Elizabeth II est décédée ce 8 septembre. Avec sa disparition, c’est tout un pan de l’Histoire du Royaume-Uni qui s’éteint. Mais c’est surtout la fin – pour un temps – de la royauté au féminin outre-Manche : il n’y aura plus de femmes sur le trône britannique avant au moins trois générations.
« Le pont de Londres s’est effondré ». Trois mois après son jubilé de platine célébrant ses soixante-dix années de règne, la reine Elizabeth II est décédée ce jeudi 8 septembre, a annoncé le Palais de Buckingham aux alentours de 19h30. Celle qui avait survécu à quinze premiers ministres britanniques s’est éteinte à l’âge de 96 ans, dans sa résidence d’été de Balmoral en Écosse entourée de ses quatre enfants et de ses petits-enfants. Parmi eux·elles, le prince Charles qui devient, à 73 ans, le nouveau souverain du Royaume-Uni et chef du Commonwealth.
Si la reine déléguait de plus en plus une part croissante de ses fonctions à son fils Charles, c’est bien elle qui a incarné jusqu’à son dernier souffle la monarchie britannique. Il faut dire qu’avec ses soixante-dix années de règne au compteur, Elizabeth II a battu le record de longueur de règne pour un·e monarque britannique. Devenue souveraine de manière précipitée, à seulement 25 ans, à la mort de son père le roi George VI, Elizabeth II a marqué des générations dans le monde entier. De fait, quasiment tous·tes les Britanniques n’ont connu qu’elle.
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Sans aller jusqu’à parler d’icone féministe, elle a su insuffler – à la hauteur de ce que son statut lui permettait – un léger vent de modernité sur la monarchie britannique. Parmi ses faits d’armes : elle a envoyé son fils Charles à l’école, faisant de lui le premier héritier direct à se mélanger à d’autres enfants de sa génération. Ou en 2013, lorsqu’elle a donné son assentiment pour changer les règles de la succession royale : rompant avec une tradition vieille de trois siècles, cette nouvelle loi a instauré la primogéniture absolue. En clair, la reine a dit « yes » pour mettre fin à la primauté masculine : dorénavant, c’est l’aîné·e du souverain ou de la souveraine qui prendra sa suite, fille ou garçon.
Deuil protocolaire
L’opération London Bridge – du nom du protocole qui institutionnalise le scénario des funérailles de la reine – s’est donc enclenchée. Un scénario extrêmement codifié car, avec la perte de son illustre souveraine, le Royaume-Uni s’apprête à vivre l’évènement certainement le plus historique et médiatique de ce siècle. Un beau clin d'oeil à sa jeunesse, lors de laquelle son couronnement, retransmis en direct le 2 juin 1953, attira plus de 277 millions de téléspectateur·rices et demeura ainsi l'événement retransmis en direct le plus suivi de l'histoire jusqu'au premier pas de l'homme sur la lune en 1969. Que ce soit dans les ministères, dans les rédactions ou chez les fabricants de mugs, la mort d’Élizabeth II sera au cœur des préoccupations des prochaines semaines. Juste après le décès de la reine, les représentant·es dans les royaumes du Commonwealth, les gouverneur·ses et les ambassadeur·rices britanniques ont été mis·es dans la confidence de sa disparition avant la presse et les drapeaux du pays ont été mis en berne.
Comme le veut le protocole minutieux, le pays vient de rentrer dans une période de dix jours de deuil national. Il durera jusqu’aux funérailles d'Elizabeth II, qui auront lieu dans l’abbaye de Westminster à Londres. Mais avant cela, son cercueil sera entreposé au palais de Westminster afin que la population puisse venir se recueillir. Son corps sera ensuite inhumé dans la chapelle commémorative du roi George VI au château de Windsor dans le sud-est de l’Angleterre.
Avec la disparition d’Elizabeth II, c’est une certaine idée de la monarchie, austère et tradi, qui fait ses adieux. C’est aussi tout un pan de l’Histoire du Royaume-Uni qui s’éteint. Mais c’est surtout la fin – pour un temps – du pouvoir au féminin outre-Manche : il n’y aura plus de femmes sur le trône britannique avant au moins… trois générations (Charles sera suivi de son fils William, lui-même suivi de son fils Georges).