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Emmanuel Macron en 2017 (Wikimedia Commons/Remi Jouan)

Féminicides : « Les résul­tats ne sont pas assez bons sur les vio­lences aux per­sonnes », recon­naît Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, invi­té ce ven­dre­di matin de France Inter, a admis que les résul­tats de son quin­quen­nat concer­nant les vio­lences aux per­sonnes, et en par­ti­cu­lier les vio­lences conju­gales dont résultent les fémi­ni­cides, « ne sont pas bons ». Il a pro­mis d’« inten­si­fier » cette lutte, pre­nant l’Espagne en exemple.

Ce ven­dre­di matin sur France Inter, à deux jours du deuxième tour de l’élection pré­si­den­tielle, Emmanuel Macron a, semble-​t-​il, amor­cé un léger mea-​culpa, concer­nant son bilan en matière de lutte contre les fémi­ni­cides. Si le président-​candidat a esti­mé avoir obte­nu de « bons résul­tats sur le ter­ro­risme, les vols et les cam­brio­lages », il a recon­nu que ces der­niers « ne sont pas assez bons sur les vio­lences aux per­sonnes ». Avant de pré­ci­ser : « Quand on décom­pose ce chiffre, il est à 80% consti­tué par les vio­lences intra-​familiales et en par­ti­cu­lier par le sujet des fémi­ni­cides. Et c’est pour­quoi j’en fais une prio­ri­té pour les pro­chaines années. »

Les chiffres ne sont, en effet, pas du côté du chef de l’État. En France, en 2021 par rap­port à 2020, les plaintes pour vio­lences intra-​familiales ont aug­men­té de 14% et celles pour vio­lences sexuelles ont connu une hausse de 33%, selon les pre­mières don­nées du ser­vice sta­tis­tique du minis­tère de l'Intérieur sur l'insécurité et la délin­quance, dif­fu­sées fin jan­vier. Toujours l’année der­nière, 113 femmes ont été vic­times d’un fémi­ni­cide, selon Nous Toutes, contre 102 en 2020. Ces deux don­nées sont certes en baisse par rap­port à 2019, avec 153 fémi­ni­cides comp­ta­bi­li­sés, mais res­tent tout de même importantes. 

À lire aus­si I Violences sexuelles : les plaintes bon­dissent de 33% en 2021

En avance sur le sujet ?

Le mea-​culpa d’Emmanuel Macron a été de courte durée. Il a, tout de suite après, affir­mé avoir été le pre­mier à abor­der la ques­tion des vio­lences faites aux femmes, dès son pre­mier mee­ting, à Strasbourg, le 4 octobre 2016 : « Il y a cinq ans on ne pre­nait même pas les plaintes, c’est ce que nous disaient les femmes et les asso­cia­tions, on ne pre­nait que des mains cou­rantes. Quand je disais que la prio­ri­té était le har­cè­le­ment et l’insécurité des femmes dans les trans­ports en com­mun, tout le monde se mar­rait. On disait : "Lui c’est un char­lot il n’a aucun pro­gramme."» Dans son dis­cours de Strasbourg mis en ligne sur le site d’En Marche !, nulle trace pour­tant de ces allu­sions au har­cè­le­ment et à l’insécurité des femmes.

Il s’est ensuite féli­ci­té de la mise en place du délit d’outrage sexiste ou sexuel, de la libé­ra­tion de la parole qui en a éma­né, de la for­ma­tion de la police et de la gen­dar­me­rie concer­nant les vio­lences sexuelles (« Tous ceux qui sortent sont for­més sur le sujet »), et des moyens éga­le­ment mis du côté de la justice. 

Un bilan en la matière qu’Oxfam jugeait « petit » dans un rap­port publié au début du mois de mars. L’ONG obser­vait, par exemple, concer­nant l’outrage sexiste, que « la prin­ci­pale limite de ce dis­po­si­tif est que les fla­grants délits [qui condi­tionnent l’infraction, ndlr] sont rares ». Elle déplo­rait éga­le­ment une sous-​utilisation du télé­phone grave dan­ger, du bra­ce­let élec­tro­nique anti-​rapprochement et tan­çait l’accompagnement des vic­times et la prise en charge des plaintes par la police. Comme en atteste notam­ment l’apparition du mou­ve­ment #DoublePeine, cri­ti­quant l’accueil des plai­gnantes dans les com­mis­sa­riats, mal­gré une for­ma­tion ini­tiale et conti­nue exis­tante pour les forces de l’ordre.

À lire aus­si I « Grande cause, petit bilan » : Oxfam publie un rap­port sur les droits des femmes sous Emmanuel Macron

L’exemple de l’Espagne

Le président-​candidat a enfin, dans sa volon­té de pro­lon­ger la lutte contre les vio­lences faites aux femmes lors de son pro­chain quin­quen­nat, pris l’exemple de l’Espagne, pion­nière sur le sujet. En 2004, les dépu­tés espa­gnols ont adop­té une loi de pro­tec­tion inté­grale contre les vio­lences de genre, créant un par­quet et des tri­bu­naux spé­cia­li­sés, met­tant en place un sys­tème infor­ma­tique de sui­vi et de pro­tec­tion des vic­times et géné­ra­li­sant le port du bra­ce­let anti-​rapprochement pour les agresseur·ses. Depuis cette date, le nombre de fémi­ni­cides a chu­té de 24% chez nos voi­sins espa­gnols, comme le rap­porte l’Humanité.

Face à cette légis­la­tion en avance sur la France et les autres pays euro­péens, et les résul­tats plus que pro­bants qui en découlent, Emmanuel Macron sou­haite donc « conti­nuer de for­mer et accom­pa­gner nos magis­trats pour qu’ils puissent uti­li­ser à plein et davan­tage le sys­tème de bra­ce­lets élec­tro­niques », la jus­tice étant selon lui « un point clé » dans la lutte contre les vio­lences faites aux femmes. Il assure aus­si vou­loir mieux accom­pa­gner les asso­cia­tions et inten­si­fier l’éducation des jeunes gar­çons « de telle sorte qu’ils ne soient pas vio­lents avec leur com­pagne ». « Ce qu’on a com­men­cé il y a trois ans, il faut main­te­nant l’intensifier. Je ne lâche­rai rien là-​dessus. (…) Je met­trai tous les moyens pour que le chiffre [des fémi­ni­cides, ndlr] baisse et qu’on arrive à lut­ter contre ça », assure-​t-​il, à deux jours d’un scru­tin fatidique.

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