue de l'audience ce lundi matin : « Le verdict qui a été rendu est bien parce que le harcèlement c'est grave. Il faut que tout le monde en prenne conscience, a déclaré la mère. J'attendais que mon fils soit reconnu victime de harcèlement scolaire, c'est tout ce que je lui devais, c'est mon combat maintenant. Je vais me battre jusqu'au bout pour que ça s'arrête. »

Lucas s’est suicidé le 7 janvier dernier en laissant un mot exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours. Lors de leurs auditions par les policier·ières, ses proches avaient alors dénoncé des faits de harcèlement, révélant notamment des moqueries et insultes à caractère homophobes dont Lucas s’était dit victime de la part de quatre élèves de son collège.

Lire aussi I LGBTphobies : Pap Ndiaye lance une nouvelle campagne de lutte dans les établissements scolaires

Cinq personnes mises en examen dans l’affaire Lindsay

Dans une autre affaire de harcèlement scolaire, celle de Lindsay - qui s’est donné la mort le 12 mai dernier à l’âge de 13 ans elle aussi -, la justice a mis en examen fin mai cinq personnes, dont quatre mineures. Ces dernières, élèves du collège de Vendin-le-Vieil- (Pas-de-Calais) où était scolarisée la jeune fille, sont poursuivies pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide ». Une personne majeure, l’une des mères des quatre élèves, est poursuivie pour « menaces de mort ». Toutes ont été placées sous contrôle judiciaire.

Le harcèlement de Lindsay était connu de tous·toutes. Ses parents avait déposé deux plaintes en février dernier, trois mois avant le suicide de leur fille, rapporte franceinfo. Il·elle avaient aussi alerté le directeur de l’établissement et même le président de la République. « J’ai tout essayé, j’ai tout fait. On n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après », a condamné Betty Gervois, la mère de Lindsay, lors d’une conférence de presse le 2 juin dernier.  

Les insultes persistent

Les parents de l’adolescente ont annoncé avoir récemment déposé trois plaintes pour « non-assistance à personne en péril » contre le directeur du collège, l’académie de Lille (Nord) et le commissaire de Lens (Pas-de-Calais) en charge de l’enquête à la suite de la plainte déposée avant le suicide de Lindsay. Ses parents ont aussi déposé plainte à l’encontre de Facebook et Instagram France, « complètement défaillants » en matière de modération des contenus.

Sur les réseaux sociaux, les insultes se poursuivent depuis la mort de l’adolescente. « Ma fille n’est plus là, mais elles continuent, en disant : “Enfin, elle est morte cette pute, je vais pisser sur sa tombe, je vais lui cramer sa tombe” », a dénoncé Betty Gervois sur le plateau de Touche pas à mon poste, lundi 29 mai. Des insultes visent aussi la meilleure amie de Lindsay.

Ouverture d’une enquête administrative

Interrogé au sujet de la mort de Lindsay sur BFM-TV jeudi 1er juin, le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye a reconnu des failles. « À l’évidence, il s’agit d’un échec collectif, la mort de Lindsay, son suicide, c’est une tragédie pour ses proches, pour l’Éducation nationale et pour le pays, comme pour le suicide de n’importe quel jeune », a déclaré le ministre. Pour lui, les réseaux sociaux « ont leur part de responsabilité ». « Avec d’autres ministères, nous allons nous concerter et agir de manière extrêmement ferme à l’égard des réseaux sociaux, car au-delà de ce qu’ils peuvent dire, nous savons que leur réaction est trop lente », a-t-il annoncé.

En ce qui concerne le suicide de Lindsay, le ministre de l’Éducation nationale a demandé à l’Inspection générale de l’Éducation l’ouverture d’une enquête administrative. « Il est important qu’on ait une enquête administrative pour savoir exactement ce qui était su, pas su », a déclaré de son côté la rectrice de l’académie de Lille, Valérie Cabuil, auprès de France Bleu Nord.

Lire aussi I « On a pris perpet’ le 13 février 2013 » : dix ans après le suicide de sa fille Marion, Nora Fraisse se confie

Votre enfant est victime de harcèlement ?

Le 3020 est le numéro national à joindre pour les personnes victimes de harcèlement scolaire. La victime ou ses proches peuvent contacter ce numéro d'écoute et de prise en charge gratuit, accessible du lundi au vendredi, saufs jours fériés, de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h

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