La famille d'Aurélie Langelin a déposé une plainte ce mardi contre les quatre policiers intervenus le soir de la mort de la jeune femme de 33 ans tuées à Douai sous les coups de son mari.
La famille d'Aurélia Langelin, 46e féminicide de l'année 2021, morte à Douai à l'âge de 33 ans sous les coups de son compagnon mis en examen pour homicide, a déposé une plainte ce mardi 28 février pour « non assistance à personne en péril » contre quatre policiers. La plainte vise les quatre policiers qui sont intervenus au domicile d'Aurélia Langelin quelques heures avant son décès.
Âgée de 33 ans et mère d’une fille de 14 ans, Aurélia Langelin avait été retrouvée morte le 31 mai 2021 couverte d’ecchymoses, au domicile de son compagnon, condamné à plusieurs reprises pour vol, menaces et violence. Peu avant sa mort, la victime avait déposé une plainte contre son conjoint pour menaces de mort selon L'Obs.
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La nuit précédant son décès, quatre policiers interviennent dans l'immeuble à la suite d'une altercation entre le compagnon d'Aurélie et une voisine. Il n'est « pas contestable que la mort d’Aurélie Langelin est survenue parce que les fonctionnaires de police […] ne lui ont pas porté secours alors qu’elle se trouvait objectivement exposée à un risque », peut-on lire dans la plainte, déposée par la famille, qu'a consulté franceinfo. « Sur place, l'attention des effectifs de police a été attirée par la présence parmi les témoins d'Aurélie » qui présentait « un hématome à l'œil et semblait sous l'effet de l'alcool tout comme son conjoint », avait précisé en juin 2021 le procureur de la République de Douai lors d'une conférence de presse dont les propos ont été rapportés par le média en ligne.
Lors de leur venue, les policiers ont constaté que l'homme tenait des propos inquiétants, mais ont choisi de ne rien faire selon L'Obs. Un comportement dont les voisin·es sont témoins puisque pendant l'enquête, ils évoquent une « femme qui pleure », présentant des « bleus sur les jambes » et se fait insulter par son compagnon, qui menace de la « niquer », de la « crever », de la « buter », selon franceinfo. Pourtant, ce soir-là, au lieu d'agir, les policiers ont demandé à l'agresseur de ne plus importuner les voisin·es et de rester chez lui, contraignant ainsi la victime à demeurer seule avec son agresseur.
Une mission d'évaluation qui « reproduit les propos tenus par les fonctionnaires »
Les policiers qui sont intervenus le soir de la mort d'Aurélie Langelin avaient déjà connaissance des violences exercées par le conjoint sur la jeune femme. L'un des policiers était, en effet, déjà intervenu en avril 2020 après que le conjoint d'Aurélie Langelin l'a rouée de coups, explique Damien Legrand, l'avocat de la famille, selon L'Obs. Pourtant, à la suite de leur intervention, les policiers ont déposé une main courante dans laquelle ils ne mentionnaient ni la présence de la victime ni « l'hématome à l'œil ». Dans la plainte déposée par la famille, le doute de Me Legrand est évoqué. D'après l'avocat, il n'est pas possible que le soir du meurtre la victime n'ait eu qu'une seule marque alors que « le lendemain, on la trouve avec 140 ecchymoses, mais même un seul coup est de nature à justifier l’intervention ».
La démarche de la famille intervient après les conclusions de la mission d'évaluation de l'IGPN (Inspection générale de la Police nationale), qui ont estimé que les policiers intervenus au domicile n’avaient commis aucune faute. La mission avait été ordonnée en janvier 2022 par Gérald Darmanin, effectué le mois suivant et versée au dossier fin 2022, selon franceinfo. Pour l'avocat de la famille, le rapport de l'IGPN est le fruit de « deux visites sur place » et de la seule audition des policiers. Le rapport « se contente de reproduire les propos tenus par les fonctionnaires » et « sur 42 pages, 30 sont consacrées à une étude sociologique du bassin douaisien pour dire qu'il y a peu de moyens et que les violences faites aux femmes y sont plus importantes qu'ailleurs ». Me Damien Legrand affirme que seule une enquête pénale permettra de faire la lumière sur les responsabilités des policiers.
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