homme test de grossesse
Image d'illustration © Nataliya Vaitkevich / Pexels

Le thread d’un strea­mer sur la gros­sesse de son ex-​copine sus­cite une contro­verse sur la res­pon­sa­bi­li­té des hommes dans la charge contraceptive

La toile s’enflamme depuis la publi­ca­tion sur X, dimanche, d’un thread d’un jeune strea­mer de 23 ans se confiant sur la gros­sesse de son ex-​copine qu’il ne sou­hai­tait pas. L’histoire sou­lève de l’indignation, de la part des fémi­nistes mais pas que, quant à la charge contra­cep­tive, tou­jours por­tée par les femmes. 

Dimanche 14 avril, Charles, strea­mer sur Twitch, publie un long thread sur X (plu­sieurs tweets consé­cu­tifs, numé­ro­tés et reliés entre eux). Il s’y plaint du choix de son ex-​copine de pour­suivre sa gros­sesse alors qu’il lui avait fait pro­mettre d’avorter au cas où elle tom­be­rait enceinte. 

Tout com­mence il y a un an et demi quand Charles “ren­contre une fille sur Tinder” avec qui il se met en couple. Selon Charles, après dix mois de rela­tion, sa copine lui aurait fait connaître son désir d’avoir un enfant. Lui explique qu’il n’en désire pas avant au moins plu­sieurs années. Le jeune homme contraint alors sa com­pagne à un drôle de contrat : “Au vu de sa réac­tion assez bizarre, je lui demande de me pro­mettre que si elle tom­bait enceinte elle ne le gar­de­rait pas, elle m’a donc fait cette pro­messe.” Le temps passe jusqu’à il y a trois semaines, où le jeune homme explique avoir déci­dé de quit­ter le foyer conju­gal, car “ça n’allait plus” entre eux. Sa com­pagne lui aurait alors annon­cé une gros­sesse qu’elle aurait tout juste décou­verte et lui aurait confié son hési­ta­tion à la pour­suivre ou pas. Elle lui aurait affir­mer prendre sa déci­sion à l’issue de l’échographie de data­tion, le 12 avril. 

Charles, “ter­ri­fié” aurait déci­dé d’en par­ler à ses parents et son père lui aurait alors confié avoir trou­vé un test de gros­sesse “caché” dans les toi­lettes du jeune couple lorsqu’il serait venu faire des tra­vaux deux mois aupa­ra­vant. Le jeune strea­mer décrète alors dans son thread X : “Je com­mence à com­prendre que son acte était pré­mé­di­té et qu’elle vou­lait lit­té­ra­le­ment me faire un enfant dans le dos. J’en parle à ma mère qui me dit qu’elle s’y atten­dait étant don­né que cette fille vou­lait un enfant et qu’elle a gran­di sans père, ce pour­quoi elle se dit qu’elle pour­rait faci­le­ment éle­ver un enfant toute seule.” Déboussolé, le jeune homme affirme alors lui avoir envoyé des mes­sages tous les jours pour la dis­sua­der de gar­der l’enfant, sans réa­li­ser que la jeune femme était déci­sion­naire en ce qui concerne son propre corps. Une gros­sesse menée à terme “rui­ne­rait ma vie et poten­tiel­le­ment celle de l’enfant qui devra gran­dir sans père”, se borne-​t-​il à dire.

"Messieurs, pre­nez vos responsabilités"

Alors que l’ex-compagne coupe contact, Charles décrit ne plus pou­voir man­ger ni faire de sport, ne pen­ser qu’à ça et “strea­mer 16 h par jour pour ne pas y pen­ser”. Épuisé de tour­ner en rond en atten­dant la date fati­dique du 12 avril, il décide d’aller cher­cher du récon­fort auprès de sa belle-​mère, la lais­sant ain­si s’immiscer dans l’intimité de la jeune femme puisqu’elle choi­sit de la contac­ter. “Je crois qu’elle va te niquer” aurait, tou­jours selon le témoi­gnage de Charles, com­men­té la belle-​mère à l’issue de son appel. Le jeune homme explique alors tom­ber dans une dépres­sion : “Deux semaines passent je stream 16 h par jour, je mange une fois de temps en temps, mon corps com­mence à me lâcher, je ne suis pas sor­ti de la mai­son pen­dant 2 semaines.” Le jour du ver­dict arrive et la jeune femme lui annonce alors qu’elle désire gar­der l’enfant, en lais­sant le choix au jeune homme de s’impliquer ou non dans la vie du futur nour­ris­son. Le thread X du jeune strea­mer s’achève sur un tweet inquié­tant dans lequel il dit avoir envie de mou­rir : “Il m’arrive sou­vent de dire que j’ai envie de mou­rir après une série de défaites en stream pour rigo­ler, mais là, et pour la pre­mière fois de toute ma vie, je le pense vrai­ment. Je sais pas com­ment me sor­tir de là, déso­lé pour la mau­vaise ambiance et mer­ci d’avoir lu.”

