Ce mercredi, le tribunal suisse a jugé qu’il n’y avait pas de preuves contre Tariq Ramadan et l’a acquitté. La semaine dernière, le procureur genevois avait pourtant requis trois ans de prison, dont la moitié ferme, contre l’islamologue accusé de viol.
Le verdict est tombé. L’islamologue Tariq Ramadan, accusé d’avoir violé une femme en 2008 dans un hôtel à Genève, a été acquitté ce mercredi par le tribunal suisse qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuves contre lui. La semaine dernière, le procureur genevois Adrian Holloway avait requis contre l’islamologue de soixante ans « une peine privative de liberté de 3 ans, 18 mois ferme, 18 avec sursis ». La plaignante a immédiatement annoncé qu’elle allait faire appel selon franceinfo.
Son procès, qui a débuté lundi 15 mai, avait révélé deux versions très opposées des faits. Tariq Ramadan qui s’était confronté à l’interrogatoire avait réfuté toute contrainte ou violence. « Jamais, je n’ai jamais frappé une femme, jamais ! », avait-il crié lors du premier jour d’audience, selon Le Parisien. L’islamologue se disait victime d'un « traquenard » accusant les femmes ayant porté plainte en France contre lui d’avoir tissé des liens avec Brigitte, la plaignante, pour le faire tomber.
La plaignante, qui a demandé à se faire appeler Brigitte, est une femme convertie à l’islam depuis longtemps et qui a rencontré Tariq Ramadan lors d’une conférence, en 1998. Elle a, par la suite, entretenu avec lui une correspondance sur Facebook jusqu’à ce que le prédicateur lui propose de le rejoindre le 28 octobre 2008 à l’hôtel où il séjournait. Pendant le procès, Brigitte a assuré que Tariq Ramadan l’a soumise à des actes sexuels brutaux, accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois la nuit du 28 octobre 2008.
Séparée de l'islamologue par un paravent lors des trois jours d’audience, Brigitte, aujourd’hui âgée de 57 ans, a porté plainte dix ans après les faits, en 2018, encouragée, a‑t-elle expliqué lors du procès, par le fait que d’autres femmes aient fait de même contre Tariq Ramadan en France.
Une procédure judiciaire en France
Pendant l'audience, les trois juges suisses qui ont rendu leur décision aujourd'hui n’ont pas toujours « semblé très impartiaux », selon France Inter. D’après la radio, ces trois juges ont « assailli la plaignante sur un ton très sévère la traitant presque comme si elle était accusée ». Alors qu’à l’inverse, ces trois magistrat·es, deux hommes et une femme, se sont montré·es plus dou·ces avec Tariq Ramadan, précise France Inter.
Le procureur genevois Adrian Holloway avait lui accusé Tariq Ramadan de s’être rendu coupable de « viol à trois reprises » dans la même nuit et de « contrainte sexuelle ». Selon Libération, la plaignante avait demandé le remboursement des frais d’avocats et une indemnisation à hauteur de 50.000 francs suisses (51.300 euros).
En France, l'islamologue est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018. D'après Libération, il est depuis sous contrôle judiciaire en France, mais bénéficie d’autorisations exceptionnelles pour se rendre en Suisse.
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