953b2987 937b 49a8 859d da0edc452d7d
Journée d'action par le Bündnis für sexuelle Selbstbestimmung © Sabrina Gröschke / Flickr

L’Allemagne réflé­chit (pru­dem­ment) à dépé­na­li­ser l’IVG

Le gou­ver­ne­ment alle­mand a pro­mis de se pen­cher sur une pos­sible dépé­na­li­sa­tion de l'avortement, tou­jours inter­dit par la loi. Mais reste très pru­dent, par crainte que le débat n'enflamme le pays. 

Une “dépé­na­li­sa­tion totale” de l’Interruption volon­taire de gros­sesse (IVG) jusqu’à douze semaines : voi­là ce que pro­pose la com­mis­sion d’expertes man­da­tée par le gou­ver­ne­ment alle­mand, dans un rap­port de quelque six cents pages, remis le 15 avril. Car oui, en Allemagne, l’avortement est illé­gal – sauf en cas de viol ou de dan­ger pour la vie de la mère – comme le veut le para­graphe 218 du Code pénal, adop­té il y a 153 ans. Dans les faits, les femmes qui avortent en Allemagne – soit 90 000 à 100 000 par an – sont rare­ment pour­sui­vies. Toléré, mais pas auto­ri­sé pour autant, l’avortement est aujourd’hui illi­cite. Donc d’autant plus stig­ma­ti­sé et d’autant moins accessible. 

En juin 2022, la coa­li­tion du chan­ce­lier Olaf Scholz (qui ras­semble sociaux-​démocrates, éco­lo­gistes et libé­raux) avait fait un pas en faveur d’un assou­plis­se­ment de la légis­la­tion, en abro­geant une loi remon­tant à la période nazie, qui limi­tait l’information sur l’avortement (assi­mi­lé à de la “publi­ci­té” pour l’IVG) et avait entraî­né la condam­na­tion de plu­sieurs gyné­co­logues. Ira-​t-​elle jusqu’à léga­li­ser l’IVG, à l’heure où ses voisin·es français·es ont ins­crit cette liber­té dans la Constitution ?

Le 15 avril, lors d’une confé­rence de presse, le ministre alle­mand de la Justice, Marco Buschmann (libé­ral), a certes pro­mis que le gou­ver­ne­ment étu­die­rait “soi­gneu­se­ment le rap­port pour déter­mi­ner les étapes sui­vantes”. Mais il a aus­si fait preuve de beau­coup de pru­dence. Évoquant la Pologne ou les États-​Unis, il a mis en garde contre “des débats sus­cep­tibles d’enflammer [la] socié­té” alle­mande. Ce que redoute, pré­ci­sé­ment, le gou­ver­ne­ment d’Olaf Scholz, en s’attaquant à cette ques­tion sensible.

Lors de cette même confé­rence, le social-​démocrate Karl Lauterbach, ministre de la Santé, a ain­si ren­ché­ri sur la néces­si­té de recher­cher “un consen­sus large au sein de la socié­té et bien sûr du par­le­ment”. Pas gagné, puisque conservateurs·rices et extrême droite rejettent caté­go­ri­que­ment tout assou­plis­se­ment de la loi actuelle.

De son côté, la ministre de la Famille, Lisa Paus (éco­lo­giste), s’est féli­ci­tée de dis­po­ser, avec ce rap­port, d’une “bonne base pour mener désor­mais une dis­cus­sion néces­saire et ouverte, basée sur des faits”, tout en recon­nais­sant l’aspect “émo­tion­nel” du sujet. Quant à la porte-​parole adjointe du gou­ver­ne­ment, Christiane Hoffmann, elle n’a pas sou­hai­té s’engager sur un éven­tuel chan­ge­ment de la loi avant la fin de la légis­la­ture – qui se ter­mi­ne­ra avec les élec­tions de l’année pro­chaine : “Cela dépen­dra de l’évolution du débat.” La bataille s’annonce rude.

Lire aus­si I Pologne : le Parlement fait un pre­mier pas vers une libé­ra­li­sa­tion de l’accès à l’IVG

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.