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Une ville d'Afghanistan. ©Brett Jordan

Les Afghanes désor­mais ban­nies des salles de gym et des bains publics

Déjà pri­vées d’école secon­daire et de la plu­part des emplois publics, les Afghanes ne peuvent désor­mais plus se rendre dans les salles de sport et les bains publics. Un effa­ce­ment des femmes de la vie publique de plus, alors même que le mou­ve­ment fon­da­men­ta­liste est reve­nu dimanche soir à une inter­pré­ta­tion ultra-​rigoriste de l’islam.

La chape de plomb qui s’est abat­tue sur les Afghanes, depuis le retour des tali­bans en août 2021, s’est une fois de plus alour­die. Après leur exclu­sion des parcs et jar­dins de Kaboul, elles n’auront désor­mais plus le droit d’accéder aux salles de sport et aux bains publics, ont annon­cé les auto­ri­tés tali­banes, dimanche 13 novembre. « Les salles de sport sont fer­mées aux femmes parce que leurs entraî­neurs étaient des hommes et que cer­taines [des salles] étaient mixtes », s’est jus­ti­fié, ce dimanche auprès de l’AFP, Mohammad Akif Sadeq Mohajir, porte-​parole du minis­tère de la Prévention du vice et de la Promotion de la ver­tu. Quant aux ham­mams, pour­tant tra­di­tion­nel­le­ment non-​mixtes, ils ne seraient pas néces­saires selon le régime. « Actuellement, chaque mai­son a une salle de bains, donc cela ne pose aucun pro­blème aux femmes », a lan­cé le porte-parole.

L’interdiction des salles de sport et des ham­mams s’ajoute désor­mais à la longue liste des lois liber­ti­cides ins­tau­rées par les tali­bans. Deux jours, plus tôt, les Afghanes ont appris qu’elles ne pour­raient plus fou­ler les parcs et jar­dins de la capi­tale du pays. Jusqu’à pré­sent, elles avaient le droit d’y aller, mais seule­ment à des horaires et des jours dif­fé­rents des hommes.

Lire aus­si I « Pour elles, c’est la mort à petit feu » : la vie des Afghanes détruite par la répres­sion des Talibans

Une série d’interdictions 

Sans cet espace de liber­té, les femmes et les filles sont can­ton­nées à res­ter cloî­trer entre les quatre murs de leur mai­son. Les filles sont pri­vées d’éducation à par­tir de la 6e, ban­nies des col­lèges et des lycées. Les femmes, exclues de la plu­part des emplois publics, sont aus­si empê­chées de voya­ger seules en dehors de leur ville. Depuis mai, un décret sti­pule même qu’elles ne devraient pas quit­ter leur domi­cile à moins que cela ne soit néces­saire, le tout en por­tant un voile inté­gral.

En dépit de leurs pro­messes de se mon­trer plus souples, faites il y a plus d’un an, les tali­bans sont lar­ge­ment et rapi­de­ment reve­nus à l’interprétation ultra-​rigoriste de l’islam qui avait mar­qué leur pre­mier pas­sage au pou­voir, entre 1996 et 2001. Dans la fou­lée de dimanche soir, Haibatullah Akhundzada, chef suprême des tali­bans afghans, a d’ailleurs ordon­né aux juges de faire appli­quer l’ensemble des sanc­tions pré­vues par la charia.

Application stricte de la charia 

Dans un tweet dif­fu­sé dans la soi­rée, Zabihullah Mujahid, porte-​parole, pré­cise en avoir don­né l’ordre, après une ren­contre avec un groupe de magis­trats. « Examinez soi­gneu­se­ment les dos­siers des voleurs, des kid­nap­peurs et des sédi­tieux », écrit le porte-​parole, citant Akhundzada. Pour « ces dos­siers dans les­quels toutes les condi­tions de la cha­ria (…) ont été rem­plies, vous êtes obli­gés d’appliquer » l’ensemble des sanc­tions pré­vues, poursuit-​il, évo­quant les délits les plus graves au regard de la loi isla­mique, qui com­prennent l’adultère, le fait d’accuser faus­se­ment quelqu’un de cette infrac­tion, la consom­ma­tion d’alcool, le vol, le ban­di­tisme, l’apostasie et la rébel­lion. Ces délits sont désor­mais pas­sibles d’exécutions publiques, de lapi­da­tions et d’amputations.

Malgré de cou­ra­geux mou­ve­ments de résis­tance ini­tiés à tra­vers le pays, vio­lem­ment répri­més par le régime, la situa­tion des femmes et des filles afghanes risque d’aller en s’aggravant. Le Collectif natio­nal fran­çais des droits des femmes s’est alar­mé dimanche dans un tweet : « Ils tuent les femmes à petits feux. »

Lire aus­si I En Afghanistan, la radio de femmes Begum résiste à l'air du temps taliban

Lire tous nos articles sur la situa­tion en Aghanistan. 

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