À l'issue du décompte des résultats des élections législatives, la première ministre Magdalena Andersson a reconnu mercredi soir la victoire du bloc de droite et d’extrême droite et a annoncé sa démission. Le conservateur Ulf Kristersson, candidat au poste de premier ministre, devra composer avec le grand vainqueur de sa coalition, l’extrême droite.
C'est un tremblement de terre politique, dans un pays érigé jusque là en modèle d'un compromis social-démocrate paisible. Mercredi 14 septembre au soir, la première ministre Magdalena Andersson, à la tête d'une coalition de gauche, a reconnu sa défaite électorale face à la vaste coalition de droite, dont le parti d'extrême droite arrive en tête. Une première dans l'histoire de la Suède.
Les Démocrates de Suède (DS) ont ainsi remporté 20,5% des voix des élections législatives de dimanche, ce qui fait devenir cette formation nationaliste le deuxième parti de Suède, derrière le Parti social-démocrate, qui obtient 30,5% des voix. Malgré ce bon score du parti de la première ministre, le bloc de gauche – composé en outre du Parti de gauche, de celui du centre et des Verts – n'obtient que 173 sièges du Parlement, contre 176 pour la coalition de droite et d'extrême droite. Avec désormais 73 sièges – 11 de plus qu'en 2018 – le SD va pouvoir influencer la politique du nouveau gouvernement, auquel il ne devrait pourtant pas siéger.
Son chef de file, Jimmie Akesson, avait exigé d'entrer au gouvernement en cas de victoire de la coalition hétéroclite formée par le SD, Les Modérés (conservateur·rices), les chrétiens-démocrates et les Libéraux. Les trois autres formations avaient rejeté ces velléités, mais vont devoir désormais céder aux thématiques imposées par le parti d'extrême droite. Ainsi, d'après les informations du Monde, le SD exige « un accord écrit » avec Les Modérés, qui devraient probablement obtenir que leur chef de file, Ulf Kristersson, devienne premier ministre. Cet accord écrit comprendrait une série de mesures telles « le maintien à leur niveau actuel des allocations-chômage, que la droite veut baisser, des mesures en faveur du pouvoir d’achat, le durcissement de la politique migratoire et le "retour de la loi et de l’ordre" », détaille Le Monde. Plus encore, « le SD veut également imposer "un virage conservateur à la politique culturelle" ».
Islamophobie, antisémitisme et stigmatisation des Samis
Si les partis de droite avaient déjà emprunté, durant la campagne, aux thématiques migratoires et à la bataille culturelle mises en avant par le SD, force est de constater, comme le souligne le politologue Sören Holmberg dans Le Monde que cette stratégie s'est soldée par un échec : « Les électeurs ont préféré l’original à la copie. » Et s'il ne siègera pas au gouvernement, Jimmie Akesson souhaite que le SD devienne « une force constructive et directrice » pour « faire passer la Suède d’abord ». Pour ce faire, il entend placer un proche à la présidence du Parlement, en la personne de Björn Söder. De quoi mener à la baguette un gouvernement redevable et en position de faiblesse, puisque Les Modérés n'ont remporté que 19,1 % des voix, équivalent à 68 sièges parlementaires.
Poids lourd du SD, Björn Söder s'est notamment illustré pour avoir « comparé l’islam au nazisme » ou encore affirmé que les juifs et les Sami, peuple autochtone qui a le statut de minorités en Suède « n’étaient pas suédois », rapporte Le Monde. Cette irruption de l'extrême droite au pouvoir en Suède pourrait donner des ailes à la post-fasciste Giorgia Meloni qui, en Italie, s'apprête à remporter grâce à une coalition de droite également, les législatives du 25 septembre.
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