Dans une tribune publiée dans Libération, douze ancien·nes membres de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) reviennent sur l’éviction du juge Édouard Durand et dénoncent les propos “inexacts” tenus par la secrétaire d’État chargée à l’Enfance, Charlotte Caubel.
Douze ancien·nes membres de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) ont fait part, ce jeudi 4 janvier, dans une tribune signée dans Libération, de leur déception sur la gestion de la commission. Les signataires, parmi lesquel·les on retrouve les psychiatres Muriel Salmona et Karen Sadlier, les fondateur·rices d’associations de victimes Arnaud Gallais et Laurent Boyet ou encore Ernestine Ronai, responsable du premier Observatoire départemental des violences envers les femmes en Seine-Saint-Denis, ont tous et toutes démissionné le 14 décembre dernier.
Une démission en signe de protestation quelques jours après l’annonce du remplacement du juge Édouard Durand à la présidence de la commission par l’ex-rugbyman Sébastien Boueilh, fondateur de l’association Colosse aux pieds d’argile, qui lutte contre les violences sexuelles dans le milieu sportif. Il préside désormais la Ciivise aux côtés de la pédiatre et experte judiciaire Caroline Rey-Salmon. “Par cette démission, nous dénonçons la gestion pour le moins chaotique de l’après-Civiise”, expliquent aujourd’hui les signataires dans Libération, pointant notamment l’absence trop longue de réponse de la secrétaire d’État à l’Enfance, Charlotte Caubel, sur le maintien de la Ciivise et celle d’Édouard Durand. C’est par voie de presse qu’ils·elles avaient finalement appris le maintien de la commission mais l’éviction du juge Durand, le 19 novembre.
Les ancien·nes membres regrettent aussi l’absence “de représentation gouvernementale” lors de la restitution publique, le 20 novembre dernier, des travaux de la commission, clôturant ainsi trois longues années de travail et la récolte de pas moins de 30 000 témoignages. Surtout, ils·elles sont revenu·es sur les propos tenus par Charlotte Caubel, le 20 décembre dernier, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
La députée écologiste Sandrine Rousseau y avait alors interpelé la secrétaire d’État sur le changement de présidence de la Ciivise et sur la démission de onze de ses membres. Charlotte Caubel avait ensuite répondu que “personne n’a le monopole de la reconnaissance de la parole des victimes et de l’engagement auprès de ces dernières”. “Je n’ai démissionné personne. Les mandats s’arrêtaient le 31 décembre ! Si onze personnes ont démissionné, neuf autres avaient déjà claqué la porte compte tenu du fonctionnement de la Ciivise – neuf personnes !” avait également asséné la secrétaire d’État.
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Une fausse affirmation selon les ancien·nes membres de la Ciivise, dénonçant dans Libé des propos “inexacts qui mettent en cause le travail et le fonctionnement de la Ciivise”. “Seuls deux membres ont démissionné, dont Caroline Rey-Salmon, la nouvelle vice-présidente de la Ciivise, et cela, en raison de désaccords de fond sur la protection des enfants, notamment sur l’obligation de signalement des violences par les médecins que, nous, nous réclamons”, pointent-ils·elles. “Nous tenons à l’affirmer clairement, il n’y a pas eu de dysfonctionnements au sein de la Ciivise, comme l’a laissé entendre la secrétaire d’État chargée de l’enfance. Au contraire, les 30 000 témoignages, les avis, les rapports démontrent que la Ciivise sous la conduite des coprésidents a rempli sa mission”, ont ajouté les signataires.