Peu convaincu·es, c’est un euphémisme. À gauche, l’annonce de la composition du nouveau gouvernement a provoqué de nombreuses réactions, dénonçant des ministres recyclé·es, poursuivi·es en justice, ainsi que le recul de la parité femmes-hommes.
Les réactions de la gauche ne se sont pas fait attendre suite à l’annonce des ministres qui constituent désormais le nouveau gouvernement Attal. Sur X (ex-Twitter), de nombreux·euses femmes et hommes politiques ont fait part de leur mécontentement face à ce gouvernement, qui intègre notamment deux ministres issues de la droite, Catherine Vautrin et Rachida Dati.
Datée Dati
Cette dernière, bien connue de l’Élysée, a particulièrement fait réagir la gauche. “La “régénération”, c’est donc celle des dinosaures sarkozystes, le “réarmement civique”, c’est donc la nomination d’une ministre mise en examen pour trafic d’influence et corruption”, a notamment commenté sur X le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sans nommer explicitement Rachida Dati. Depuis juillet 2021, l’ancienne ministre de la Justice sous Sarkozy est en effet mise en examen pour “corruption” et “trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public” dans l’enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG. Rachida Dati nie depuis toute irrégularité.
Tous et toutes ne fustigent néanmoins pas complètement son retour en tant que ministre de la Culture. Plus surprenant, en effet, sur France Info, la conseillère EELV de Paris Alice Coffin s’est dite pleine “d’attentes quant à la présence de Rachida Dati au sein de ce gouvernement”. Si elle précise d’emblée que celle-ci était jusqu’ici “la cheffe de la droite parisienne, c’est à dire ce qui se fait de pire dans ce pays au niveau politiques anti-écologique, antisociale et j’en passe…” la militante ajoute néanmoins qu’elle est “une des rares femmes politiques qui n’a pas peur des hommes”. Elle a pu elle-même le constater en travaillant à ses côtés au conseil de Paris, où Mme Dati “a fait preuve à [son] égard d’une grande solidarité pour ce qui est d’être défendue face aux nombreuses attaques sexistes qui émaillent la vie politique”. Face aux nombreux hommes dans la culture et les médias qui abusent de leur pouvoir, Alice Coffin dit espérer de Rachida Dati “qu’elle continue à faire ce qu’elle sait faire, c’est à dire user de son verbe pour les dézinguer, les mettre hors d’état de nuire”.
À droite toute
Plus largement, la gauche s’offusque de la nomination au gouvernement Attal de ministres de droite, certain·es issu·es du cercle habituel d’Emmanuel Macron. “Il n’y a plus ‘d’aile gauche’, il n’y a plus de ‘en même temps’, il n’y a plus qu’une coalition des droites pour mener une politique libérale et autoritaire”, écrit par exemple Boris Vallaud, chef des députés socialistes. “Ce remaniement sent l’agonie de l’entre-soi et une attaque sans précédent de nos droits. Nous les combattrons sans faillir”, abonde encore la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot, dénonçant la “concentration des portefeuilles”, la “relégation des femmes” et le “recyclage interminable du premier cercle du monarque”.
Sur X, la patronne des écologistes, Marine Tondelier, et le secrétaire national des communistes, Fabien Roussel, ont par ailleurs eu la même expression, saluant chacun·e “le gouvernement Sarkozy IV”. Une tournure explicitée par le député LFI François Ruffin, qui déclare que “Macron ressuscite l’UMP de Sarkozy. Quelle audace, quel dépassement, quelle disruption ! L’alliance des droites est scellée. En face, l’union de la gauche, vite !”, a‑t-il plaidé. La députée écologiste et féministe Sandrine Rousseau a quant à elle regretté qu’il n’y ait “aucune femme sur un ministère régalien”. Ironisant sur les objectifs annoncés du quinquennat, elle ajoute : “On est bien là, à la fraîche, décontractés de la grande cause.”
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