Quinze jours après l’émergence du #MeTooPolitique, la conseillère de Paris Alice Coffin et la collaboratrice parlementaire Mathilde Viot sont revenues ce vendredi 3 décembre sur la suite donnée au mouvement.
« Il y a une alerte rouge dans le champ politique qui menace toute la démocratie française », s’alarme Alice Coffin lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 3 décembre. Aux yeux de la conseillère de Paris, la possibilité pour les femmes d’avoir une carrière politique est menacée. Ce risque est lié aux violences sexistes et sexuelles qui sévissent dans le milieu, mais aussi et surtout, est dû au manque d’actions de la justice et de l’Etat.
A la suite d’une part, de la tribune publiée dans le Monde qui a lancé le mouvement #MeTooPolitique et les multiples témoignages qui ont afflué et d’autre part de la diffusion de l’enquête d’Envoyé spécial sur Nicolas Hulot, Alice Coffin dénonce aujourd’hui « l’absence de réaction » mais aussi « des réactions éloquentes qui alarment », comme celle d’Emmanuel Macron. Mercredi 1er décembre, en Conseil des ministres, le Président de la République déclarait : « Nous n'accepterons jamais une société de l’opacité ou de la complaisance. Et nous ne voulons pas non plus d'une société de l’inquisition. » Le mot fait bondir la conseillère de Paris qui dénonce l’ampleur du déni français. Il y a quatre ans déjà, Emmanuel Macron assurait qu'il ne voulait pas tomber « dans un quotidien de la délation ». Pour Alice Coffin et Mathilde Viot, il est inacceptable aujourd’hui de tenir de tels propos alors que les témoignages se multiplient, tout comme les enquêtes journalistiques. Elles soulignent : « Ce n’est jamais seulement une question d’agressions sexuelles mais une question de pouvoir. » Il s’agit d’une affaire de « responsabilité collective », tant de la part des politiques que des médias, qui jouent « un rôle fondamental ».
Lors du lancement de la plateforme #MeTooPolitique, les initiatrices du mouvement incitaient les cadres de partis politiques à s’engager à ne pas parrainer, investir ou embaucher une personne mise en cause pour violences sexistes ou sexuelles. Jusqu’à présent, seuls des partis de gauche (EELV, le Parti Socialiste, la France Insoumise, Génération Ecologie et Génération·s) s’y sont engagés. « On attend tous les autres », souligne Mathilde Viot. Une pétition exigeant qu’aucun candidat mis en cause ne soit investi a recueilli jusqu’à présent 35 000 signatures.
D’un point de vue juridique, l’assistante parlementaire Mathilde Viot répète que l’article 40 du code de procédure pénale oblige à signaler des faits de violence au procureur de la République lorsqu’on en est informé·e. Pourtant, la justice n’est « jamais saisie » et c’est ce que le collectif dénonce aujourd’hui : « Ces femmes se sont heurtées à des institutions qui n’ont pas su les entendre ». Dans le cadre d’une relation de subordination telle qu’elle existe entre un·e parlementaire et son·sa collaborateur·trice, l’urgence est, aux yeux du collectif, de « protéger les plus vulnérables ». Il suggère donc au Parlement de geler la « clause de loyauté » qui prévaut dans ces contrats de travail car si une femme refuse des avances, l’élu peut considérer que la confiance est rompue et ainsi la licencier, ce qui « fragilise les collaboratrices ».
Les représentantes du collectif #MeTooPolitique affirment recevoir « tous les jours » des témoignages de femmes victimes, et tentent de mettre en lien celles agressées par les mêmes hommes. Elles soulignent que « le monde politique français est gangrené par ces questions-là » et espèrent que le mouvement de lutte contre les violences sexistes et sexuelles sera au cœur de la campagne présidentielle.