Avec la nomination ce mardi matin de Gabriel Attal, pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le chef d’un gouvernement est ouvertement gay. Mais s’il assume son homosexualité, il ne la revendique pas pour autant.
En étant nommé ce mardi matin à Matignon, Gabriel Attal – ancien ministre de l’Éducation – devient, à 34 ans, le plus jeune chef de gouvernement de la Ve République. Il devient aussi le premier à assumer publiquement son homosexualité. Il l’a en effet évoqué à plusieurs reprises, sans tabou, racontant à la télévision le harcèlement et les injures homophobes qu’il a subis à l’adolescence, une première en France pour un Premier ministre.
S’il parle aujourd’hui publiquement et librement de son orientation sexuelle, Gabriel Attal a été outé contre son gré. Nous sommes alors en octobre 2018 et l’avocat Juan Branco, son ancien camarade de classe à l’École alsacienne à Paris, dévoile dans son livre Crépuscule l’homosexualité du jeune macroniste, tout juste nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale. L’avocat révèle la relation de Gabriel Attal, alors avec Stéphane Séjourné, ex-conseiller politique d’Emmanuel Macron, aujourd’hui chef du parti présidentiel Renaissance. “Sympathique promotion-canapé pour Attal, pacsé à la ville avec le conseiller politique de Macron, qui récupère sans autres raisons un maroquin ministériel”, écrit-il.
C’est dans un portrait que L’Obs lui consacre deux mois plus tard, en décembre 2018, que Gabriel Attal évoque pour la première fois son homosexualité dans les médias. En avril 2019, dans un autre portrait publié dans Libération, il laisse entendre qu’il ne serait pas contre une gestation pour autrui (GPA) “éthique”, pour avoir un enfant, si c’était légal en France. Une mesure à laquelle s’est par ailleurs toujours opposé Emmanuel Macron.
“Déferlement d’insultes et d’injures”
En novembre dernier, Gabriel Attal – alors ministre de l’Éducation nationale – révèle dans l’émission Sept à huit, sur TF1, avoir vécu du harcèlement lors de son passage à l’École alsacienne. “J’étais à la fin du collège, j’avais 14, 15 ans et il y avait un élève de l’établissement qui avait ouvert ce site Internet où il fallait mettre des commentaires sur le physique des élèves. À cette occasion, j’ai vécu un déferlement d’insultes et d’injures. Ça a duré plusieurs mois et ça a été très violent.” “Les commentaires postés c’était : pédale, tafiole, tarlouze, raconte-t-il face à la caméra. Je pense que c’était sur une orientation sexuelle supposée à l’époque, parce que je n’en parlais pas.”
Il parle pour la première fois de son homosexualité à son père en novembre 2015, peu avant sa mort. À l’hôpital, il lui annonce qu’il a rencontré quelqu’un. “Il m’a répondu : ‘C’est maintenant que tu me le dis ? J’avais bien compris. J’espère que je serai sorti [de l’hôpital, ndlr] avant la fin de la semaine. Comme ça tu pourras l’inviter au brunch dimanche’”, raconte-t-il à Libération en avril 2019. Avant de préciser que ce brunch n’a jamais eu lieu, son père étant mort quelques heures plus tard d’un cancer foudroyant.
Asssumer son homosexualité sans la revendiquer
Le nouveau titulaire de Matignon n’est toutefois pas militant LGBTQIA+. “Pour ce qui est de l’homosexualité, j’ai toujours considéré qu’on pouvait l’assumer sans la revendiquer”, affirme-t-il à Closer en août 2019. “Je me demande si la porter comme une bannière ne contribuerait pas à en faire un truc anormal.”
De son côté, l’association SOS Homophobie s’est félicitée de cette nomination. “Nous nous réjouissons du fait qu’être homosexuel ou gay aujourd’hui ne soit plus un obstacle à l’exercice de fonctions de premier rang. La société progresse et cette visibilité va dans le bon sens”, a-t-elle déclaré sur X (anciennement Twitter) avant de poursuivre : “Ce qui est important toutefois ce sont les actes et les politiques menées : nous attendons un gouvernement qui prend à bras-le-corps la question des violences et des agressions contre les personnes #LGBTI, et agisse concrètement pour l’égalité des droits.”
