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Manifestation d'un parti de gauche polonais contre les lois anti-IVG du pays (Photo d'illustration) © Wikimedia Commons

Pologne : après la mort de Dorota, une nou­velle mani­fes­ta­tion contre les res­tric­tions du droit à l'avortement

Dorota, une Polonaise de 33 ans, est morte des suites d'une sep­ti­cé­mie, faute d'avoir pu avor­ter. Sa mort a pro­vo­qué une vague d'indignation de militant·es pro­tes­tant contre le récent dur­cis­se­ment de l'accès à l'avortement en Pologne.

Plusieurs cen­taines de per­sonnes se sont réunies mer­cre­di, en fin d'après-midi, devant le minis­tère de la Santé à Varsovie, en Pologne, après la mort de Dorota, une Polonaise de 33 ans, des suites d’une sep­ti­cé­mie, faute d’avoir pu avor­ter, rap­porte Libération. Il s'agit du sixième décès simi­laire depuis que le pays a très lour­de­ment res­treint l'accès à l'IVG en 2021 : il n'est pos­sible qu'en cas de dan­ger pour la san­té de la femme, d'une mal­for­ma­tion grave du fœtus ou après un viol ou un inceste.

Dorota, enceinte de cinq mois, a été hos­pi­ta­li­sée dans la nuit du 20 au 21 mai à l’hôpital Jean-​Paul II de Nowy Targ, une ville du sud de la Pologne, raconte Courrier inter­na­tio­nal, s'appuyant sur le quo­ti­dien polo­nais Gazeta Wyborcza. Alors que la poche des eaux de la femme de 33 ans était rom­pue, les infir­mières lui disaient de gar­der les jambes levées. « Elles pré­ten­daient que le liquide amnio­tique pour­rait ain­si s’écouler », a expli­qué Marcin, le mari de Dorota, à la Gazeta Wyborcza. L'état de san­té de son épouse s'est alors rapi­de­ment dété­rio­ré et il s'est avé­ré que le fœtus avait très peu de chance de naître vivant. Ce der­nier est mort trois jours plus tard, le 24 mai, à 5h20. Mais le corps médi­cal a mis plu­sieurs heures à réagir, atten­dant l'avis du consul­tant régio­nal en obs­té­trique, qui a recom­man­dé l'ablation immé­diate de l'utérus avec le fœtus. La jeune femme est morte d'une sep­ti­cé­mie à 9h39, avant l'opération.

À lire aus­si I La Pologne conti­nue de res­treindre l’accès à l’IVG en ins­tau­rant un « registre numé­rique de grossesses »

« Personne n’a sug­gé­ré de pro­vo­quer une fausse couche pour sau­ver Dorota, puisque les chances de sur­vie du bébé étaient réduites », a déplo­ré son mari dans les colonnes du quo­ti­dien polo­nais, poin­tant du doigt la fri­lo­si­té de la part du corps médi­cal concer­nant le fait de pra­ti­quer un avor­te­ment, alors même que la san­té de sa femme était en jeu. « On le sait de source médi­cale, ce fœtus n’aurait eu aucune chance de sur­vivre. Mais on a don­né espoir à Dorota qu’elle pour­rait pour­suivre sa gros­sesse en gar­dant les jambes en l’air. D’ailleurs, dans le plan­ning de l’hôpital, on avait ins­crit qu’elle y res­te­rait dix-​sept semaines », a abon­dé au Monde Jolanta Budzowska, l’avocate de la famille de Dorota. Avant de pour­suivre : « Il y a eu un manque de contrôle du per­son­nel médi­cal de la situa­tion médi­cale et un manque de réac­tion à l’heure d’interrompre la gros­sesse, alors que la main­te­nir deve­nait dan­ge­reux d’heure en heure pour la patiente, a pour­sui­vi Jolanta Budzowska. Nous avons des rai­sons de croire que les inter­rup­tions de gros­sesse ne sont tout sim­ple­ment jamais pra­ti­quées dans l’hôpital, du fait des convic­tions per­son­nelles des méde­cins mais aus­si parce que l’établissement est dédié à Jean-​Paul II. »

« Les femmes sont trai­tées comme des incubateurs »

Le dur­cis­se­ment de la loi concer­nant l'avortement est « l’équivalent d’une condam­na­tion à mort pour les femmes qui sont obli­gées de por­ter une gros­sesse à terme, contre leur gré », sou­ligne Antonina Lewandowska, socio­logue et membre de la Fondation polo­naise pour les femmes et pour la pla­ni­fi­ca­tion fami­liale (Federa) à Libération. Avant de pour­suivre : « Sous pré­texte que le cœur du fœtus bat tou­jours, cer­taines ne reçoivent pas d’assistance médi­cale vitale. En Pologne, les femmes sont trai­tées comme des incu­ba­teurs. » Selon elle, les res­tric­tions de 2021 auraient pro­vo­qué un « effet para­ly­sant » auprès des méde­cins, les­quels sont pas­sibles de trois années de pri­son en cas d’avortement jugé « illé­gal ».

À lire aus­si I Pologne : pour la pre­mière fois, une acti­viste condam­née par la jus­tice après avoir aidé une femme à avorter

La mort tra­gique de Dorota en rap­pelle d'autres récentes, comme celle d'Izabela, en 2021, qui avait embra­sé tout le pays et mobi­li­sé des dizaines de mil­liers de per­sonnes à défi­ler dans les rues polo­naises contre le gou­ver­ne­ment. La jeune femme de 30 ans était décé­dée après le refus de méde­cins de lui pra­ti­quer un avor­te­ment immé­diat alors que son enfant était condam­né – il souf­frait de mal­for­ma­tions – et que sa vie était mena­cée. Un exemple, par­mi d'autres, que l'IVG n'est pas sys­té­ma­ti­que­ment réa­li­sée en pra­tique dans le pays, même lorsqu'elle est cen­sée être autorisée.

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