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© capture écran Instagram / @ gipsy6443

Décès de Naomi Musenga : l’opératrice du Samu ren­voyée devant un tribunal

L’opératrice du Samu de Strasbourg qui avait moqué fin 2017 au télé­phone Naomi Musenga, une femme de 22 ans morte quelques heures plus tard à l’hôpital, va être jugée pour “non-​assistance à per­sonne en dan­ger”, un “sou­la­ge­ment” pour la famille de la vic­time après près de six années de procédure.

L’opératrice du Samu de Strasbourg qui, en 2017, n’avait pas pris au sérieux l’appel de détresse de Naomi Musenga, une femme de 22 ans morte quelques heures plus tard à l’hôpital, sera jugée “pour s’être abs­te­nue volon­tai­re­ment de por­ter secours à Madame Musenga”, a expli­qué le par­quet à l’AFP. Le juge d’instruction a par ailleurs déci­dé d’un non-​lieu pour les charges d’homicide invo­lon­taire. Mère d’un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décé­dée le 29 décembre 2017 à l’hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec “un retard glo­bal de près de 2 h 20”, selon un rap­port de l’Inspection géné­rale des affaires sociales (Igas). Selon les exper­tises scien­ti­fiques réa­li­sées dans le cadre de l’enquête et citées par le par­quet, il n’existe “pas de lien de cau­sa­li­té” entre la négli­gence dans la prise en charge par l’opératrice de la jeune femme et le décès de cette der­nière. Naomi Musenga se trou­vait “déjà au-​delà de toute res­source thé­ra­peu­tique au moment de l’appel” au Samu, selon les experts, pré­cise le parquet.

"Chaine de responsabilité"

Il est repro­ché à l’opératrice de “ne pas avoir res­pec­té les pro­to­coles” de prise en charge “et les bonnes pra­tiques” du Samu. Le pro­cès se tien­dra le 4 juillet au tri­bu­nal judi­ciaire de Strasbourg. “On est sou­la­gé qu’il y ait une date, qu’il y ait une pos­sible condam­na­tion”, a réagi Louange Musenga, la sœur de la vic­time, auprès de l’AFP. “Nous atten­dons cela, parce qu’il faut que nous pas­sions à autre chose. Depuis plu­sieurs années, je n’ai pas eu de vie cor­recte, je ne pen­sais qu’à ça tout le temps. Elle a cepen­dant regret­té que l’opératrice soit la seule per­sonne à être ren­voyée devant un tri­bu­nal. “Il y a toute une chaîne de res­pon­sa­bi­li­té qui n’a pas été poin­tée”, a‑t-​elle esti­mé. “Vous pou­vez regar­der le rap­port de l’Igas, il sou­lève vrai­ment les dys­fonc­tion­ne­ments graves qu’il y avait au niveau de l’hôpital”. Olivier Grimaldi, avo­cat de l’opératrice, a éga­le­ment regret­té qu’aucune ins­tance ne soit pour­sui­vie. “Vu l’état psy­cho­lo­gique de cette dame, on ne peut qu’être sur­pris qu’elle soit la seule mise en cause dans ce dos­sier”, a‑t-​il réagi auprès de l’AFP. “Dans un hôpi­tal, il y a une chaîne de res­pon­sa­bi­li­té. Beaucoup auraient dû faire face à leurs res­pon­sa­bi­li­tés, ne pas lais­ser une agente de caté­go­rie C toute seule face aux faits qui se sont dérou­lés.” Lors du pro­cès, “on va essayer d’expliquer que la non-​assistance n’est pas carac­té­ri­sée”, a‑t-​il ajouté.

Lire aus­si l Décès d'Aïcha, 13 ans : décryp­tage d'un biais raciste appe­lé “syn­drome méditerranéen”

Bataille d'expertises

Après la mort de Naomi Musenga, une pre­mière exper­tise, dénon­cée par sa famille, avait conclu à un décès consé­cu­tif à une "intoxi­ca­tion au para­cé­ta­mol absor­bé par auto­mé­di­ca­tion sur plu­sieurs jours". Mais une deuxième exper­tise avait réfu­té ces conclu­sions, évo­quant un acci­dent vas­cu­laire diges­tif ayant entraî­né une hémor­ra­gie. L'avocat de la famille, Jean-​Christophe Coubris, avait indi­qué en jan­vier avoir deman­dé une troi­sième exper­tise, qui lui avait été refusée.

Le décès de Naomi Musenga avait sou­le­vé une vague d’indignation natio­nale après la dif­fu­sion, quelques mois plus tard dans les médias et sur les réseaux sociaux, de ses échanges avec l’opératrice. “J’ai très mal au ventre”, “Je vais mou­rir…”, souf­flait Naomi, pei­nant à s’exprimer. “Oui vous allez mou­rir, cer­tai­ne­ment un jour comme tout le monde”, rétor­quait la régu­la­trice, qui a été sus­pen­due et ne tra­vaille plus au CHU, selon Me Coubris. Naomi avait par­lé suc­ces­si­ve­ment à la police, aux pom­piers et au Samu avant d’être redi­ri­gée vers SOS Médecins. L’affaire avait pous­sé le patron du Samu de Strasbourg à démis­sion­ner. La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait mis en place une for­ma­tion spé­ci­fique obli­ga­toire d’un an pour les assistant·es de régu­la­tion médicale.

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