Capture decran 2024 02 21 a 14.22.44
© National Cancer Institute / Unsplash

États-​Unis : en assi­mi­lant les embryons conge­lés à des “enfants”, l’Alabama fra­gi­lise l’accès à la FIV

La déci­sion de jus­tice de la Cour suprême de l’Alabama pour­rait avoir des “consé­quences dévas­ta­trices” pour les pro­cé­dures de fécon­da­tion in vitro dans cet État très conser­va­teur du sud des États-Unis. 

Dans une déci­sion de jus­tice ren­due ven­dre­di 16 février, la Cour suprême de l’Alabama a consi­dé­ré les embryons conser­vés par congé­la­tion comme des “enfants”. Une déci­sion vive­ment cri­ti­quée depuis. “À tra­vers le pays, les femmes en viennent à subir les consé­quences dévas­ta­trices des actions des élus répu­bli­cains”, a dénon­cé, mar­di 20 février, la porte-​parole de la Maison-​Blanche, Karine Jean-Pierre.

À l’origine de la déci­sion de la Cour suprême de l’Alabama, une plainte de trois couples contre une cli­nique pra­ti­quant des fécon­da­tions in vitro. Citant à l’appui une loi de 1872 sur les décès de mineur·es impu­tables à une faute, les couples ont por­té plainte après qu’un autre patient, en entrant dans un lieu de sto­ckage, a détruit acci­den­tel­le­ment leurs embryons. Un tri­bu­nal avait d’abord écar­té la plainte, esti­mant que les embryons ne pou­vaient pas être qua­li­fiés de “per­sonne” ou d’“enfant”. Mais ven­dre­di, avec une majo­ri­té de sept juges contre deux, tous et toutes républicain·es, la Cour suprême de l’Alabama a au contraire esti­mé que la loi sur les décès infan­tiles “s’applique à tous les enfants à naître, sans limite”, et a donc recon­nu de fait ces embryons comme des enfants. “Cela s’applique à l’ensemble des enfants, nés ou à naître”, a ain­si écrit le juge Jay Mitchell dans le texte de la déci­sion, par­se­mé de réfé­rences bibliques.

Conséquences dévas­ta­trices

“Le peuple de l’Alabama a décla­ré que la poli­tique de cet État est que la vie humaine à naître est sacrée”, a‑t-​il ajou­té en réfé­rence à l’interdiction de l’avortement au sein de cet État très conser­va­teur du sud des États-​Unis. “Nous esti­mons que chaque être humain, dès le moment de la concep­tion, est fait à l’image de Dieu”, note-​t-​il encore dans sa déci­sion de justice.

La déci­sion de ven­dre­di reflète “exac­te­ment le genre de chaos auquel on s’attendait quand la Cour suprême a ren­ver­sé Roe v. Wade”, a décla­ré la porte-​parole de la Maison-​Blanche, Karine Jean-​Pierre. En juin 2022, la Cour suprême des États-​Unis avait abro­gé l’arrêt Roe v. Wade pro­mul­gué en 1973, qui accor­dait jusque-​là aux Américaines le droit d’avorter dans tout le pays. La fin de la garan­tie consti­tu­tion­nelle du droit à l’IVG avait alors conduit de nom­breux États, dont l’Alabama, à res­treindre ou inter­dire l’accès à l’avortement. La défense du droit à l’avortement est deve­nue depuis un che­val de bataille des démo­crates, en amont de l’élection pré­si­den­tielle de novembre.

Lire aus­si I États-​Unis : une étude estime à plus de 64 000 les gros­sesses issues de viols dans les États inter­di­sant l’IVG

Surtout, ce juge­ment de la Cour suprême est sans pré­cé­dent et pour­rait avoir des consé­quences néfastes pour la pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée dans l’État de l’Alabama. “Ce nou­veau cadre juri­dique pour­rait rendre impos­sible des pra­tiques comme la fécon­da­tion in vitro”, a ain­si dénon­cé l’association amé­ri­caine Resolve consa­crée à l’infertilité.

L’Association médi­cale de l’État de l’Alabama avait de son côté pré­ve­nu qu'une telle déci­sion "pour­rait mener à la fer­me­ture de cli­niques dédiées à la fer­ti­li­té et au dépla­ce­ment de spé­cia­listes vers d'autres États afin de pra­ti­quer" leur acti­vi­té sans crainte d'ennuis judiciaires.

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.