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© missbutterflies / Wikimedia Commons

Les locaux du Planning Familial atta­qués à Lille, les iden­ti­taires poin­tés du doigt

Après le Planning fami­lial de Bordeaux visé par des iden­ti­taires il y a un an, c’est au tour du Planning de Lille d’avoir été la cible de dégra­da­tions en début de semaine.

Qui donc le Planning Familial, cette asso­cia­tion natio­nale fémi­niste indis­pen­sable à la san­té repro­duc­tive des femmes, dérange-​t-​il ? La ques­tion se pose à nou­veau, après que ses locaux situés en plein centre-​ville de Lille ont été dégra­dés dans la nuit de lun­di 19 février. “Les fenêtres du Planning ont été salies” et l’établissement “a été ciblé par des tags sur les affiches de la devan­ture”, affirme un com­mu­ni­qué publié par la struc­ture nationale.

“Ces tags res­semblent à des gri­bouillis pour mas­quer la vitrine où se trouvent des affiches défen­dant les droits des per­sonnes LGBT et le droit à l’avortement, pré­cise à Causette Véronique Séhier, ex-​coprésidente du Planning fami­lial, qui milite tou­jours à l’association. Le geste n’est pas signé, mais au même moment, c’est le local de l’association envi­ron­ne­men­tale L’Offensive qui a été dégra­dé de tags repré­sen­tant une croix cel­tique et une ins­crip­tion ‘fuck AFA’.” Le local de L’Offensive – qui assume une ligne éga­le­ment fémi­niste – se trouve à sept minutes à pied du Planning. 

Intimidation du public

L’association a por­té plainte pour dégra­da­tion mais aus­si pour délit d’entrave à l’IVG. “Avec ces tags, c’est d’une part le mili­tan­tisme du Planning qui est visé et avec lui, un pro­jet de socié­té pour l’accès aux droits en matière de san­té repro­duc­tive, fait remar­quer Véronique Séhier. Mais ce sont éga­le­ment les per­sonnes que l’on accueille qui sont atta­quées, car pour ce public sou­vent jeune et pré­caire, il peut être très inti­mi­dant de pous­ser la porte d’un lieu poin­té du doigt de la sorte.” Pour la mili­tante, il ne serait pas éton­nant qu’une fois encore, les cou­pables soient à cher­cher du côté de l’extrême droite, “dans un contexte de consti­tu­tion­na­li­sa­tion de l’IVG qui dérange, et de récente dis­so­lu­tion d’un grou­pus­cule d’extrême droite lil­lois [La Citadelle, dis­soute en début du mois, ndlr].

Il y a un an pile, c’était le Planning de Gironde, en plein Bordeaux, qui avait été ciblé par le grou­pus­cule d’extrême droite bor­de­lais Action directe iden­ti­taire. “Une ins­crip­tion en lettres rouges, ciblant l’IVG [et] reven­di­quée par Action directe iden­ti­taire, et une Croix de Lorraine” avaient dégra­dé la façade de ses locaux, rap­por­tait alors l’association. C’était la deuxième fois que le Planning de Bordeaux était atta­qué par ces iden­ti­taires, après un pre­mier tag deux semaines aupa­ra­vant disant : “Aujourd’hui sté­ri­li­sés, demain pucés.” Véronique Séhier évoque aus­si ces der­nières années des attaques de locaux du Planning à Strasbourg et à Lyon, “où règne un fort vivier iden­ti­taire”, rap­pelle Véronique Séhier.

Lire aus­si l Dégradations : le Planning fami­lial de la Gironde à nou­veau visé par l'extrême droite

Mais les attaques à l’encontre du Planning ne se for­ma­lisent pas seule­ment dans des actes de délin­quance. Elles sont aus­si poli­tiques. En novembre der­nier, la pré­si­dente de la struc­ture natio­nale, Sarah Durocher, dénon­çait auprès de Causette  “l’intensification” des appels à cou­per ses sub­ven­tions, sous la forme d’interpellations du gou­ver­ne­ment par des par­le­men­taires RN, ou de demandes d’élus locaux·ales, notam­ment depuis l’été 2022. À cette époque, l’organisation avait sor­ti une série d’affiches pour défendre l’accès des per­sonnes LGBTQIA+ au Planning. L’une d’elles por­tait le slo­gan “Au Planning, les hommes aus­si peuvent être enceints”, avec un des­sin repré­sen­tant un homme trans­genre (c’est-à-dire né bio­lo­gi­que­ment femme mais dont l’identité de genre est mas­cu­line) pen­dant sa grossesse.

“Nos lieux d’accueil res­te­ront ouverts”

Havre de paix et de confi­dence pour de nom­breuses femmes qui s’y rendent pour s’informer sur leur san­té, leurs droits et accé­der à une contra­cep­tion ou à l’IVG, le Planning fami­lial est né en 1956 sous le nom de La mater­ni­té heu­reuse dans l’objectif de dif­fu­ser l’information sur le contrôle des nais­sances. Dès 1960, il se struc­ture dans le Mouvement fran­çais pour le plan­ning fami­lial et dis­tri­bue des moyens contra­cep­tifs aux femmes, dans une France où la pilule ne sera léga­li­sée qu’en 1967.

“Au Planning fami­lial, chaque année, c’est près d’un demi-​million de per­sonnes qui sont concer­nées direc­te­ment par nos actions, indi­vi­duel­le­ment ou lors de séances col­lec­tives, indique le Planning dans un com­mu­ni­qué publié à la suite de l’attaque des locaux lil­lois. […] Nos lieux d’accueil res­te­ront ouverts à toutes et tous, sans dis­cri­mi­na­tion, sans dis­tinc­tion et sans juge­ment.” Et de conclure : “Nous pour­sui­vons notre objec­tif d’un égal accès de toutes les per­sonnes aux mêmes droits, à la même infor­ma­tion, à la san­té sexuelle, à l’autonomie et à l’émancipation.”

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