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L'Assemblée vote à l'unanimité la sus­pen­sion de l’autorité paren­tale en cas de pour­suites pour inceste ou vio­lences conjugales

Cette pro­po­si­tion de loi exa­mi­née en pre­mière lec­ture intro­duit éga­le­ment la pos­si­bi­li­té pour le·la juge de reti­rer l'autorité paren­tale lorsqu'il·elle condamne un parent pour inceste ou vio­lences conju­gales ayant entraî­né une ITT de plus de huit jours.

« Un homme violent ne peut pas être un bon père ». Ce slo­gan fémi­niste, c'est l'esprit de la pro­po­si­tion de loi de la dépu­tée Isabelle Santiago, votée à 232 voix (0 contre) dans la soi­rée de jeu­di. C'est à l'occasion d'une niche par­le­men­taire du par­ti socia­liste (PS) que la dépu­tée du Val-​de-​Marne a pu pré­sen­ter en pre­mière lec­ture son texte visant à « pro­té­ger plus effi­ca­ce­ment un enfant du parent violent ».

L'article 1er de la pro­po­si­tion de loi consiste en effet à sus­pendre l'autorité paren­tale d'un père ou d'une mère dès lors qu'il ou elle est poursuivi·e par la jus­tice pour des faits d'inceste ou pour des faits de « vio­lences ayant entraî­né une inca­pa­ci­té totale de tra­vail [ITT] supé­rieure à huit jours » sur l'autre parent. Jusqu'à pré­sent, seules les pour­suites pour « crime » envers l'autre parent peuvent entraî­ner la sus­pen­sion de cette auto­ri­té paren­tale et des droits de visite et d'hébergement associés. 

Recommandations de la Ciivise

À cette dis­po­si­tion concer­nant les vio­lences conju­gales, l'article 1er ajoute les faits d'inceste : l'autorité paren­tale et les droits de visite et d'hébergement du parent pour­sui­vi seront éga­le­ment sus­pen­dus en cas d'agression sexuelle ou de viol à l'encontre de son enfant. Cette dis­po­si­tion concer­nant l'inceste est la tra­duc­tion d'une des recom­man­da­tions for­mu­lées par la Commission indé­pen­dante sur l'inceste et les vio­lences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) en mars dernier.

Pour autant, l'article 2 de la pro­po­si­tion de loi votée a adap­té une autre des recom­man­da­tions de la Ciivise. Alors que l'organisme pré­co­ni­sait d'inscrire dans la loi le retrait sys­té­ma­tique de l'autorité paren­tale en cas de condam­na­tion pour inceste, c'est fina­le­ment une simple pos­si­bi­li­té don­née à la jus­tice « par une déci­sion expresse du juge­ment pénal ». Interrogé par Libération, le pré­sident de la Ciivise Edouard Durant avait salué avant le vote de la pro­po­si­tion de loi « l’effort des par­le­men­taires » pour aller vers une meilleure pro­tec­tion des enfants vic­times d'inceste tout en regret­tant que le carac­tère sys­té­ma­tique du retrait de l’autorité paren­tale ait été sup­pri­mé en commission.

Bataille de nom­breuses femmes

De son côté, Isabelle Santiago, qui avait au départ ins­crit cette auto­ma­ti­ci­té dans sa pro­po­si­tion de loi a indi­qué au quo­ti­dien se satis­faire de cette ver­sion du texte, qu'elle juge « équi­li­bré » : « J’ai com­pris que l’écriture un peu brute de mon texte ne pou­vait pas être celle de la légis­tique et donc ren­trer dans les pra­tiques pro­fes­sion­nelles de la magis­tra­ture. »

Une chose est sûre : ce vote est un pre­mier pas dans la bataille menée par de nom­breuses femmes pour pro­té­ger leurs enfants de leur père inces­tueux et qui se retrouvent en porte-​à-​faux vis-​à-​vis des ins­ti­tu­tions judi­ciaire ou poli­cière. Ce phé­no­mène a récem­ment illus­trée par la média­tique affaire Priscilla Majani. La pro­po­si­tion de loi doit désor­mais être exa­mi­née par la chambre haute du Parlement.

Lire aus­si l Pour avoir enle­vé sa fille, Priscilla Majani a été condam­née à 2 ans et 9 mois de pri­son ferme

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