Elles étaient poursuivies depuis 2019 pour avoir brandi des pancartes où la vierge Marie apparaissait auréolée d'un halo aux couleurs du drapeau LGBT.
Malgré le zèle du parquet qui avait fait appel d'un premier acquittement survenu en mars 2021, Elżbieta, Anna et Joanna ont été totalement lavées des charges qui pesaient contre elles par la cour d'appel de Plock, selon une information d'Amnesty international. Jeudi 12 janvier, le tribunal a en effet rejeté l'appel du représentant judiciaire de l'État polonais dans le cadre des poursuites envers ces trois activistes pour les droits LGBT, accusées d'« offense à des croyances religieuses ». Depuis juillet 2020, elles étaient poursuivies pour avoir diffusé sur les murs de la ville de Plock des affiches où la vierge Marie apparaissait auréolée d'un halo aux couleurs du drapeau LGBT. Ces images étaient, aux yeux du gouvernement, « une insulte publique à une icône religieuse susceptible d'offenser le sentiment religieux d'autrui ».
![Pologne : acquittement définitif pour trois activistes poursuivies pour une représentation de la vierge aux couleurs LGBT 2 thumbnail](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/01/thumbnail-576x1024.jpg)
devant la cour d'appel de Plock
© Piotr Rojeswki
"Chasse aux sorcières"
« La décision judiciaire intervenue aujourd'hui est un immense soulagement, commente Catrinel Motoc, membre du bureau européen d'Amnesty international. Mais elle ne peut pas masquer le fait que ces trois femmes n'auraient, avant toute chose, jamais dû être poursuivies. Distribuer des affiches de la vierge Marie auréolé d'un halo arc-en-ciel ne devrait pas être criminalisé. » Forte de cette victoire judiciaire, l'ONG entend désormais militer contre le texte de loi qui a rendu possibles les poursuites : l'article 196 du code criminel, qui menaçait les activistes de deux ans d'emprisonnement. Selon Amnesty international, il ouvre aux autorités « un très large champ d'action pour poursuivre et criminaliser des individus, en violation de leur droit à la liberté d'expression » et est donc « incompatible avec les obligations internationales et régionales de la Pologne en matière de respect de droits humains ».
L'ONG dénonce la « chasse aux sorcières » permise par l'article 196. L'une de ces trois militantes, Elżbieta, avait fait l'objet d'une arrestation en mai 2019, à son retour d'un déplacement en Belgique et aux Pays-Bas avec des membres d'Amnesty international. La police avait affirmé avoir trouvé chez elle, à la suite d'une perquisition, plusieurs affiches représentant la vierge auréolée du drapeau LGBT. A la suite de cette arrestation, Anna et Joanna s'étaient rendues elles-mêmes à la police, par solidarité avec Elżbieta, pour avouer avoir elles aussi collé ces affiches dans la ville, déclenchant les poursuites judiciaires à leur encontre. Plus de 275 ooo personnes avaient signé la pétition d'Amnesty demandant l'abandon des charges contre les trois activistes.
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