Brésil : après la courte vic­toire de Lula un espoir pour l'Amazonie, mais pas pour le droit à l'avortement

L’ancien pré­sident a obte­nu un troi­sième man­dat avec 50,9 % des suf­frages face au sor­tant d’extrême droite Jair Bolsonaro. C'est la vic­toire la plus ser­rée depuis la fin de la dic­ta­ture mili­taire et pour l'heure, Bolsonaro ne l'a pas reconnue.

Lula e Alckmin apetam as mãos cropped
Lula en avril 2022 © PSB Nacional 40 /​Wikimedia Commons

« Le Brésil et la pla­nète ont besoin d'une Amazonie en vie », a lan­cé Luiz Inácio Lula da Silva lors de son dis­cours de vic­toire. Ce dimanche 30 octobre, l'ancien pré­sident bré­si­lien (2003−2011) a été réélu d'une courte tête, avec 50,9% des suf­frages face à son adver­saire, le pré­sident sor­tant d'extrême droite Jair Bolsonaro. Ce signal favo­rable à la pro­tec­tion du pou­mon vert de la forêt ama­zo­nienne repré­sente un espoir pour notre pla­nète, alors qu'en quatre ans de man­dat de Bolsonaro, la défo­res­ta­tion de l'Amazonie a été équi­va­lente à la sur­face de l'Etat de Rio de Janiero, soit 43 781 km2. Dans ce contexte, les Brésilien.nes pro­gres­sistes ont célé­bré dans les rues le retour du can­di­dat de la coa­li­tion de gauche, « phé­nix » comme il est sur­nom­mé en rai­son de son pas­sage en pri­son pour des faits de corruption.

Climatosceptique, Jair Bolsonaro avait encou­ra­gé l'agrobusiness et lais­sé faire la défo­res­ta­tion pour implan­ter des champs de soja – au détri­ment des popu­la­tions autoch­tones – tout comme l'extraction minière. « Bolsonaro a cou­pé les vivres à tous les organes d'État de l'environnement, a ain­si indi­qué Catherine Aubertin, éco­no­miste de l'environnement, lun­di 31 octobre sur fran­cein­fo. Que ce soit la police de l'environnement qui ne pou­vait plus mettre d'amende, l'ICMBio (Institut Chico Mendes de conser­va­tion de la bio­di­ver­si­té) qui gérait les uni­tés de conser­va­tion, n'avait plus son mot à dire. » Pour autant, le can­di­dat de la coa­li­tion de gauche qui a pro­mis un minis­tère des peuples autoch­tones lors de la cam­pagne ne fait pas de la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique une prio­ri­té : la sienne, c'est « le com­bat contre la faim », indique la direc­trice de recherches à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). 

Pas d'éclaircie sur l'IVG

En ce qui concerne les droits des femmes, le sta­tut quo semble de mise dans un contexte où la socié­té bré­si­lienne appa­raît plus pola­ri­sée que jamais et où Lula a pro­mis de « gou­ver­ner pour tous, riches et pauvres, gauche et droite ». Ainsi, en ce qui concerne l'avortement, inter­dit sauf en cas de viol, de risque mor­tel pour la maman ou de mal­for­ma­tion congé­ni­tale du foe­tus, Lula a tout fait pour ne pas frois­ser les évan­gé­listes, qui repré­sentent 30% de l'électorat bré­si­lien et qui avaient fait élire Bolsonaro il y a quatre ans. « Lula a dû mettre de l’eau dans son vin pour par­tir à la conquête de l’électorat évan­gé­lique, très conser­va­teur sur les ques­tions socié­tales et la famille, ana­ly­sait ain­si le cor­res­pon­dant du Monde Bruno Meyerfeld dans un live orga­ni­sé par le quo­ti­dien le 28 octobre. Il n’a pas fait de pro­po­si­tion spé­ci­fique pour les LGBTQI+ et a affir­mé à plu­sieurs reprises son oppo­si­tion à l’avortement. Difficile d’imaginer, dans le contexte d’un Brésil très pola­ri­sé et où l’extrême droite est en posi­tion de force, qu’il ten­te­ra de léga­li­ser l’avortement durant son man­dat. » En juin, Bolsonaro avait, lui, qua­li­fié « d'inadmissible » l'avortement d'une enfant de 11 ans après un viol, rap­por­tait La Croix.

Lire aus­si l Présidentielle au Brésil : le poids des mères

Les per­sonnes LGBTQI+ n'ont pas été direc­te­ment per­sé­cu­tées par le gou­ver­ne­ment Bolsonaro, rap­pe­lait ce matin sur France Inter l'historienne et maî­tresse de confé­rence Maud Chirio. « Mais le laisser-​faire de Bolsonaro a libé­ré et légi­ti­mé la vio­lence sociale » à l'encontre de ces popu­la­tions, ajoutait-elle.

Reste à savoir quelle va être la réac­tion du pré­sident sor­tant à sa courte défaite, dans un contexte où la cam­pagne s'est arti­cu­lée autour d'invectives entre les deux fina­listes et où la dés­in­for­ma­tion, mani­pu­lée par le camp Bolsonaro, a bat­tu son plein. Le silence radio actuel de Bolsonaro laisse craindre qu'il ne recon­naisse pas la vic­toire de son opposant. 

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.