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Croquis d'audience réalisé le 5 décembre 2023 montre Monique Olivier (au centre), ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, dans la salle d'audience lors de son procès à la cour d'assises de Nanterre, en banlieue parisienne. © Benoit PEYRUCQ / AFP

"Egocentrique", "anxieuse", "dépour­vue d'empathie"… Les experts à la barre sur la per­son­na­li­té de Monique Olivier

Manipulable ou mani­pu­la­trice, Monique Olivier ? C'est la ques­tion à laquelle ont ten­té de répondre les experts psy­cho­logues mar­di 12 décembre, lors du pro­cès de la sep­tua­gé­naire, jugée à Nanterre pour com­pli­ci­té dans les enlè­ve­ments et meurtres de Marie-​Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.

Les experts psy­cho­logues se sont suc­cé­dé à la barre mar­di 12 décembre pour ten­ter de livrer des éclai­rages sur la per­son­na­li­té "com­plexe" de Monique Olivier, jugée à Nanterre pour com­pli­ci­té dans les enlè­ve­ments et meurtres de Marie-​Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.

"Il m'a uti­li­sée", avait affir­mé l'accusée de 75 ans, au pre­mier jour de son pro­cès, le 28 novembre, devant la cour d'assises des Hauts-​de-​Seine, en évo­quant sa rela­tion avec son ex-​mari, le vio­leur et tueur en série Michel Fourniret.

À lire aus­si I Au pro­cès de Monique Olivier : les regrets de l’accusée et l’absence de Fourniret 

À la barre, un pre­mier psy­cho­logue belge, Gauthier Pirson qui l'a exper­ti­sée en 2004, la décrit comme "dépen­dante, assez pas­sive, sou­mise", ayant "peu d'empathie", sauf envers elle même. 

Selon lui, si elle a par­ti­ci­pé aux crimes com­mis par Michel Fourniret, c'est à cause d'une "indif­fé­rence émo­tion­nelle" et du "rap­port de sou­mis­sion déve­lop­pé à l'égard" de son mari qui "l'a ins­crite dans une espèce de doci­li­té". Elle est "plu­tôt mani­pu­lable" indique-​t-​il, avant d'ajouter cepen­dant qu'"être une per­son­na­li­té dépen­dante ne veut pas dire ne pas avoir une ten­dance à la mani­pu­la­tion à son pro­fit".

Pour un des experts fran­çais qui l'a ana­ly­sée en 2005, Philippe Herbelot, Monique Olivier est "très égo­cen­trique" : "Sa vie, son par­cours, c'est la pri­mau­té du sou­ci du soi et pas les autres."

Lui ne la décrit pas comme sou­mise à son mari, mais parle d'un "lien de dépen­dance entre les deux" : Michel Fourniret avait besoin d'elle, et elle "décou­vrait qu'elle avait une place impor­tante dans un méca­nisme cri­mi­nel". "Il n'y a pas de sen­ti­ment de culpa­bi­li­té" chez elle quand il l'expertise en 2005, ajoute-​t-​il : "Jamais elle ne parle des vic­times, jamais elle ne parle de la souf­france de ces petites filles."

"On ne peut pas exclure sa per­ver­sion", a‑t-​il ajou­té. "On est dans l'horreur abso­lue, et ça dure 16 ans", rap­pelle Me Didier Seban, qui défend des par­ties civiles.

Bataille sur le QI

Car Monique Olivier n'a jamais quit­té Michel Fourniret, mal­gré les crimes. Selon plu­sieurs experts, c'est à cause de sa peur "de la soli­tude", peur "qui lui est insup­por­table", et de sa "peur de l'abandon", liée à son enfance soli­taire avec un père absent et une mère peu aimante, selon ce qu'elle a racon­té aux experts.

Mais elle avait quit­té son pre­mier mari qu'elle accu­sait de vio­lences, a rap­pe­lé l'avocat géné­ral, Hugues Julié. "Je pense qu'au-delà d'une cer­taine limite" qui sont "les vio­lences phy­siques" chez l'accusée, "la peur pour son inté­gri­té phy­sique" va "prendre le des­sus" sur sa peur de l'abandon, a expli­qué Gauthier Pirson.

Autre sujet de dis­sen­sions entre les experts : le quo­tient intel­lec­tuel (QI) de l'accusée. En 2004, une pre­mière exper­tise réa­li­sée par des psy­cho­logues belges lui trouve un QI de 95. En 2005, les experts fran­çais Jean-​Luc Ployé et Philippe Herbelot obtiennent un résul­tat de… 131.

Avant que la der­nière éva­lua­tion de 2023, réa­li­sée par un nou­veau col­lège d'experts sai­si par la juge d'instruction Sabine Kheris, ne lui trouve un QI de 92. Ces experts, Mickael Morlet-​Rivelli, Olivier Dodier et Julie Gondrexon, ont d'ailleurs vive­ment cri­ti­qué le test réa­li­sé par Jean-​Luc Ployé et Philippe Herbelot, affir­mant qu'ils avaient uti­li­sé une "ver­sion obso­lète" du test de QI.

Monique Olivier a une intel­li­gence dans la moyenne, selon ces psy­cho­logues. Et de rap­pe­ler : "Le QI n'a jamais été et ne sera jamais un indi­ca­teur de per­son­na­li­té : ce n'est pas la même chose."

Ces trois experts ont d'ailleurs conclu, après avoir effec­tué plu­sieurs tests, que Monique Olivier était "égo­cen­trique", avec une "per­son­na­li­té qui se plaint tout le temps" et se déva­lo­rise. Elle appa­raît aus­si "intro­ver­tie et anxieuse", avec une "inca­pa­ci­té chro­nique à apprendre de ses expé­riences", selon leurs résultats.

À lire aus­si I Procès de Monique Olivier : "Je recon­nais tous les faits", affirme l'accusée

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