Le congé de naissance, dont la création a été confirmée mardi par Emmanuel Macron, remplacera le congé parental actuel. Voici ce que l'on sait pour l'heure de ce nouveau dispositif encore flou.
Lors d’une conférence de presse de mardi soir, le président de la République a annoncé une série de nouvelles mesures plus ou moins bien reçues concernant l’avenir du pays. Parmi ces changements et dans une perspective de “réarmement démographique”, le congé de naissance – censé bientôt remplacer l’actuel congé parental – interroge quant à ses modalités réelles, telles que le montant de son indemnisation ou encore la date de son entrée en vigueur.
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Actuellement, les parents peuvent, à l’issue de leur congé maternité ou paternité, suspendre leur activité professionnelle jusqu’aux 2 ans de l’enfant – 3 ans si les parents se partagent le congé. Ce dispositif date de 1977, a été réformé à plusieurs reprises et peine aujourd’hui à convaincre les Français·es de faire davantage d’enfants, en raison notamment de sa faible rémunération (429 euros par mois). Selon les chiffres officiels, le nombre de parents y recourant a chuté de 500 000 en 2013 à 246 000 en 2020. Quant à la part des pères y ayant recours, elle reste inférieure à 1 %, selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de 2021.
Le nouveau congé de naissance a donc pour ambition de répondre à ces problématiques. Il a été évoqué pour la première fois en juillet dernier par Aurore Bergé, alors ministre des Solidarités et désormais ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes. Cette dernière avait alors déclaré que ce congé pourrait être pris à la fois par le père et la mère. "Soit ils pourront le prendre ensemble, soit successivement", a‑t-elle à nouveau assuré mercredi sur Sud Radio.
Flous
Malgré ces annonces, le congé de naissance reste encore énigmatique. À ce stade, aucune somme d'indemnisation n'a par exemple été dévoilée, les modalités autour de ce nouveau congé devant faire l'objet de discussions avec les partenaires sociaux. Aurore Bergé a toutefois réaffirmé que le montant irait "bien au-delà des 429 euros" actuels. Le congé parental existant était trop souvent "réservé soit à ceux qui avaient énormément d'épargne et de moyens, soit à ceux qui avaient très peu d'écart avec leur niveau de revenus. En clair, ça pénalisait les classes moyennes", a estimé la ministre.
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La durée de ce congé devrait être plus courte que celle de l’actuel congé parental, dont l’étendue – jusqu’à trois ans – tend à “éloigner beaucoup de femmes du marché du travail”, selon Emmanuel Macron. Lors de sa prise de parole hier soir à l’Élysée, le chef de l’État a évoqué une durée de “six mois”. Cette dernière engloberait ainsi la période de congé maternité (seize semaines) et de congé paternité (vingt-huit jours), a ajouté sur Sud Radio Aurore Bergé, qui précise : “Quand vous cumulez congé paternité ou maternité, que vous ajoutez ce congé qui sera créé, cela fait à peu près six mois par parent qui pourront être pris.”
Pleine de mystère également, l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure n’a pas été précisée par le président de la République. Aurore Bergé avait évoqué en novembre dernier l’instauration de ce congé “dès 2025”. Les conditions professionnelles pour en bénéficier, notamment en termes d’ancienneté et de statut, ne sont par pas encore connues non plus. Déborah David, avocate associée en droit social chez De Gaulle Fleurance, estime par ailleurs que ce congé de naissance est aussi une mesure “intéressante pour les entreprises”. Dans le marché du travail actuel, “trois ans, c’est une éternité”, explique-t-elle, et devoir remettre un·e salarié·e à son poste d’origine peut s’avérer compliqué. Un congé plus court permettrait ainsi que l’employé·e ne soit “éloigné trop longtemps”.
Réserves et conditions
"L'amélioration de l'indemnisation du congé parental est une bonne chose, mais il faudra l'améliorer de manière vraiment conséquente pour répondre aux souhaits des parents", commente au sujet de ce nouveau dispositif la directrice générale de l'Union nationale des associations familiales (Unaf), Guillemette Leneveu. "Il faut que les parents perdent le moins en s'occupant de leurs enfants", poursuit-elle, avant d'affirmer la nécessité de "se rapprocher au maximum du modèle nordique qui est autour de 75% [du salaire de la personne qui le prend, ndlr], sinon ce sera une réformette qui ne changera rien."
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Dans un rapport sur “les 1 000 premiers jours de l’enfant” remis au gouvernement en 2020, une commission d’expert·es préconisait pour sa part la mise en place d’un congé parental de neuf mois (trente-six semaines) partageable entre les deux parents. Ce rapport insistait également sur l’importance d’un niveau d’indemnisation “suffisamment attractif”, qui correspondrait “à un montant minimum de 75 % du revenu perçu quel que soit le statut”.