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Justyna Wydrzynska (Amnesty Poland/Youtube)

Pologne : pour la pre­mière fois, une acti­viste condam­née par la jus­tice après avoir aidé une femme à avorter

Justyna Wydrzyńska, une mili­tante polo­naise en faveur du droit à l'avortement, a été condam­née mar­di à huit mois de tra­vaux d’intérêt géné­ral pour avoir aidé une femme à avor­ter en lui four­nis­sant des pilules abortives.

L'activiste Justyna Wydrzyńska a été condam­née, mar­di, en Pologne à huit mois de tra­vaux d’intérêt géné­ral pour avoir aidé une femme à avor­ter en lui four­nis­sant des pilules abor­tives, a indi­qué sur Twitter l'organisation pro-​IVG Aborcyjny Dream Team, dont elle est une des cofondatrices.

La mili­tante, âgée de 48 ans, a été recon­nue cou­pable « d'avoir prê­té assis­tance » à la pra­tique d'une inter­rup­tion volon­taire de gros­sesse et s'est vu infli­ger huit mois de tra­vaux d'intérêt géné­ral à rai­son de 30 heures par mois, a détaillé l'organisation sur le réseau social. Il s'agit d'une pre­mière condam­na­tion pour ce motif dans ce pays, où l'accès à l'IVG est extrê­me­ment restreint. 

« Les pilules abor­tives sont le moyen le plus sûr pour avor­ter en Pologne, a affir­mé Justyna Wydrzyńska, lors de l'audience, selon une retrans­crip­tion d'Aborcyjny Dream Team. Elles sont lar­ge­ment uti­li­sées en Europe et à tra­vers le monde par des mil­lions de per­sonnes. (…) Je le sais grâce à des rap­ports de l'OMS qui recom­mandent un accès illi­mi­té à ces pilules. Il n'y a aucune contre-​indications pour elles. »

À lire aus­si I La Pologne conti­nue de res­treindre l’accès à l’IVG en ins­tau­rant un « registre numé­rique de grossesses »

L'avortement qua­si interdit

En 2020, Justyna Wydrzynska a sou­hai­té aider Ania, enceinte de 12 semaines, à inter­rompre une gros­sesse non dési­rée, en lui envoyant ses propres pilules abor­tives, per­met­tant une IVG médi­ca­men­teuse, relate la cor­res­pon­dante du Monde, pré­sente au pro­cès. Cette mère de famille, aux prises avec un par­te­naire violent, avait fait appel au col­lec­tif Aborcja Bez Granic (Avortement sans fron­tières), dont l'activiste fait par­tie. Mais son com­pa­gnon, qui lui avait inter­dit de se rendre en Allemagne pour avor­ter, s’était empa­ré du colis et avait contac­té la police. Ania avait alors fini par faire une fausse couche.

En Pologne, l’avortement est qua­si inter­dit depuis un arrê­té de la Cour consti­tu­tion­nelle polo­naise entré en vigueur en jan­vier 2021. Il n’autorise l’IVG que dans deux cas : si la gros­sesse pro­vient d’un acte cri­mi­nel, ou si la san­té ou la vie de la femme enceinte sont en dan­ger. Mais en pra­tique, l’IVG n’est pas sys­té­ma­ti­que­ment réa­li­sée même en invo­quant ces rai­sons, comme l’a prou­vé le cas d’Izabela, une jeune femme de 30 ans décé­dée après le refus de méde­cins de lui pra­ti­quer un avor­te­ment immé­diat en novembre 2021 alors que son enfant était condam­né – il souf­frait de mal­for­ma­tions – et que sa vie était mena­cée. Une mort tra­gique qui avait embra­sé tout le pays et mobi­li­sé des dizaines de mil­liers de per­sonnes à défi­ler dans les rues polo­naises contre le gouvernement. 

Après sa condam­na­tion, Justyna Wydrzynska a affir­mé vou­loir faire appel car elle ne se sent « pas du tout cou­pable », indique Le Monde. « Nous allons tout sim­ple­ment conti­nuer notre tra­vail et répondre à chaque appel à l’aide pour une IVG », a‑t-​elle conclu.

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