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Inceste : le gou­ver­ne­ment main­tient la Ciivise, mais sans le juge Durand

Le gou­ver­ne­ment a déci­dé lun­di de main­te­nir la com­mis­sion notam­ment char­gée de lut­ter contre l'inceste, mais d'en écar­ter celui qui la pré­si­dait jusqu'alors, le juge Edouard Durand, pour­tant plé­bis­ci­té par les asso­cia­tions. De nou­velles mis­sions devraient concer­ner les vic­times de la pros­ti­tu­tion et de la pédo­cri­mi­na­li­té en ligne.

"Après trois ans de tra­vail (…), il est essen­tiel de main­te­nir l'élan créé contre les vio­lences sexuelles subies par les enfants", a com­men­té la secré­taire d'État à l'Enfance Charlotte Caubel. La Commission indé­pen­dante sur l'inceste et les vio­lences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) va donc pour­suivre son acti­vi­té. Elle sera désor­mais pré­si­dée par Sébastien Boueilh, ex-​rugbyman et fon­da­teur de l'association Colosse aux pieds d'argile, qui lutte contre les vio­lences sexuelles dans le milieu spor­tif. "Je m'engage à assu­rer une conti­nui­té et à entrer dans une phase opé­ra­tion­nelle", a‑t-​il indi­qué. Il mène­ra cette mis­sion aux côtés d'une vice-​présidente, la pédiatre et experte judi­ciaire Caroline Rey-Salmon.

Le juge Durand écarté

Les asso­cia­tions plai­daient tou­te­fois en faveur du main­tien du juge pour enfants Edouard Durand, appré­cié notam­ment pour son indé­pen­dance et son franc-​parler. Son aura média­tique et la mise en cause répé­tée des dys­fonc­tion­ne­ments du trai­te­ment judi­ciaire des vio­lences sexuelles aga­çaient, selon des observateur·ices. Interrogé, il dit regret­ter la déci­sion du gou­ver­ne­ment de mettre fin à sa mis­sion. "Je m'inquiète et suis pro­fon­dé­ment cho­qué qu'il n'y ait pas un mot de recon­nais­sance à l'égard des per­sonnes qui ont confié leur témoi­gnage à la Ciivise dans le com­mu­ni­qué du gou­ver­ne­ment", a‑t-​il ajou­té.
Edouard Durand avait pris la tête de la com­mis­sion, aux côtés de la res­pon­sable asso­cia­tive Nathalie Mathieu, lors de sa créa­tion, en mars 2021, dans le sillage de l'onde de choc pro­vo­quée par le livre La Familia Grande de Camille Kouchner. Dans cet ouvrage, l'autrice accuse son beau-​père, le poli­to­logue Olivier Duhamel, de viols sur son frère jumeau.
En l'espace de deux ans, la com­mis­sion a recueilli près de 30 000 témoi­gnages et ren­du au gou­ver­ne­ment un rap­port de 82 recom­man­da­tions pour lut­ter contre ce "crime de masse" qui touche, selon elle, 160 000 enfants chaque année. L'enjeu reste "de lut­ter contre l'invisibilisation de la parole des vic­times", selon le juge Durand.
Pour le gou­ver­ne­ment, ce rap­port "marque le terme d'une pre­mière étape essen­tielle, qui a per­mis de lever le voile sur l'ampleur des vio­lences sexuelles impo­sées aux enfants, en par­ti­cu­lier l'inceste". Il doit "ouvrir la voie à de nou­velles actions concrètes" pour "encore plus pro­té­ger les enfants"et "mieux prendre en charge" les vic­times de violences.

Prostitution et pédo­cri­mi­na­li­té en ligne

Le tra­vail de la Ciivise devait prendre fin le 31 décembre, au grand dam des acteurs de ter­rains, d'élus et de per­son­na­li­tés, qui ont mul­ti­plié les appels depuis cet été en faveur d'une pro­lon­ga­tion de son exis­tence. Pendant un temps, l'exécutif a entre­te­nu le flou sur le deve­nir de cette com­mis­sion. Il avait fina­le­ment pro­mis mi-​novembre de la main­te­nir, avec une nou­velle feuille de route. À pré­sent, la Ciivise se pen­che­ra éga­le­ment sur la prise en charge des mineur·es vic­times de pros­ti­tu­tion ou de pédo­cri­mi­na­li­té en ligne, la prise en charge des auteurs de vio­lences sexuelles sur mineur·es et la for­ma­tion des professionnel·les au contact des enfants "aux gestes les plus pro­tec­teurs", détaille un com­mu­ni­qué du gou­ver­ne­ment.
 Pour Anne Clerc, délé­guée géné­rale de l'association Face à l'inceste, "on ne peut que saluer le main­tien" de la com­mis­sion. Toutefois, "il faut voir ce qui sera accom­pli, nous serons atten­tifs à la mise en œuvre des pré­co­ni­sa­tions" (par exemple, l'imprescriptibilité des crimes sexuels sur les enfants). Elle estime qu'il fau­drait éga­le­ment mettre en place une "éva­lua­tion des poli­tiques publiques" en matière de lutte contre les vio­lences faites aux enfants. Pour l'heure, l'exécutif a mis en œuvre une des pré­co­ni­sa­tions de la Ciivise, la pre­mière grande cam­pagne de sen­si­bi­li­sa­tion sur l'inceste lan­cée mi-​septembre. D'autres sont en cours.

A lire aus­si I La Ciivise pré­co­nise l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur·es

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