En Allemagne, les agressions sexuelles, l'esclavage sexuel et les interruptions
forcées de grossesse dans les zones de conflit pourront bientôt être poursuivis comme crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Un projet de loi émis par le ministère de la Justice a été approuvé mercredi à Berlin par le gouvernement de centre gauche. Cette nouvelle loi entend élargir la définition des crimes de guerre et crimes contre l'humanité aux agressions sexuelles, à l'esclavage sexuel et aux interruptions forcées de grossesse dans les zones de conflit, n'importe où dans le monde. Le projet de loi n'attend désormais plus que l'aval du parlement allemand.
"Les violences sexuelles, avant tout contre les femmes, ont longtemps été utilisées dans les guerres du monde entier et par les terroristes comme une arme tactique", a déclaré à l'AFP la ministre de la Famille, Lisa Paus. Ce projet de loi a pour origine les sévices commis par la Russie en Ukraine, selon les déclarations de la ministre, qui s'est également dite "indignée" par les violences sexuelles subies par des Israéliennes lors des attaques du Hamas, le 7 octobre dernier. En Ukraine, les enquêteur·ices de l'ONU chargé·es d'examiner les violations commises depuis l'invasion russe ont indiqué en mars que Moscou était à l'origine d'un large éventail de crimes de guerre, notamment d'attaques généralisées contre des civils et des infrastructures, de meurtres, de tortures, de viols et d'autres violences sexuelles.
Avec ce projet de loi, les violences sexuelles viendraient s'ajouter aux autres scénarios considérés comme des crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI), dont le meurtre, la torture, le viol et la prise d'otages. La justice allemande a, par le passé, fait usage de la compétence universelle – qui permet aux pays de juger des personnes pour des crimes d'une gravité exceptionnelle même s'ils ont été commis dans un autre pays ‑notamment dans le cadre de la guerre en Syrie. Elle a ainsi poursuivi à plusieurs reprises devant ses tribunaux les auteurs ou présumés auteurs d'atrocités commises à l'étranger.