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Photo : Daniel James / Unsplash

Russie : deux gérant·es d’un bar arrêté·es pour “extré­misme” LGBT, une première

Les gérant·es d’un bar en Russie ont été placé·es, mer­cre­di 20 mars, en déten­tion pro­vi­soire pour “extré­misme” LGBTQIA+ et risquent jusqu’à dix ans de pri­son, une pre­mière affaire pénale pour ce motif en pleine répres­sion des mino­ri­tés sexuelles.

“Il s’agit de la pre­mière affaire pénale de ce type en Russie après la déci­sion de la Cour suprême de clas­ser [sous l’étiquette] extré­miste le mou­ve­ment LGBT”, s’est féli­ci­tée Ekaterina Mizoulina, une mili­tante défen­dant les “valeurs tra­di­tion­nelles” prô­nées par Vladimir Poutine.

Le pré­sident russe, qui vient d’être recon­duit à la tête de son pays pour six ans, pro­meut de longue date “la famille” et la reli­gion face à un Occident décrit comme “déca­dent”, voire “sata­niste”. Et depuis l’attaque de grande ampleur contre l’Ukraine, déclen­chée fin février 2022, les auto­ri­tés russes répriment paral­lè­le­ment de plus en plus for­te­ment les mino­ri­tés sexuelles.

En novembre 2023, dans ce contexte, la Cour suprême russe a ban­ni le “mou­ve­ment inter­na­tio­nal LGBT” pour “extré­misme”, une for­mu­la­tion floue mais ouvrant la porte à de lourdes peines de pri­son. Les des­centes de police et les inti­mi­da­tions dans des bars et des clubs ouverts aux LGBTQIA+ se sont par la suite mul­ti­pliées en Russie, ces der­nières semaines, après cette déci­sion de la Cour suprême.

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C’est sur la base de cette inter­dic­tion qu’un tri­bu­nal d’Orenbourg a pla­cé, mer­cre­di, en déten­tion pro­vi­soire pour deux mois le direc­teur artis­tique et l’administratrice du bar Pose, dans cette même ville de l’Oural. Selon l’accusation, citée dans un com­mu­ni­qué du tri­bu­nal, ces “per­sonnes ayant une orien­ta­tion sexuelle non tra­di­tion­nelle, […] sou­tiennent éga­le­ment les opi­nions et les acti­vi­tés de l’association publique inter­na­tio­nale LGBT inter­dite dans notre pays”. Il et elle risquent jusqu’à dix ans de pri­son, d’après les autorités.

Des craintes qui se "concré­tisent"

Le 9 mars, des poli­ciers ont effec­tué en pleine nuit une des­cente dans le bar Pose, a affir­mé le média indé­pen­dant Mediazona, qui a relayé une vidéo de la scène mon­trant des per­sonnes allon­gées sur le sol, face contre terre, les mains sur la tête, entou­rées de poli­ciers. Sur les réseaux sociaux, cet éta­blis­se­ment d’Orenbourg, près de la fron­tière avec le Kazakhstan, dit accueillir “une pro­gram­ma­tion avec des spec­tacles”, sans don­ner plus de détails.

Mardi, évo­quant cette affaire, la cheffe de la branche russe de l'ONG Amnesty International, Natalia Zviaguina, a dénon­cé l'ouverture en Russie de "la pre­mière enquête pour 'extré­misme'" en lien avec la com­mu­nau­té LGBT+. "Ce que les per­sonnes LGBTI et les défen­seurs des droits humains crai­gnaient depuis la fin de l'année der­nière s'est fina­le­ment concré­ti­sé", a‑t-​elle déplo­ré dans un communiqué.

Ces der­nières années, les droits des mino­ri­tés sexuelles ont été dras­ti­que­ment limi­tés sous l'impulsion de Vladimir Poutine, qui, avec l'Église ortho­doxe, assure vou­loir éli­mi­ner de la sphère publique des com­por­te­ments jugés impor­tés d'Occident. Plusieurs Russes ont été condamné·es ces der­nières semaines à des amendes pour avoir par exemple mis en ligne des pho­tos com­por­tant des dra­peaux arc-​en-​ciel ou encore, dans le cas de deux femmes, d'avoir dif­fu­sé en ligne une vidéo de leur bai­ser. Depuis 2013, une loi en Russie inter­dit la "pro­pa­gande" de "rela­tions sexuelles non tra­di­tion­nelles" à l'adresse des mineur·es.

Dans la fou­lée d’un tour de vis géné­ral dans la socié­té après l’assaut russe contre l’Ukraine, cette légis­la­tion a été consi­dé­ra­ble­ment élar­gie fin 2022 pour inter­dire désor­mais toute forme de “pro­pa­gande” LGBTQIA+ dans les médias, sur Internet, dans les livres et dans les films. En juillet 2023, les député·es russes avaient éga­le­ment voté une loi inter­di­sant notam­ment aux per­sonnes trans­genres les opé­ra­tions chi­rur­gi­cales et les thé­ra­pies hormonales.

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