Depuis, la publi­ca­tion du thread a sus­ci­té de nom­breuses réac­tions : jusqu’à 526 com­men­taires et 1 000 repar­tages sous le der­nier tweet de son thread. Il a notam­ment sou­le­vé des pro­blé­ma­tiques socié­tales, telle que celle de la charge contra­cep­tive des femmes – dans le témoi­gnage de Charles, il n’est jamais fait men­tion de contra­cep­tion. Contacté pour par Causette, le jeune homme n’a pas don­né suite. Nombreuses ont expri­mé leur colère en com­men­taire. “Un homme cis est fer­tile 365 jours/​an pen­dant + de 50 ans, une femme cis envi­ron 24 jours/​an pen­dant 35 ans. Messieurs, pre­nez vos res­pon­sa­bi­li­tés ou ne faites pas les éton­nés”, com­mente une inter­naute, par­tant du pré­sup­po­sé que le jeune homme n’a pas assu­ré sa contra­cep­tion lors du rap­port sexuel à l’origine de la gros­sesse. “Tu vou­lais pas de gosse, tu met­tais un pré­ser­va­tif. C’est simple, pas cher et effi­cace”, com­mente une autre.

Cet aga­ce­ment géné­ral révèle la fatigue des femmes au sujet de la charge contra­cep­tive, qui n’est pas nou­velle à l’agenda fémi­niste. Causette en par­lait déjà début avril, en reve­nant sur les mau­vaises expé­riences de femmes quant à la ges­tion de la charge contra­cep­tive dans leurs rela­tions sexuelles et amou­reuses. En effet, la contra­cep­tion a été trop long­temps por­tée par elles, comme le montre une étude de l’Inserm de 2016 selon laquelle 92 % des femmes en âge de pro­créer et qui ne dési­rent pas de gros­sesse uti­lisent un moyen de contraception.

Certains com­men­taires pointent éga­le­ment la pro­messe qu’a fait faire Charles à son ex-​compagne d’avorter si elle tom­bait enceinte : “On ne demande pas à quelqu’un de ‘pro­mettre’ de se faire subir une IVG, acte loin d’être ano­din. C’est son corps, son choix” ou encore “L’IVG est un droit fon­da­men­tal pas un moyen de contraception”.

Harcèlement des mascus

Mais le débat sur l’histoire de Charles a pris une autre tour­nure et très vite tour­né au har­cè­le­ment quand les mas­cu­li­nistes sont entrés dans la danse. Masculinité toxique et insultes étaient au rendez-​vous dans ce déchaî­ne­ment de vio­lences ver­bales dans une sorte de détour­ne­ment pro-​nataliste plu­tôt inat­ten­du. “Le mec veut se ‘sui­ci­der’, car il fait l’amour sans pro­tec­tion et ne veut pas assu­mer d’être père. Elle te pro­pose de faire par­tie de la vie de TON enfant et toi tu fais un thread en chiant lit­té­ra­le­ment sur tout le monde. Reprend toi et devient un homme”, com­mente un inter­naute. “Mais t’as vrai­ment pas de couilles ! À se deman­der com­ment t’en a pu arri­ver là ! Ce futur enfant mérite un vrai daron ! Toi t’est qu’un fra­gile…”, écrit un autre. “Mec, t’es vrai­ment une daube.” Des com­men­taires d’incitation au sui­cide sont éga­le­ment appa­rus sous le der­nier tweet du thread de Charles : “Bin oui, mou­rir, c’est une façon de sor­tir de la vie de cet enfant, pour­quoi pas..”“Passe à l’acte poto, tu ren­dra ser­vice au monde.”

Pour l’heure, le strea­mer n’a pas encore réagi à la polé­mique qu’il a lui-​même créée avec ce témoi­gnage. Et s’il faut évi­dem­ment prendre au sérieux la détresse psy­cho­lo­gique de ce jeune homme, son his­toire aura quand même peut-​être per­mis de sou­le­ver un débat, voire, espérons-​le, une prise de conscience, quant à la néces­si­té pour les hommes, de mieux consi­dé­rer la ques­tion de la charge contraceptive. 

Note de la rédac­tion : les com­men­taires sous tweets de cet article sont repro­duits tels qu’ils ont été publiés sur X, sans aucune cor­rec­tion de la part de notre éditrice.

Lire aus­si l Charge contra­cep­tive : à quand un monde où les femmes n’auront plus à négo­cier avec les hommes pour qu’ils daignent mettre des capotes ?

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