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Laurène Daycard © Cerise Sudry-Le Dû

Avec "Nos Absentes", la jour­na­liste Laurène Daycard pro­pose une plon­gée sai­sis­sante et néces­saire dans l'envers des féminicides

Après des années de jour­na­lisme consa­cré aux fémi­ni­cides, Laurène Daycard publie Nos Absentes, un livre-​enquête dans lequel elle revient sur l'évolution du trai­te­ment poli­tique, socié­tal et média­tique de ces crimes diri­gés contre les femmes. La repor­ter met son expé­rience au ser­vice de son écri­ture, en injec­tant la bonne dose de confi­dences per­son­nelles et pro­fes­sion­nelles, per­met­tant de cap­ti­ver n'importe quel·le lecteur·trice, novice ou non sur cette thématique.

Dans la vie d'un·e jour­na­liste, il existe tou­jours des enquêtes qui marquent plus que d'autres. Dans celle de Laurène Daycard, le repor­tage sur le fémi­ni­cide de Géraldine Sohier, en octobre 2016, repré­sente un avant et un après. Il est le début d'une série d'articles consa­crés à ce que la socié­té n'appelait pas encore fémi­ni­cide, mot qui a fait de plus en plus irrup­tion dans l'espace public, sous l'impulsion des asso­cia­tions fémi­nistes et de cer­tains médias. 

Après des années de tra­vail consa­crées à ce sujet, la repor­ter, membre du col­lec­tif de jour­na­listes indé­pen­dantes Les Journalopes, publie Nos Absentes (éd Seuil), un livre dans lequel elle revient sur l'évolution du trai­te­ment poli­tique, socié­tal et média­tique de ces crimes diri­gés contre les femmes. On suit Laurène Daycard à la ren­contre des familles endeuillées des vic­times et de cer­taines per­sonnes qui ont échap­pé de peu à ce meurtre. On se confronte aus­si, dans un pas­sion­nant cha­pitre, aux auteurs de vio­lences conju­gales, réunis au sein du centre Clotaire à Arras (Pas-​de-​Calais), « dis­po­si­tif pion­nier de res­pon­sa­bi­li­sa­tion pour auteurs de vio­lences conju­gales ». Dans un autre cha­pitre, éga­le­ment sai­sis­sant, l'enquêtrice ana­lyse avec finesse l'invisibilisation des vio­lences conju­gales et des fémi­ni­cides au sein de la bourgeoisie. 

L'écriture à la pre­mière per­sonne du livre-​enquête est pro­ba­ble­ment ce qui dis­tingue ce tra­vail de tout ce qu'on a pu lire sur le sujet ces der­nières années. Laurène Daycard est l'une des premier·ères repor­ters à s'être inté­res­sée aux fémi­ni­cides, pour les sor­tir de la rubrique faits-​divers et les réins­crire dans un prisme plus large de vio­lences sexistes et donc de pro­blème de socié­té. Elle met ain­si son expé­rience au ser­vice de son écri­ture, en injec­tant la bonne dose de confi­dences per­son­nelles et pro­fes­sion­nelles, per­met­tant de cap­ti­ver n'importe quel·le lecteur·trice, novice ou non sur cette thématique. 

« J'en veux à celles et ceux qui ne se sentent pas concerné·es. Comme si ça ne pou­vait arri­ver qu'aux autres, à l'autre, l'étranger, le pauvre, le pois­seux. Je les déteste mais, en l'écrivant, je réa­lise com­bien je jalouse aus­si leur igno­rance. Qu'est-ce que ça doit être repo­sant de se croire immunisé·e contre l'horreur. Je rêve par­fois de faire marche arrière pour récu­pé­rer ma propre insou­ciance », écrit-​elle très jus­te­ment à la fin de Nos Absentes.

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