L’ancien président a obtenu un troisième mandat avec 50,9 % des suffrages face au sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. C'est la victoire la plus serrée depuis la fin de la dictature militaire et pour l'heure, Bolsonaro ne l'a pas reconnue.
![Brésil : après la courte victoire de Lula un espoir pour l'Amazonie, mais pas pour le droit à l'avortement 1 Lula e Alckmin apetam as mãos cropped](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/10/Lula_e_Alckmin_apetam_as_mãos_cropped.jpg)
« Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie », a lancé Luiz Inácio Lula da Silva lors de son discours de victoire. Ce dimanche 30 octobre, l'ancien président brésilien (2003−2011) a été réélu d'une courte tête, avec 50,9% des suffrages face à son adversaire, le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro. Ce signal favorable à la protection du poumon vert de la forêt amazonienne représente un espoir pour notre planète, alors qu'en quatre ans de mandat de Bolsonaro, la déforestation de l'Amazonie a été équivalente à la surface de l'Etat de Rio de Janiero, soit 43 781 km2. Dans ce contexte, les Brésilien.nes progressistes ont célébré dans les rues le retour du candidat de la coalition de gauche, « phénix » comme il est surnommé en raison de son passage en prison pour des faits de corruption.
Climatosceptique, Jair Bolsonaro avait encouragé l'agrobusiness et laissé faire la déforestation pour implanter des champs de soja – au détriment des populations autochtones – tout comme l'extraction minière. « Bolsonaro a coupé les vivres à tous les organes d'État de l'environnement, a ainsi indiqué Catherine Aubertin, économiste de l'environnement, lundi 31 octobre sur franceinfo. Que ce soit la police de l'environnement qui ne pouvait plus mettre d'amende, l'ICMBio (Institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité) qui gérait les unités de conservation, n'avait plus son mot à dire. » Pour autant, le candidat de la coalition de gauche qui a promis un ministère des peuples autochtones lors de la campagne ne fait pas de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité : la sienne, c'est « le combat contre la faim », indique la directrice de recherches à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
Pas d'éclaircie sur l'IVG
En ce qui concerne les droits des femmes, le statut quo semble de mise dans un contexte où la société brésilienne apparaît plus polarisée que jamais et où Lula a promis de « gouverner pour tous, riches et pauvres, gauche et droite ». Ainsi, en ce qui concerne l'avortement, interdit sauf en cas de viol, de risque mortel pour la maman ou de malformation congénitale du foetus, Lula a tout fait pour ne pas froisser les évangélistes, qui représentent 30% de l'électorat brésilien et qui avaient fait élire Bolsonaro il y a quatre ans. « Lula a dû mettre de l’eau dans son vin pour partir à la conquête de l’électorat évangélique, très conservateur sur les questions sociétales et la famille, analysait ainsi le correspondant du Monde Bruno Meyerfeld dans un live organisé par le quotidien le 28 octobre. Il n’a pas fait de proposition spécifique pour les LGBTQI+ et a affirmé à plusieurs reprises son opposition à l’avortement. Difficile d’imaginer, dans le contexte d’un Brésil très polarisé et où l’extrême droite est en position de force, qu’il tentera de légaliser l’avortement durant son mandat. » En juin, Bolsonaro avait, lui, qualifié « d'inadmissible » l'avortement d'une enfant de 11 ans après un viol, rapportait La Croix.
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Les personnes LGBTQI+ n'ont pas été directement persécutées par le gouvernement Bolsonaro, rappelait ce matin sur France Inter l'historienne et maîtresse de conférence Maud Chirio. « Mais le laisser-faire de Bolsonaro a libéré et légitimé la violence sociale » à l'encontre de ces populations, ajoutait-elle.
Reste à savoir quelle va être la réaction du président sortant à sa courte défaite, dans un contexte où la campagne s'est articulée autour d'invectives entre les deux finalistes et où la désinformation, manipulée par le camp Bolsonaro, a battu son plein. Le silence radio actuel de Bolsonaro laisse craindre qu'il ne reconnaisse pas la victoire de son opposant.