Après l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « harcèlement moral et sexuel » le 16 janvier dernier, le président de la fédération française de football a annoncé sa démission ce mardi matin lors du comité exécutif.
Alors que les crises à la Fédération Française de Football (FFF) se multiplient, avec récemment la démission collective de quatre joueuses de l'équipe de France dont la capitaine Wendie Renard, Noël Le Graët (NLG) a annoncé ce mardi 28 février sa démission lors d’une réunion au sommet du comité exécutif de la « 3F ».
À 81 ans, le désormais ex-président de la FFF a été rattrapé par des accusations de « harcèlement moral et sexuel » en janvier dernier. Le 16 janvier, le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire dans la foulée de ces accusations. Et il y a quinze jours un rapport d’audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), remis à la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra a encore pointé du doigt Noël Le Graët. Les conclusions étaient accablantes : « NLG » n’a plus « la légitimité nécessaire pour administrer et représenter », le football français. En cause : un « exercice de pouvoir très centralisé », « une consommation excessive d’alcool », « des dérapages médiatiques », un « comportement inapproprié vis-à-vis des femmes » et des « défaillances de la gouvernance de la FFF ». La FFF avait pourtant défendu son président, arguant que « ce rapport ne fait état d’aucune défaillance systémique, ni d’aucun manquement à ses missions régaliennes ».
Ce mardi matin, ils étaient 13 au départ autour de la table du comité exécutif, avant de finir à 12. Noël Le Graët quitte son poste à deux ans de la fin de son troisième mandat, qualifié « de trop » par beaucoup aujourd'hui. Depuis le 11 janvier, il était mis en retrait après ses propos polémiques sur Zinédine Zidane.
Noël Le Graët prépare sa défense
C'est notamment sa famille et certain·es proches du comité exécutif de la FFF qui ont poussé l'ex-président de la FFF à prendre cette décision, détaille franceinfo. Noël Le Graët souhaite contester juridiquement les faits qui lui sont reprochés. Une prise de parole dans la presse est aussi attendue. Noël Le Graët devrait s'exprimer publiquement pour la première fois depuis les propos polémiques sur Zinédine Zidane afin de contester juridiquement les faits qui lui sont reprochés et « défendre son honneur ». C'est le vice-président de la FFF, Philippe Diallo, qui assurera l'intérim jusqu'en juin 2023 et la prochaine assemblée générale de la fédération. Il assurait déjà l'intérim depuis la mise en retrait de Noël Le Graët, selon les informations de franceinfo.
De son côté, la FFF « tient à saluer le bilan sportif et économique remarquable de Noël Le Graët, a précisé l'instance dans un communiqué. Depuis le 18 juin 2011, date de son élection, les sélections masculines et féminines ont remporté 11 titres et disputé 6 finales de tournois internationaux. Ces excellents résultats s’expliquent notamment par une politique ambitieuse en matière de formation. »
Autre décision en suspens, l'avenir de Corinne Diacre. Après le retrait de plusieurs joueuses de l'équipe de France, à la suite de désaccords entre ces dernières et la sélectionneuse des Bleues, et cela à moins de cinq mois de la Coupe du monde de football féminin, Corinne Diacre pourrait être démise de ses fonctions. Par qui sera-t-elle remplacée ? Plusieurs noms sont sur le papier : Éric Blahic, Marinette Pichon ou Sonia Bompastor. L’entraineuse avait été prolongée l’été dernier par Noël Le Graët jusqu’en 2024.
Au Canada aussi, le président de la fédération démissionne
Le président de la Fédération canadienne de football, Nick Bontis (53 ans), a lui aussi annoncé sa démission lundi 27 février, reconnaissant la nécessité d'un « changement » dans le contexte de tension avec la sélection nationale féminine. Celle-ci dénonce les inégalités femmes-hommes et le manque de financement de sa pratique, et avait dû renoncer à une grève mi février, sous peine de poursuites judiciaires de la part de la fédération.
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