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Le logo du collectif « Stop Bollore » (Facebook/Stop Bolloré)

Le col­lec­tif « Stop Bolloré » dénonce les dan­gers de la concen­tra­tion des médias

Lancé ce mer­cre­di, un col­lec­tif regrou­pant des jour­na­listes et membres de la socié­té civile entend com­battre la concen­tra­tion des médias et de l’édition. Dans son viseur, l’industriel bre­ton Vincent Bolloré.

Médias, syn­di­cats, asso­cia­tions… Des jour­na­listes et membres de la socié­té civile ont déci­dé, en décembre 2021, de s’unir en créant le col­lec­tif « Stop Bolloré » afin de lan­cer « un débat public sur les dan­gers extrêmes de la concen­tra­tion des médias et de l’utilisation des sources d’édition à des fins idéo­lo­giques », peut-​on lire sur leur site Internet.

Officiellement lan­cé ce mer­cre­di, il dénonce un phé­no­mène qui « conduit une majo­ri­té de médias à nous pro­po­ser les mêmes points de vue sur le monde, la socié­té, les poli­tiques pos­sibles », la majo­ri­té de l’information étant dif­fu­sée selon lui « par des organes de presse appar­te­nant à quelques grands groupes indus­triels, aux inté­rêts simi­laires ». « La concen­tra­tion des médias étouffe le débat poli­tique. Elle rend donc impos­sible toute forme de démo­cra­tie réelle », affirme, enfin, cette organisation.

Dans son viseur, l'industriel bre­ton Vincent Bolloré, pro­prié­taire ou action­naire majo­ri­taire de plu­sieurs médias et mai­sons d'édition, à tra­vers le groupe Vivendi dont il détient le capi­tal le plus impor­tant : de Canal+ à Lagardère (Paris Match, Europe 1, Le Journal du Dimanche…) en pas­sant par Éditis. Cette der­nière, mai­son d'édition, s'apprête d'ailleurs à fusion­ner avec le pre­mier groupe d'édition fran­çais Hachette (qui appar­tient pour l'heure à Lagardère), mena­çant de créer un mas­to­donte cultu­rel qui effraie le milieu.

Par ailleurs, la date de lan­ce­ment du col­lec­tif ne semble pas avoir été choi­sie au hasard. Le chef d'entreprise est cen­sé prendre sa retraite jeu­di, pour le bi-​centenaire du groupe Bolloré. Deux de ses fils vont certes reprendre offi­ciel­le­ment la main, mais l'ombre du père pro­met de pla­ner long­temps sur la mul­ti­na­tio­nale. Pour « Stop Bolloré », cette concen­tra­tion des médias est « sans pré­cé­dent dans notre his­toire ». Avant de pour­suivre : « Elle ren­verse les prin­cipes démo­cra­tiques garan­tis depuis la Seconde Guerre mon­diale, et tous les pro­grès de la liber­té de la presse, du droit d’informer et des médias. Sous nos yeux incré­dules se déroule une révo­lu­tion rétro­grade qu’il est urgent d’empêcher. […] L’empire Bolloré est cette entre­prise visant à uti­li­ser le pou­voir éco­no­mique pour asser­vir l’information, en vue d’acquérir le pou­voir poli­tique et d’instaurer une hégé­mo­nie liber­ti­cide et anti­dé­mo­cra­tique. »

Saisine de l’Arcom et plainte contre X

Plusieurs actions ont donc été enga­gées. Parmi elles, une sai­sine de l’Autorité de régu­la­tion de la com­mu­ni­ca­tion audio­vi­suelle et numé­rique (Arcom), née de la fusion du CSA et de l’Hadopi, afin de deman­der la sanc­tion de la chaîne CNews « pour ses mul­tiples man­que­ments à la conven­tion la liant à l’Arcom ». Cette sai­sine s’appuie sur le vision­nage de l’émission Face à l’info, pré­sen­tée par Christine Kelly et dans laquelle inter­ve­nait Éric Zemmour jusqu’à il y a quelques mois. Le col­lec­tif note notam­ment sept man­que­ments contrac­tuels, sans pré­ci­ser lesquels.

Une plainte contre X va éga­le­ment être dépo­sée, avec des asso­cia­tions anti­ra­cistes par­te­naires, pour « pro­vo­ca­tion à s’armer contre une par­tie de la popu­la­tion non sui­vie d’effet » et « dif­fu­sion à des mineurs d’un mes­sage à carac­tère violent et de nature à por­ter gra­ve­ment atteinte à la digni­té humaine ». Le col­lec­tif explique qu’il a pu démon­trer l’existence « répé­tée » de cette pro­vo­ca­tion, en vision­nant les émis­sions de CNews, à tra­vers l’utilisation d’expressions telles que « Les Français ne s’arment pas » ou « guerre de civi­li­sa­tion ».

« Stop Bolloré » pro­pose d’interdire la pos­ses­sion de médias par des groupes indus­triels vivant des com­mandes et mar­chés publics, de publier l’identité des action­naires directs et indi­rects des médias, ou encore de créer deux nou­veaux délits, celui de tra­fic d’influence en matière de presse et celui de censure.

Pour Edwy Plenel, fon­da­teur de Mediapart, dont la Société de jour­na­listes fait par­tie du col­lec­tif, « il existe aujourd’hui une prise de conscience », a‑t-​il indi­qué lors d’une confé­rence de presse orga­ni­sée ce mer­cre­di : « Le cas Bolloré nous fait prendre conscience d’un dan­ger immense : que les infor­ma­tions soient étouf­fées, effa­cées par le droit de dire le pire, l’impensable, l’effroyable, y com­pris comme l’idéologie cri­mi­nelle par­lant de “grand rem­pla­ce­ment”. Nous appe­lons à un sursaut. »

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