Alors que le Royaume-Uni est le théâtre d’une colère sociale grandissante depuis cet été, et que plus d’un hôpital anglais sur quatre a mis en place une banque alimentaire à destination de ses salarié·es, ces soignant·es ont amorcé un mouvement de grève national jeudi 15 décembre.
100.000 infirmières en grève jeudi 15 décembre, pour un mouvement historique. Après les postier·ères, les dockers, les cheminot·es, les avocat·es, les éboueur·euses, les personnels d’université et les enseignant·es, c’est au tour des infirmier·ères britanniques de débrayer. Alors que le Royaume-Uni est le théâtre d’une colère sociale grandissante depuis cet été, ces soignant·es ont amorcé un mouvement de grève national, le 15 décembre et qui doit se poursuivre le 20 décembre. Une première depuis la création, il y a cent six ans, du Royal College of Nurses (RCN), le principal syndicat de la profession.
« Nous défendons notre profession et nos patients. Nous en avons assez d’être prises pour acquises et de ne pas pouvoir faire les soins que nos patients méritent », explique Pat Cullen, la secrétaire générale du RCN. Au cœur de ce bras de fer ? Encore et toujours les salaires, que le syndicat appelle à revaloriser de 5 % de plus que l’inflation – laquelle a bondi de 11,1 % en un an, atteignant son plus haut niveau depuis quarante ans. Une demande jugée « inabordable » par le ministre de la Santé, Stephen Barclay, qui a jugé bon de rappeler que « c’est une période difficile pour tout le monde ». Particulièrement pour les infirmier·ères, a‑t-on envie d’ajouter. Selon le RCN, ces dernier·ères ont vu leur salaire réel baisser de 20 % depuis 2010 en raison, notamment, de l’inflation. D’où la crise actuelle du recrutement, semblable à celle que connaît la France. « L’année dernière, 25 000 personnes ont quitté le registre du Nursing and Midwifery Council [l’organisme britannique de réglementations de la profession, ndlr]. Les pénuries chroniques de personnel affectent les soins aux patients », dénonce le RCN. Quant à celles et ceux qui ne fuient pas (encore) le métier, elles et ils subissent de plein fouet la crise sociale et économique actuelle.
Selon une enquête réalisée par le NHS Provider (qui représente les groupes hospitaliers en Angleterre), plus d’un hôpital sur quatre (27 %) a mis en place une banque alimentaire à destination de ses salarié·es, et 19 % envisagent de le faire. « Les grèves de décembre pourraient n’être que le début d’une plus longue période d’action si les négociations formelles n’ont pas lieu ou n’aboutissent pas à un résultat satisfaisant », prévient d’ores et déjà le RCN, qui a annoncé le débrayage d’au moins 100 000 infirmier·ères à travers le pays. Un premier round qui risque bien de ne pas être le dernier.