Lors de l’audience disciplinaire qui s’était tenue le mois dernier pour statuer sur le sort de celui qui avait multiplié les remarques déplacées et graveleuses envers ses collaboratrices, Baptiste Porcher avait justifié son “humour grivois” comme “une façon de prendre de la distance” avec la dureté du métier de procureur. Pas de quoi convaincre le CSM.
Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a demandé, mardi 12 mars, que le procureur de la République de Limoges, Baptiste Porcher, accusé de propos sexistes envers des femmes avec lesquelles il a été amené à travailler, quitte ses fonctions. Il a assorti cette requête de sanction d’un déplacement d’office.
À la tête du parquet de Limoges depuis 2020, Baptiste Porcher avait comparu début février devant le CSM. La décision finale de le sanctionner revient au ministre de la Justice, qui s’aligne généralement sur l’avis du CSM. Dans sa décision, ce dernier cite notamment des “comportements et des propos à connotation sexuelle outrageants ou dégradants” à une juriste assistante, des assistantes de justice ou des magistrates placées sous son autorité.
Selon plusieurs médias qui ont assisté à l’audience le mois dernier, il était notamment reproché à Baptiste Porcher d’avoir ajouté un suffixe à un nom propre pour former le mot “fellation”, ou bien des remarques graveleuses, comme à cette collaboratrice invitée à apprendre le maniement des armes à feu : “Je ne sais pas si elle aurait envie de tirer un coup avec son procureur !”
“En tenant de tels propos dégradants et vulgaires […], le magistrat a manqué à ses devoirs de son état de chef de juridiction auquel incombe un devoir particulier d’exemplarité et a porté atteinte à la confiance et au respect que la fonction de magistrat doit inspirer”, peut-on lire dans la décision du CSM. Selon le Conseil supérieur, “ces attitudes et propos ont démontré une incapacité à adopter les comportements et à respecter les limites qui s’imposent dans le cadre de relations professionnelles”. Le CSM balaie ainsi “l’argument de l’usage d’un supposé humour pour fédérer le parquet mis en avant par le procureur de la République pour se justifier”.
À l’audience Baptiste Porcher, cité par le magazine L’Obs, avait évoqué “un humour noir, voire grivois”, tout en se défendant de faire “des blagues misogynes”. “Quand on est à la permanence [d’un parquet], on a l’horreur tous les jours. C’est une façon de prendre de la distance”, avait-il plaidé. L’AFP a essayé de contacter mardi son avocat, Me Olivier Morice, qui n’était pas joignable dans l’immédiat.
"L'ampleur, la récurrence et le caractère durable des manquements constatés rendent impossibles la poursuite de l'activité de procureur de la République ainsi que toute activité sur le ressort du tribunal judiciaire" de Limoges, affirme le CSM.