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© Steinar Engeland / Unsplash

Nouveau pro­to­cole pour le trai­te­ment judi­ciaire des viols conju­gaux : "un retour en arrière inquiétant"

Selon des récentes infor­ma­tions de Mediapart, un pro­to­cole enté­ri­né cet été par le par­quet de Paris pré­voit que les viols conju­gaux ne seront plus trai­tés par la police judi­ciaire pari­sienne mais par les com­mis­sa­riats. Dans un com­mu­ni­qué envoyé à Causette, le Collectif fran­çais contre le viol conju­gal réagit et dénonce « la gra­vi­té d'une telle décision ».

Fin novembre, Mediapart révé­lait que le par­quet de Paris, la direc­tion régio­nale de la police judi­ciaire (DRPJ) et la direc­tion de la sécu­ri­té de proxi­mi­té de l’agglomération pari­sienne (DSPAP) avaient enté­ri­né en juillet un nou­veau pro­to­cole sur le trai­te­ment judi­ciaire des viols conju­gaux. Selon le média d’investigation, ce der­nier pré­voit qu’à Paris, les viols « com­mis dans un contexte conju­gal » seront désor­mais trai­tés par les com­mis­sa­riats et non plus par la police judi­ciaire. Cette der­nière traite donc désor­mais uni­que­ment les viols com­mis hors du contexte conjugal.

Mediapart rap­pelle que jusqu’à pré­sent – et depuis 2006 -, lorsqu’une per­sonne dépo­sait plainte dans un com­mis­sa­riat pari­sien pour des vio­lences conju­gales, dont des vio­lences sexuelles, les bri­gades cri­mi­nelles de la police judi­ciaire se sai­sis­saient auto­ma­ti­que­ment de cette par­tie de l’enquête tan­dis que les bri­gades locales de pro­tec­tion de la famille s’emparaient elles des vio­lences phy­siques et psy­cho­lo­giques. C’est donc pour har­mo­ni­ser le trai­te­ment judi­ciaire et évi­ter à la plai­gnante de devoir répé­ter son his­toire à plu­sieurs ser­vices que le par­quet de Paris a enté­ri­né ce pro­to­cole. « Les par­que­tiers ont déplo­ré ce décou­page, et cette mul­ti­pli­ca­tion d’interlocuteurs dans un domaine sen­sible et pour lequel le lien de confiance, coû­teux à éta­blir au début, est fas­ti­dieux à réité­rer pour la vic­time avec chaque nou­vel acteur », avait indi­qué le par­quet de Paris auprès de Mediapart pour expli­quer sa décision.

« Retour en arrière »

Pour le Collectif fran­çais contre le viol conju­gal (CFCVC), consti­tué en juillet der­nier pour sen­si­bi­li­ser la socié­té au consen­te­ment dans le couple et en finir avec la notion de « devoir conju­gal », ce pro­to­cole signi­fie au contraire « un retour en arrière inquié­tant ». Dans un com­mu­ni­qué envoyé à Causette, le col­lec­tif regrette qu’à Paris, « lorsqu’un viol est conju­gal, il n’est plus pris en charge par la police judi­ciaire mal­gré son carac­tère cri­mi­nel ». Le CFCVC explique que cela risque d’accroître au contraire « l’inégalité de trai­te­ment entre les viols conju­gaux et ceux com­mis hors cadre conju­gal ». Auprès de Mediapart, le Syndicat de la magis­tra­ture craint de son côté une « dégra­da­tion » de la réponse judi­ciaire : « Décider ab ini­tio que telle caté­go­rie de viols ne va pas méri­ter l’expertise et les moyens de la police judi­ciaire est problématique ».

Alors qu’en France, la moi­tié des viols sont conju­gaux, le col­lec­tif fran­çais contre le viol demande « l’application légale du viol conju­gal en tant que cir­cons­tance aggra­vante du viol ». Il réclame aus­si « des juri­dic­tions spé­cia­li­sées dans la prise en charge des vic­times de vio­lences sexistes et sexuelles » afin de per­mettre une « véri­table har­mo­ni­sa­tion de l’accueil et du trai­te­ment des vic­times sur l’ensemble du ter­ri­toire ». Rappelant que le viol conju­gal com­porte des spé­ci­fi­ci­tés (la vic­time vit sou­vent avec son agres­seur par exemple), le col­lec­tif demande aus­si une jour­née de for­ma­tion sur les vio­lences sexuelles conju­gales pour tous·toutes les professionnel·les d’État sus­cep­tibles de recueillir et de trai­ter la parole des victimes.

lire aus­si I Collectif fran­çais contre le viol conju­gal : « Il faut décons­truire l’idée que dans un couple, le consen­te­ment est pré­su­mé d’office »

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